Le peuple des Blargs est dans ce qu'on pourrait appeler une "grosse merde sans nom" : Orxon, leur planète, a atteint un niveau de pollution tellement élevé qu'elle en est devenue invivable (en tout cas pour des êtres non-robotiques). Alors que plusieurs solutions "logiques" s'offrent à lui, comme chercher une nouvelle planète vierge ou encore demander asile sur une terre occupée, le président Drek a eu une "lumineuse" idée : se fabriquer un monde idéal, en prélevant des "morceaux de choix" sur d'autres planètes !! Avec bien sûr des conséquences terribles pour celles-ci…
Par chance, un petit robot intelligent, résultat d'une erreur sur la chaîne de montage de la planète Quartu, prend connaissance de ce plan insensé et s'en va quérir de l'aide à travers la galaxie. Cherchant à contacter le super-héros Qwark, il obtiendra tant bien que mal le soutien de Ratchet, mécanicien de génie un poil impulsif, dont le rêve est de voyager à travers l'Univers au gré de ses envies…
Après avoir fait ses armes avec un certain Spyro, Insomniac Games se lance dans l'aventure PS2 paré d'une licence toute nouvelle, toute fraîche, avec un premier épisode qui, disons-le tout de suite, est une franche réussite. Une destinée similaire à celle de Naughty Dog, qui de son côté développera la très bonne série Jak & Daxter après les excellents Crash Bandicoot.
Pour la petite histoire, Crash et Spyro sont devenus depuis la propriété de Vivendi, puis d'Activision, avec la "réussite" que l'on connaît…
Mais bref, revenons vers la lumière et à ce qui nous intéresse, à savoir Ratchet & Clank. Par rapport à Spyro, on remarque un fort penchant vers l'action, sans toutefois porter préjudice à la plateforme, omniprésente. C'est particulièrement visible de par l'arsenal mis à disposition de Ratchet : bombes, missiles, gatling…et d'autres armes plus originales comme l'aspiro-canon, permettant d'aspirer les petits ennemis pour s'en servir de projectiles, ou encore le morpho-rayon, qui transforme les ennemis en gallinacés…
La plateforme n'est cependant pas en reste : si Ratchet SEUL reste relativement limité (il ne peut pas faire grand-chose à part sauter ou bondir de murs en murs), les améliorations de Clank apportent un plus -et un confort de jeu- non négligeable, que ce soit l'hélipack (qui donne accès au très utile double-saut), le propulso-pack ou l'hydropack, permettant de nager à vive allure, voire à contre-courant.
Et si on ajoute à tout cela certains gadgets comme le swingueur (pour se balancer entre plusieurs points d'accroche) ou les glisso-bottes (pour grinder sur les rails), on obtient une panoplie de mouvements fort honnête.
Enfin, il y a aussi des phases de jeu inédites, plus rares car généralement ponctuelles : ça va du BTA bien bourrin (en Clank géant) au shmup, en passant par une course d'hoverboards, ou encore ce moment "d'infiltration" plutôt trippant où l'on se fait passer pour un robot…
Avec ce gameplay au poil, on aurait largement pardonné une parure un peu en deçà…mais le contenant est aussi bon que le contenu. Ce qu'on remarque très vite, c'est la performance du moteur physique, permettant une impressionnante distance d'affichage, et un framerate globalement convaincant (sauf quand il y a profusion d'ennemis et de tirs dans tous les sens, comme les embuscades sur Gaspar).
On visite pas moins de 18 mondes différents (15 planètes, 2 stations spatiales et 1 vaisseau), magnifiques et très disparates : ambiance carte postale sur Pokitaru, œcuménopole surpeuplée sur Kerwan, monde aquatique sur Rilgar, monde enneigé (Hoven) ou über-pollué (Orxon)… Chaque environnement a souvent ses propres pièges et son propre bestiaire, majoritairement robotique, en particulier dans les lieux les plus avancés technologiquement (Oltanis ou Kalebo III notamment).
La plupart des lieux sont subdivisés en 2, 3 voire 4 "zones" plus ou moins naturellement délimitées, dont certaines ne sont pas accessibles d'entrée de jeu car nécessitant un item précis (décrypteur, magnéti-bottes…), favorisant ainsi les allers-retours sans que ceux-ci ne soient trop fastidieux.
Un petit mot sur l'environnement sonore : bien qu'étant très réussies et accompagnant parfaitement l'action, les musiques ne sont pas spécialement "mémorables", parfois même trop discrètes… En revanche, le doublage français est excellent, profitant de dialogues bien écrits et relativement "profonds" (si on compare à la moyenne des jeux de plateforme, Mario en tête…), notamment la relation "conflictuelle" entre les deux protagonistes, aux caractères diamétralement opposés.
Malgré tout, Ratchet & Clank n'est pas sans défauts. La caméra par exemple, est loin d'être parfaite, surtout dans les endroits exigus, notamment les coins (même si un bref passage en vue subjective règle souvent le problème) ou lorsqu'elle s'obstine à choisir un angle précis impossible à modifier, et clairement pas le plus optimal…
On peut aussi critiquer une difficulté pas spécialement au rendez-vous, principalement à cause de certaines armes peut-être un poil trop efficaces, comme le missile téléguidé qui permet de défoncer les ennemis de très loin, ou encore le T.E.L.T., "le lance-missiles le plus puissant de la galaxie" qui, une fois obtenu (normalement lors d'une seconde partie), permet de déchiqueter de l'ennemi bien trop facilement (même les boss). À l'inverse, on aurait bien aimé pouvoir straffer, notamment quand on est poursuivi par une petite meute assoiffée de sang…
Signalons enfin, même si ça tient presque de la lapalissade de le dire, qu'il vaut mieux jouer ce premier opus AVANT les autres, sinon on remarquera très vite pleins de "manques", alors que la durée de vie du soft est largement potable : l'aspect RPG n'est pas encore à l'ordre du jour, ce qui signifie pas d'armes évolutives ni même de nouvelles armures de protection. Il n'y a pas non plus encore d'arène de combats, avec tous ces longs et éprouvants affrontements que cela implique… Et bien sûr, le génial Nefarious n'est pas encore de la partie (puisque celui-ci apparaîtra "seulement" dans Ratchet & Clank 3)…
En bref, si aujourd'hui, le genre de la plateforme (3D ou non) est un peu tombé en désuétude (il reste Mario, mais c'est clairement pas ma came), lors de la sixième génération de consoles, et notamment sur PS2, on a été plutôt gâté : Jak & Daxter (série), Sly Raccoon (série), Crash Bandicoot – Wrath of Cortex (bien meilleur que ce qu'en disent les critiques), Kya, Klonoa 2, Vexx… et donc Ratchet & Clank, dont le premier opus installe avec brio les bases du gameplay et de l'univers.
La franchise continue d'ailleurs de perdurer encore aujourd'hui, malgré quelques errements comme le All4One orienté multi, tandis qu'un reboot est même en préparation (alors que de mon point de vue, l'histoire originale n'est pas finie…). L'excellence de cet antédiluvien ancêtre n'y est certainement pas étranger…