Après la bonne réception de Revelations et l’échec critique de RE6, Capcom décide de réorienter sa série-phare vers l’horreur et de délaisser le côté action. Cela aboutira à la sortie de RE7 en 2017, mais pour patienter, la firme du Blue Bomber développe Revelations 2.
Sortie dans un format épisodique (la structure du premier RER s’y prêtait bien), cette suite a pour ambition de corriger les problèmes du jeu précédent, tout en offrant leur moment de gloire à des personnages mis de côté depuis plusieurs années. Pari réussi ?
Back in the USSR
Après avoir vaincu un travesti démoniaque, Claire s’est dit qu’elle ne verrait jamais rien de plus débile et qu’il était temps de prendre sa retraite. Laissant le combat à Chris, Jill et consorts, elle s’est engagée dans une association humanitaire pour venir en aide aux victimes du bioterrorisme. Plusieurs années plus tard, une certaine Moira Burton rejoint son ONG et, alors qu’on célébrait son arrivée, tout le staff de l’association est enlevé par un mystérieux commando et envoyé en prison sur une île. Claire, qui a l’impression d’être enfermée dans une boucle temporelle, devra donc s’enfuir avec Moira.
6 mois plus tard, Barry "This hall is dangerous" Burton débarque sur l’île à son tour afin de retrouver sa fille et percer les mystères de l’île. A peine arrivé, il fait la connaissance d’une petite fille…
Même si Resident Evil n’a jamais été un chef-d’œuvre d’écriture, je trouve la proposition de cet opus tout à fait efficace. Disons que le seul point qui me chagrine, c’est que Barry ait mis 6 mois avant d’aller enquêter alors qu’il avait toutes les informations à sa disposition à peine quelques jours après l’enlèvement. Y’a aussi pas mal de références à RE5 auquel je n’ai pas joué, mais ce n’est pas trop gênant si on connaît les grandes lignes du scénar.
En-dehors de ça, c’est convaincant donc. J’aime le sous-texte politique d’une île qui s’est effondrée lors de la chute de l’URSS et dont les habitants accueillent en héroïne la première firme avec un peu de thune qui vient investir chez eux. Les relations entre les personnages jouables sont également bien écrites, et on prend plaisir à explorer l’île tout en essayant de défendre notre binôme et en regardant leur relation évoluer.
Et même si j’ai joué en VF, j’ai reconnu quelques références aux répliques de Barry dans RE1 (Jill sandwich, master of unlocking, I have THIS…), donc forcément je suis content.
C’est d’ailleurs la nouveauté de cet opus : la complémentarité au sein des duos. Natalia et Moira ne sont pas des combattantes mais sont capables de découvrir des objets cachés et d’emprunter des chemins impraticables, tandis que Claire et Barry sont les porte-flingues de l’équipe et se chargeront de la majorité des affrontements. Le jeu peut même être parcouru à deux, un joueur devra donc être le personnage "passif" tandis que l’autre sera "actif".
Là où le jeu est bien équilibré, c’est que même en combat le personnage passif peut être utile, en éblouissant les ennemis ou en scannant l’adversaire par exemple. Du coup, même si j’ai joué seul, je trouve que les deux personnages sont aussi bien exploités l’un que l’autre et que le jeu peut donc parfaitement être parcouru par un couple casu-gamer sans que l’un des deux ne s’ennuie trop. C’est réellement une bonne amélioration par rapport à Revelations 1, où le binôme ne servait qu’à économiser des munitions.
Blaireau Witch
Parlant d’économiser des munitions, le jeu est extrêmement avare en ressources, encore plus que son prédécesseur. Il est indispensable de viser les points faibles et de faire certains ennemis au couteau si on ne veut pas se retrouver à poil face aux boss. Evidemment, laisser le partenaire chercher des objets cachés aide aussi beaucoup.
Les boss sont d’ailleurs moins relous que dans Revelations 1. J’aurais même tendance à les trouver un peu trop simples, j’ai niqué la phase 1 du boss final en même pas 3 minutes et la phase 2 est comme souvent une grosse blague (cimer le lance-roquette).
Il faut dire que ce qui facilite les boss et les affrontements en général, c’est la nouvelle souplesse de nos héros. Les personnages sont capables de sprinter pour se mettre hors de portée d’un ennemi et on a même droit à un bouton d’esquive qui fonctionne correctement, ça n’aura pris que 16 ans !
