J'ai remarqué depuis que je publie mes textes ici que certaines des prétendues sommités qui viennent y faire leur publicité n'ont aucune envie de ne serait-ce que jouer au jeu plus de dix minutes avant de donner leur avis. (Qui - comme vous le savez - est bien plus valide que le vôtre pour des raisons mystiques qui ont à voir avec le domaine du marketing personnel pour solitaires aigris avides de réseaux sociaux.) J'ignore ce qui fait leur force. J'ignore même ce qui leur donne le droit d'attaquer sauvagement des titres d'une qualité que leurs productions malhabiles n'approchera jamais; mais je peux vous donner une critique juste et argumentée de Race the Sun. Pourquoi? Car j'en suis capable; moi.
Race the Sun ne prétend pas être le titre le plus profond de l'histoire de la question vidéoludique. Cela lui serait d'ailleurs fort dur : c'est un endless-runner. Cependant, dans un genre dominé par divers efforts purement capitalistes, le titre des frères San Filippo apparaît comme une antithèse. Épuré à l'extrême. Doté de contrôles fins et précis. Jouable à la manette. Beau. Race the Sun est une surprise qu'il faut être extraordinairement myope - ou extraordinairement insensible - pour ne pas remarquer. Je pourrais vous broder quelques paragraphes sur le plaisir sain que l'on ressent à poursuivre un horizon fugace. Je pourrais vous expliquer que ce titre marie le meilleur du style nerveux des jeux d'arcade des années quatre-vingts avec un style graphique synthétique qui permet à son immensité d'être réalisée par deux frères. Et oui, je pourrais.
Mais il existe une manière bien plus aisée de vous rendre compte que ce titre n'est pas un simple endless-runner digne du pire des smartphones : y jouer. C'est l'une des rares réussites du genre et il serait bête de passer à côté. (Et cela même si c'est paradoxalement une bonne manière de résumer l'intégralité du gameplay qui vous y sera proposé.)