Je me rappelais de peu de choses de ce jeu sur lequel j'avais passé tant de temps étant adolescent : la destruction de décor, le contexte de lutte des classes martienne, la démo technique de la serre en verre, des véhicules... J'en avais une vision idéalisée et positive. Mais, comme souvent, cette image était véhiculée par la nostalgie et le jeu n'arrive en réalité même pas à la cheville de ce souvenir d'enfance.
En réalité, Red Faction veut tout faire, trop faire, et tout est bancal. Alors qu'il se veut FPS scénarisé, comme Half-Life, l'histoire est mal amenée et, passé le postulat de base "mineur exploité contre grosse corporation", ultra-classique. Être un leader de la révolution aurait pu amener une certaine réflexion sur les conditions qui mènent les opprimés à la révolte : au lieu de ça le jeu commence cash, sans mise en situation, et nous met dans la peau d'un loup solitaire qui tue à lui seul des centaines d'ennemis, excepté quelques scènes où on verra deux-trois mineurs se faire laminer. On est loin de la révolution des masses contre les élites et plus proche du cliché du "One-Man Army" à la Rambo (le 3).
Lorsqu'il se veut varié, proposant des gameplays différents, il se plante aussi dans les largeurs : on pourra certes parfois contrôler des véhicules mais ces phases sont sans aucun intérêt, n'apportent rien et se ressemblent toutes (les chasseurs de l'espace se jouent exactement comme les sous-marins, un filtre bleu en moins). Le jeu nous proposera aussi des séquences d'infiltration dégueulasses qui fonctionnent selon des règles fantaisistes : ça passe ou ça casse sans qu'on sache trop pourquoi tel ennemi nous repère alors que l'autre non.
On peut reconnaître au jeu de proposer un grand nombre d'armes différentes, allant de la matraque électrique au lance-flammes en passant par le pain de C4 mais même là le jeu arrive à faire n'importe quoi : dans le dernier tiers du jeu, 90% des armes deviennent littéralement inoffensives face aux ennemis. Ennemis qui, d'ailleurs, ont parfois ces fameux fusils qui tirent à travers les murs et tuent évidemment en un coup : c'est parfait et très agréable pour le joueur de se faire tuer par un ennemi qu'il ne voit pas alors qu'il s'est mis à couvert pour recharger.
Même la grande avancée technologique, impressionnante pour l'époque, le moteur de destruction "géomode", est mal exploitée et ne peut être réellement utilisée par le joueur que dans les premiers niveaux : au moins 80% du jeu se déroulera dans des zones dont les surfaces ne peuvent être détruites, réduisant donc le géomode à un gimmick qui fait joli dans le communiqué de presse.
Au final, si l'on met de côté la nostalgie, Red Faction est un jeu ambitieux qui n'arrive jamais à atteindre ses objectifs : il est chiant et, malgré toutes ses bonnes volontés, très creux.