Je n’ai pas une très grande expérience du survival-horror. Côté classiques du genre, j’ai joué à Silent Hill 1 et 2 (versions originales), à Dino Crisis et surtout au remake de 2002 de Resident Evil 1. En lançant ce remake de 2019, je savais que j’allais faire un bond énorme dans le temps. Entre le premier remake et celui-ci, j’ai eu l’impression de jouer à un jeu totalement différent, que ce soit au niveau visuel ou du gameplay.
Le passage à une vue à la troisième personne est à la fois bluffant et déroutant. Exit les plans fixes ultra-travaillés où chaque détail compte. Ici, c’est le joueur qui décide « quoi regarder ». Les jump-scares, je trouve, sont plus fréquents, car il est très difficile de prédire l’apparition des ennemis. Dans les anciens survival-horror, le placement des caméras créait une tension palpable et annonçait subtilement l’arrivée d’une menace.
Cela dit, je me suis réellement senti en danger en jouant au remake de Resident Evil 2. L’aspect action est clairement mis en avant. J’avoue que dans les anciens survival-horror, j’avais parfois l’impression de jouer à une sorte de « point’n’click » où l’apparition d’un ennemi venait ponctuellement déranger l’exploration. Ici, l’aspect survie est bien réel, et on hésite souvent entre tuer un ennemi ou économiser ses précieuses munitions. On se surprend parfois à planifier ses déplacements pour éviter les ennemis, et j’ai souvent soupiré un « oh no » en me rappelant qu’un couloir était peuplé de deux lickers et trois zombies.
Malgré le fait qu’on devienne progressivement mieux équipé (et donc plus fort), l’apparition de Mister X rebat les cartes. Cet ennemi indestructible devient une menace constante, une sorte de « charge mentale » que j’ai trouvée pénible sur la durée.
Le remake intègre aussi des sensibilités modernes, notamment en matière d’accessibilité, comme l’adaptation dynamique de la difficulté au joueur. Quitte à passer pour un vieux râleur, je tiens à le dire : ce système me prive parfois de la satisfaction de vaincre un boss par mes propres moyens. Si je vise mal et vide deux chargeurs dans le vide, je considère que je mérite de mourir. Je n’ai pas envie que le jeu fasse apparaître des munitions pour me sauver. La première fois que j’ai tué William Birkin (première forme) avec Leon, je l’ai achevé avec ma dernière balle. Ce moment aurait pu être épique si je n’avais pas eu l’impression que le jeu avait peut-être « arrangé » cela en coulisses.
À l’inverse, si je vise bien, je n’ai pas envie que le jeu me pénalise en diminuant mes ressources. Bref, je n’aime pas ce système, même s’il ne concerne pas uniquement le remake de Resident Evil 2.
J’ai joué au jeu de manière classique : un run avec Leon, puis un autre avec Claire. Le premier run restera un moment marquant pour moi, car ce que j’apprécie dans ce genre de jeu, c’est la découverte d’un univers, des énigmes et de la narration. Cependant, en commençant la campagne de Claire (scénario B) et en me retrouvant à nouveau dans le commissariat, j’ai ressenti une certaine lassitude à l’idée de devoir presque tout recommencer. Étant quelqu’un qui apprécie rarement les new game+, j’ai eu du mal à me motiver.
En persévérant, j’ai découvert que le jeu avait bien plus de profondeur que je ne le pensais, notamment au niveau des combats. J’ai eu l’impression de redécouvrir le jeu sous un autre angle. Contrairement à mon premier run, je disposais d’informations essentielles et réfléchissais différemment, surtout dans mes déplacements. Là où le premier run était une exploration, les suivants deviennent des runs d’optimisation. Le jeu offre une grande replay value, même si j’ai trouvé dommage de devoir repasser deux fois par certains passages (le commissariat, l’énigme des pièces d’échecs, le laboratoire et, surtout, les boss).
Un élément qui m’a particulièrement marqué, c’est la quasi-absence de musique. La bande-son, ici, vise une approche immersive, ce qui est dommage, car j’adore les musiques des anciens survival-horror. Lors de ma deuxième run, j’ai fini par acheter le DLC pour jouer avec l’OST originale.
Malgré tout, j’ai très envie de jouer à la version originale pour comparer. Ce remake possède les qualités et les défauts des jeux modernes — on sent que The Last of Us a redéfini les codes du genre. Cela dit, j’ai absolument adoré Resident Evil 2 Remake.