On note également l’introduction d’un arbre de compétence et le retour des modifications d’arme de RER. Tout ça s’intègre bien dans le gameplay et c’est vraiment cool de voir son personnage devenir plus versatile au fil de l’aventure.
Et puis surtout, les protagonistes ont enfin appris à descendre une échelle, ça fait tout de suite plus sérieux.
En revanche, je suis assez déçu de la manière dont on débloque du contenu bonus (figurines, costumes…). Il faut tout d’abord effectuer une tâche particulière (trouver X objets, terminer le chapitre Y…), ce qui vous donne le droit d’acheter le contenu bonus dans la boutique…avec les points d’expérience que vous utilisez pour l’arbre de compétence. Du coup, pourquoi acheter du contenu bonus quand ton argent peut te servir pour quelque chose de bien plus utile ? Bref, c’est mal pensé, j’aurais préféré que ça se débloque automatiquement dés qu’on accomplit un objectif.
Graphiquement, ce n’est pas le jeu le plus beau de sa génération, mais ça fait le taff. En tout cas c’est une amélioration par rapport aux textures 3DS de son prédécesseur.
Surtout, les environnements sont vraiment réussis. L’ambiance de l’île est crade et mystérieuse et les environnements sont plus grands que dans Revelations 1 (logique, on n’est plus confiné sur un bateau), ce qui offre une certaine liberté d’approche pour affronter les zombies. On note d’ailleurs l’arrivée d’une attaque furtive, qui permet de one-shot les ennemis si on arrive dans leur dos sans se faire repérer. Pas forcément la mécanique la plus Biohazardesque, mais indispensable pour économiser des balles.
Bien sûr, c’est dans les espaces plus clos que le stress est au rendez-vous. Que ce soit la prison du début qui fait pas mal penser à Outlast ou le manoir à la fin qui est bien sûr une référence au premier RE, on ne se sent jamais en sécurité. On aurait pu éviter le cliché de l’usine avec des piscines de sang, mais c’est le seul moment que je qualifierais de trop-plein.
En revanche, le point qui dénote par rapport à son prédécesseur, c’est la bande-son. Revelations avait certaines ambitions avec ses morceaux orchestraux, on ne retrouve rien de tout ça dans le 2 qui propose une OST très oubliable, peut-être la moins marquante de la série. Ca manque d’un bon save room theme, ou d’une musique de boss épique.
Ma théorie à deux francs, c’est que le jeu étant pensé pour le multi-joueur coopératif, ils n’ont pas voulu faire de morceaux trop vénèrs pour ne pas gêner la communication entre les joueurs. C'est débile, mais je ne vois que ça.
Pour conclure rapidement sur les DLC (parce que oui, le jeu a beau être au format épisodique, ça n’a pas empêché Capcom d’en rajouter une couche), The Struggle rajoute un aspect chasse qui est une bonne idée sur le papier, mais qui est peu utilisé. L’histoire est assez belle cependant et s’inscrit bien dans la thématique de la filiation qui est prévalente dans le jeu.
Little Miss est en revanche beaucoup moins intéressant. Uniquement basé sur la discrétion (être repéré par un monstre = game over), les ennemis ont malgré tout tendance à vous voir à travers les murs, ce qui entraîne des fins de partie injustifiées et frustrantes. Quant à l’histoire, elle ressemble plus à un mauvais rêve qu’à un événement qui s’est réellement déroulé, dommage.
It’s really powerful
Bonne pioche que ce Revelations 2. Outre le fait que ça fait plaisir de revoir Barry qui a été mis de côté depuis le tout premier jeu, l’ambiance est léchée, le scénario est tout à fait correct et s’intègre sans souci dans la série, le manque de munition nous fait toujours réfléchir à la meilleure manière de gérer les ennemis…
Il manque juste quelques énigmes à ce jeu, ce qui semble être un défaut récurrent des RE TPS (la seule digne d’intérêt étant celle pour récupérer un œil factice). Mais en tant que tel, c’est une excellente synthèse du gameplay de RE4 avec l’ambiance des RE rétros (en particulier Code Veronica, pour le côté "paumé sur une île").
C’est vraiment dommage qu’il ne soit pas plus souvent mentionné au sein de la fanbase, parce que j’imagine aisément que son ambiance a servi de base pour développer les remakes de RE2 et 3.
Et puis c’était cool de voir autant de citations de Kafka. Ca m’a rappelé que j’avais un de ses livres qui dormait sur ma table de nuit depuis un an.