Red Dead Redemption par Matclane
Deux choses sont particulièrement frappantes lorsqu’on lance Red Dead Redemption aujourd’hui.
Tout d’abord, ça pique sacrément les yeux. Quand on vient en plus de s’enfiler les Uncharted juste avant, la comparaison technique est sans appel pour le jeu de Rockstar : ça donne carrément l’impression de retourner sur Playstation 2. L’aliasing est omniprésent, les personnages situés au loin deviennent vite des amas de pixels et John Marston parait à la fois frappé d’un lombago et d’un balai dans le séant qui le rendent sacrément rigide dans ses déplacements.
La maniabilité et l’ergonomie générale souffre d’ailleurs beaucoup de la comparaison avec les TPS modernes. Tout y est plus mou, plus crispant, moins naturel.
Deuxième chose frappante, qui a déjà été évoquée un peu partout mais qui n’en reste pas moins incontestable : ça ressemble vraiment beaucoup à GTA, presque trop.
Les cinématiques, les dialogues, les missions, l’interface… Tout donne l’impression de jouer à un mod où une grande skin Western aurait été appliquée aux personnages et aux décors.
Mais si on parvient à faire abstraction de l’aspect visuel, de la maniabilité rigide au pad (et à ne plus penser qu’on aurait pu y jouer sur un PC), et qu’on accepte sans réserve son patrimoine génétique directement hérité de la série des GTA, alors on peut profiter pleinement d’un grand jeu d’action/aventure au Far-West - chose qui ne court pas les rues.
Car même si tout est loin d’être parfait au pays des cowboys, Red Dead Redemption bénéficie d’une mise en scène inspirée et d’un souffle épique incroyable qui transpire par tous les pores de sa réalisation.
Artistiquement, le rendu est superbe : paysages grandioses, chevauchées au soleil couchant, changements de météo, ambiance sonore… tous les détails qui donnent vie à cet univers répondent présents. On sentirait presque la poussière acre et ocre soulevée par les chevaux s’immiscer dans nos vêtements, le soleil taper sur notre chapeau quand on déambule dans le désert, ou le goût prononcé du Bourbon sur notre langue en sortant du saloon.
Vous m’avez compris, ce n’est certainement pas sur l’atmosphère et l’ambiance que l’on peut attaquer Red Dead Redemption.
Le jeu à également la bonne idée de nous placer en observateur d’un territoire américain en pleine mutation et de nombreux détails pertinents ont été semés ici et là pour faire de nous les témoins privilégiés de sa modernisation industrielle. Un choix artistique sagace.
Même au-delà de l’aspect immersif, c’est un vrai plaisir de suivre le fil de cette histoire. Rockstar oblige, tout est bien écrit, cohérent, les dialogues font mouche et le jeu d’acteur sonne très juste.
Pas grand-chose à dire non plus au niveau des mécaniques de gameplay, elles sont toujours efficaces puisque largement éprouvées par la série des GTA.
Autre point positif : l’environnement en open-world. Là je dois dire que c’est du travail brillant. La map est toujours extrêmement bien équilibrée, elle parait très grande et pourtant rien n’est jamais trop loin. Je n’ai presque jamais eu besoin de recourir au « fast travel » pour me rendre d’un point à un autre, contrairement à Skyrim par exemple où il n’était pas vraiment raisonnable d’envisager le trajet autrement.
Toujours concernant l’environnement, j’ai été agréablement surpris de constater qu’on ne s’ennuie jamais. Que ce soit les évènements aléatoires, les missions secondaires, la chasse ou l’exploration, on a toujours quelque chose à faire.
Pourtant, le pari était risqué puisque la quasi-intégralité de l’aire de jeu est une terre plutôt aride, presque un immense désert.
Mais là, contrairement aux espaces trop cloisonnés d’un Assassin’s Creed 3, où l’environnement se voulait pourtant plus varié et abondant, il se passe toujours quelque chose et on se sent vraiment libre comme un cow-boy au pays de l’Oncle Sam.
Ceci dit, j'ai vraiment regretté qu'un aspect "survie obligatoire" avec gestion de la faim ou ce genre de raffinement n'ai pas été intégré. C'est dommage car ça s'y prêtait parfaitement et ça aurait réellement justifié la chasse et les campements.
J'ajouterais au chapitre des satisfactions que le multijoueur m'a bien amusé. Et c'était pas gagné non plus.
Maintenant parlons des choses qui fâchent.
En premier lieu, la maniabilité. Maudit Pad. C’est très handicapant.
Pourtant ce n’est pas entièrement la faute du périphérique de jeu : dans Uncharted, j’arrive à viser à peu près correctement. Là, j’ai souvent souffert de cette rigidité dont je parlais plus haut et parfois ça rend fou, surtout quand on meurt bêtement parce que John Marston est empêtré entre un rocher et un mur pendant que trois bandits l’allument en rigolant.
D’ailleurs d’une manière générale, j’ai été le témoin privilégié d’un certain nombre de bugs idiots, que ce soit au niveau de l’affichage ou de certaines phases de gameplay.
Toujours au chapitre des problèmes techniques, je me suis souvent arraché les cheveux quand le personnage principal attrape par erreur un conducteur de chariot et le balance au sol alors que je voulais juste m’assoir à côté de lui, ou qu’il flingue le seul badaud innocent que je voulais précisément épargner au milieu d’un échange de tirs nourris avec des bandits.
Enfin, défaut flagrant, le titre de Rockstar à trop souvent tendance à user et abuser des mêmes ficelles et/ou des mêmes embuches à certains moments… comme par exemple, être poursuivi systématiquement par des bandits à chevaux quand on tente de s’extirper d’une mission, celle-là on y a droit à tous les coups.
Mais si ce genre de défauts auraient plombé beaucoup d’autres jeux, là, grâce à la maitrise générale de Rockstar, ça passe et au final rien ne gâche vraiment la fête.
On s’amuse, on suit l’histoire, on se sent concerné et on prend vraiment plaisir à évoluer dans ce Farwest riche et prenant.
Enfin, plusieurs mois après, tout est encore très présent : dès qu'on voit un univers de cow-boys ou un paysage qui ressemble à ceux de Read Dead, on pense immédiatement au titre de Rockstar et on repense à ses parties avec nostalgie. Et là, on comprend qu'on en gardera un excellent souvenir pendant encore des années. On garde en mémoire les lieux, la carte, les sensations, l'atmosphère.
C'est ce qui en fait un titre culte.
C’est aussi pour ça qu'il aurait mérité d'être porté sur PC.