Attention : grosse louche de test technique frigide chaud devant !
(Passez au dernier paragraphe si les paroles balancées dans le vent vous pompent l'air)
Pour débuter par ce qui saute aux yeux, le titre de Rockstar mise tout sur l'effet de profondeur. Une énorme place est accordée à l'horizon : Si bien qu'on chevauche à tout rompre avec pour point de mire les contours d'une superbe montagne, où se perd un petit village isolé et désert... La « sécheresse » du game design et l'aridité de la densité permettent au jeu d'être fluide et de faire varier d'autres éléments, habituellement plus mineurs. La météo, par exemple, joue un grand rôle dans l'appréciation de l'univers, qui ne revêt pas les mêmes couleurs selon les clameurs du temps. La pluie recouvrera Marston de la tête au pied, et le fondra dans un cadre terne et austère, tandis que le soleil couchant et ses teintes orangées donneront du relief à chaque bâtiment, si infime soit-il, en laissant la part belle aux ombres, par exemple. Et si les PNJ sont plutôt bien modélisés, ce sont surtout les visages qui frappent ; si bien que le reste du corps a tendance à dépareiller.
Concernant le Gameplay et ses irrégularités, le Dead Eye ne sert malencontreusement pas autant que dans le premier, qui était bien utile pour affronter les boss et autres bestiasses coriaces... Cet élément porte cruellement préjudice : plus des ¾ des gun-fights peuvent être réalisés sans jamais en verser une goutte. Sauf qu'il arrive que l'outil soit indispensable et qu'on ne l'apprenne qu'après avoir subi l'écran noir maquillé de lettres capitales rouges : « MORT ». C'est notamment le cas lorsqu'il s'agit d'affronter une horde de pistoleros qui font mine de braquer une diligence et qui curieusement en veulent éperdument à notre peau. Les gun-fights, en dehors de ça, confèrent une impression de puissance, incontestablement dégagée par les armes. Le mode de couverture est le même que celui de GTA IV, et dynamise considérablement les phases d'action. Difficile d'imaginer les joutes à armes à feu sans cette possibilité...
Un autre point : les conditions pour implanter un campement ne sont pas très souples, et devoir faire plusieurs bornes pour trouver un endroit où sauvegarder est plutôt gavant lorsqu'on est pressé par le temps... Pareil, les missions annexes impromptues apparaissent sur le radar de manière trop tardive ; ce qui fait qu'on a presque déjà quitté le champ de vision de notre âme en détresse lorsque le point bleu (indiquant une mission secondaire) apparaît sur le radar. De même, on ne peut malheureusement pas entrer dans toutes les maisons ; alors que leur densité est loin d'être aussi importante que dans un GTA. Et là, c'est le drame... Lorsque j'apprends à mes dépends que Marston ne sait pas nager : « MORT ». Très surprenant lorsque la concurrence le propose plutôt bien (Assassin's Creed etc.), même si l'on peut admettre, pour être gentil avec Rockstar, que le contexte historique ne s'y prête pas vraiment.
Dans la même veine, la difficulté est ma foi très mal dosée : les missions principales s'enchaînent à la pelle ; mais il faut avoir le malheur de quitter le droit chemin afin de chasser en série ou divaguer à droite et à gauche pour se prendre une morsure ou une rafale fatals. On n'est donc pas à l'abri de se faire tuer par un cougar surgi de nulle part, à peine prévenu par ses râles, ou plus difficilement par une meute de loups que l'on se dit à même d'abattre sans gaspiller notre Dead Eye. Par ces aberrations, Red Dead est lassant et plus encore : frustrant. Si bien qu'on fait vite mordre la poussière à la manette pour passer à autre chose...
Avant d'y revenir, pour se confronter à nouveau à Satan. Ainsi, je déplore quelques problèmes de visée automatique, quelques bugs de collision (un cheval sifflé au contrebas d'une colline, et qui ne fait pas le tour mais préfère se suicider...), quelques exemples de clipping bien grossier (un arbre qui jaillit d'un seul coup juste après le démarrage d'une cinématique), des incohérences (possibilité d'« escalader » des barbelés)... De même, des bugs de collision : un PNJ est dans un rocher lors d'une cinématique ; des bugs d'animation : les ennemis ont parfois des animations saccadées, s'apparentant à des convulsions, dans un mouvement gauche-droite régulier et frénétique. Et caetera etc... Voilà pour les avaries du test technique rébarbatif.
Pour être légèrement plus positif, le mode multi est quant à lui bien sympathique, surtout pour son mode « exploration » qui donne une toute autre envergure à l'univers de l'aventure solo. L'IA y est étonnamment plus relevée, histoire d'induire le joueur dans l'idée qu'il est toujours confronté à des êtres humains. D'ailleurs, le multi nécessite implicitement d'avoir des amis, des vrais, en chair et en os. Car autrement l'expérience se révèle plutôt morne et/ou douloureuse. Les parties consistent en effet à explorer l'univers du jeu pour rapidement apprendre qu'il est impératif de télécharger les DLC « Légendes et tueurs » et « Menteurs et tricheurs » pour profiter de tout le contenu en ligne. Sinon, il est toujours possible de se rabattre sur les quelques « repères de bandits » présents dans le jeu d'origine, ceux-là même où on se confronte à l'IA ; ou les pas bien passionnants modes classiques de duels instanciés en « face à face » accessibles dans les villes du mode exploration ou directement à l'aide du menu multijoueur. Ces derniers font d'ailleurs beaucoup penser à une mise à jour des mini-jeux multi offline somme toute assez classiques disponibles dans le trop méconnu Red Dead Revolver. Bien chiche, donc, si l'on n'a pas les bourses pleines. Et autant dire que l'univers de la campagne sert de simple interface graphique si l'on n'a pas téléchargé ledit DLC pour profiter de tous les repères de bandes et du mode de jeu « Territoires ». Dure réalité que celle du jeu en kit donc...
Et pour finir, ce dernier paragraphe servira à dire que malgré ses nombreuses imperfections, il demeure un très bon jeu au monde plus qu'attachant, comme les multiples avis de la presse ont déjà pu le souligner. Il brille par la mise en scène de son scénario prenant, ainsi que l'identification à ce personnage écorché vif. Le jeu ne passe malheureusement pas l'épreuve des trop longues heures de jeu passées à arpenter les plaines pour déceler les petits défauts tels que la redondance des quêtes pseudo-inattendues. Finalement, ce que l'on reproche à Red Dead Redemption est aussi ce que l'on reproche à GTA depuis quelques années déjà... Et pourtant Red Dead appelle à prendre son temps et par conséquent demande du temps. C'est parce que son cadre enchanteur donne envie de tout boucler que le temps passé dessus peut être comparable à celui d'un RPG jap. Et ce n'est surtout pas grâce à son système de jeu peu exigent, dont la relative facilité est calquée sur celle de GTA IV. Soit, pas la peine de crier au miracle donc, même si l'Expérience laisse des traces presque aussi flagrantes que les balafres du sieur Marston. Et quoi qu'il en soit, vous ne regarderez plus jamais les chevaux de la même manière...