Ne le dites pas, montrez-le !
Rain, c'est pas mal. Mais ça aurait pu être tellement mieux...
Pour rappeler le contexte, une cité déserte battue par une pluie sans fin où un garçon invisible (sauf sous l'eau) poursuit une fille (invisible aux même conditions), eux-mêmes traqués par des monstres invisible (toujours selon le même principe). Pour couronner le tout, le garçon et la fille ne peuvent pas se parler, ce qui est embêtant quand on cherche à se rattraper.
Rain est plutôt joli, arrive à poser une bonne ambiance (mention spéciale à la fin du jeu, qui récupère le reste) et offre des monstres au design surprenant et inhabituel (que certains pourront détester, mais ceci est un autre débat). Le gameplay y est très simple (course, saut et activer/ramasser un objet seront vos seules actions possibles) et facile à prendre en main.
Alors pourquoi Rain n'est pas si bien ? Parce qu'on ne peut pas jouer à Rain sans penser à Ico, il en est clairement le descendant. Mais là où il pèche par rapport à son illustre ancêtre, c'est que la charge émotionnelle nécessaire à un jeu tel que celui-ci est quasiment absente. Tout au long du jeu, et vraiment trop souvent, l'action est interrompue par des cut-scene vous montrant un événement ou la direction à prendre...ET QUE CELUI-CI EST SOUS-TITRE !
Un exemple ? Lancé à la poursuite de la jeune fille, on la voit marcher sur un pont en surplomb de notre héros. Et à l'écran s'affiche le texte "Le garçon voit la jeune fille sur le pont". C'est un jeu-vidéo. Vidéo ! Ça veut dire "je vois" par les testicules de Kratos ! Je vois bien que la gamine marche sur le pont, pourquoi m'en rajouter une couche avec des sous-titres inutiles qui salopent l'implication du joueur ?
Parce que oui au bout d'un moment, et ce moment arrive très vite parce que des trucs comme ça il y en a toutes les 30 secondes, on décroche complètement. La narration perd toute sa fluidité puisqu'on a l'impression de jouer à Rain avec un pote relou qui l'a déjà terminé et qui vous le décrit pas à pas. Alors on continue d'avancer, de lire ce qu'on voit, d'avancer...Comme si on jouait à un tuto beaucoup trop long pour un jeu aussi court. Car Rain se termine en 3-4 heures et n'offre aucune rejouabilité.
En fait, le problème vient du fait que le jeu se veut construit comme une histoire pour enfants. Et dans un sens, il transforme l'essai puisque c'est exactement comme ça que vous vous sentirez, comme un gosse de trois ans à qui sa maman lit une histoire en lui décrivant les images. Et par les Saintes Mamelles de Taki quand vous avez dix fois cet âge, aussi attaché au monde de l'enfance que vous puissiez être, acheter un jeu pour vous sentir comme un marmot tout juste bon à manger ses Crayola nuit gravement à l'expérience vidéoludique.
Donc si vraiment Rain vous intéresse, je ne peux que vous conseiller ceci : jouez à Ico.