Sans hésiter LE seul autre FPS à m'avoir marqué sur le long terme au même titre que GoldenEye.
Outre le fait qu'il s'agisse du tout premier jeu qui m'ait été offert (je devais avoir 10 ou 11 ans à l’époque), il m'aura fallu près de 3 ans pour le finir une première fois, la faute principalement à un PC qui surchauffait systématiquement, créant moult freezes et autres lags intempestifs au bout de 20 minutes de jeu — sur ce coup-là, merci la PS2 !
Le moins que l’on puisse dire, c'est que toute cette attente, toute cette patience pour arriver au bout du tunnel fut une expérience comparable à celle du jeu en lui-même.
L'histoire se déroule dans un futur pas si éloigné où les ressources de la Terre sont épuisées, amenant les compagnies minières à se tourner vers celles de Mars ; vous êtes Parker, un jeune et naïf bachelier ayant décidé impulsivement, à la suite d'une dispute familiale, de renoncer à de prestigieuses études pour se présenter comme tant d'autres au comptoir d'un des nombreux bureaux d'embauche d'une firme toute puissante promettant monts et merveilles à ses nouvelles recrues.
Sauf qu'une fois sur place (et comme souvent après avoir signé le contrat), Parker et vous-même réalisez à quel point vous vous êtes bien fait baiser.
Une cinématique d'intro narrée en voix off* par Parker plante le décor : celui d'un environnement infernal où lui et ses infortunés collègues vivent dans des conditions quasi-inhumaines et tombent chaque jour par paquets de dix, épuisés par des heures de travail interminables, atteints de maladies incurables ou victimes de mauvais traitements, sous l’œil indifférent de gardes brutaux et omniprésents. Votre personnage, affaibli, raconte ainsi comment il vit chaque jour comme étant son dernier, ignorant que dans l'ombre une insurrection gronde au sein même de la firme, n'attendant plus qu'une étincelle pour mettre le feu aux poudres.
Le premier aspect le plus réussi de Red Faction est son immersion. Le jeu démarre lorsque, au terme d'une énième dure journée de labeur, vous êtes témoin du meurtre d'un de vos camarades à la suite d'une dispute avec un garde ; dès lors, vous n'avez plus d'autre choix que de prendre les armes et de participer au soulèvement pour pouvoir quitter cet enfer. Cependant, la rebelle Red Faction — qui tire son nom à la fois de la couleur de la planète et de l'uniforme des mineurs — compte sur vous pour l'aider à renverser le pouvoir en place incarné par l'odieuse et despotique firme Ultor (que l'on retrouvera plus tard dans la série Saints Row !).
Malgré une jaquette significative et de nombreux messages et autres affiches de propagande placés ça et là tout au long du jeu, le principe évoque beaucoup moins la sempiternelle lutte entre prolétariat et capitalisme que la survie. Le but ? Vous frayer un chemin jusqu'à la sortie, en traversant au sens propre comme au figuré les mines aux parois rouge sang (et croyez-moi, vous en verrez beaucoup), les couloirs infestés de gardes prêts à tirer sur tout ce qui bouge, les hangars à navettes d'évacuation, les conduits d'aération qui n'en finissent pas, les bureaux administratifs ainsi que les laboratoires scientifiques où vous devrez faire preuve de plus de discrétion — suspense garanti ! — sans oublier les inquiétantes cavernes et autres canyons peuplées de créatures non-moins hostiles (The Descent a du s'en inspirer) et même une station spatiale dans une des missions les plus sympathiques.
Le hic... c'est que vous êtes SEUL. En dépit des messages providentiels communiqués par les instigateurs de la cause et de quelques rares combattants alliés que vous croiserez à l'occasion, votre progression se fera principalement avec votre sueur et vos deux mains. Aucun GPS, aucun repère, aucune musique, aucun soutien dans les moments les plus délicats ne viendra vous tenir compagnie. Non, c'est bel et bien à vous seul qu'il faudra éviter les tirs mortels des gardes zélés, robots-sentinelles implacables et mercenaires sanguinaires lancés à vos trousses, ainsi que les nombreux dangers que constituent l'environnement cauchemardesque dans lequel vous évoluez. Pas le temps de vous reposer ou d'admirer le paysage, sans cesse vous vous devez de continuer à avancer. Un seul faux pas signifie la mort. Les entrailles de la planète rouge n'ont jamais paru aussi menaçantes et inhospitalières.
Fort heureusement, votre arsenal évolue en même temps que la difficulté et c'est peu de le dire. Commencer à la matraque électrique et au simple pistolet pour finir avec un lance-roquette à fusion, une mitrailleuse lourde ou encore un rail-gun (un des tous premiers, encore une fois), voilà qui est diablement salvateur. Sans oublier le fameux et inédit moteur graphique Geo-Mod — véritable monstre pour l'époque — permettant de creuser sa propre route à même le décor à coups de grenades, roquettes et autres charges explosives télécommandées... les véhicules ne sont pas en reste, promettant à juste dosage quelques minutes de phases sous-marines, aériennes, tout-terrain ou encore souterraines ; de quoi se changer un peu de la chasse à l'Homme.
Et que dire des séquences d'infiltrations, moments d'interruption inédits, où l'on en profite enfin pour admirer le joli minois de votre personnage et celui — bien moins joli — de ses adversaires au cours de cinématiques aussi saisissantes qu’inattendues... Par ailleurs, la menace que vous affronterez ne se limite pas à la seule firme et à ses centaines d'agents, non : le jeu se permet d'inclure un ou deux vrais salopards aux intentions bien spécifiques qu'il vous faudra mettre hors d'état de nuire, ce que vous parviendrez à faire au terme d'un combat acharné et farci de tellement de respawns que votre victoire n'en sera que plus jouissive. Mention spéciale au Boss fight final, oppressant et épique à la fois.
La note maximale paraîtra peut-être exagérée au vu de mon affection fort subjective pour ce jeu, mais il n'empêche qu'il demeure une véritable perle dans le genre FPS/Sci-fi du début des années 2000, malheureusement passée au second plan au profit d'illustres concurrents tel que Half-Life et autre Deus Ex.
Une place bien inférieure à sa valeur intrinsèque, qu'aucune de ses nombreuses suites n'a hélas réussi à égaler.
* Damien Boisseau dans sa toute première performance vidéoludique, et pas des moindres !