Those “village people” are strange

Ma relation avec Capcom au cours de ces 10 dernières années est, comment dire, compliquée. Tantôt des génies, tantôt du travail bâclé, je n’arrive jamais à me satisfaire complètement de leurs productions. Entre un DMC5 au gameplay jouissif, mais au level design insipide, un Resident Evil 7 avec une première moitié quasi-parfaite, mais qui sombre dans le médiocre, ou encore RE2 Remake à l’aspect survie exemplaire, mais à la cohérence inexistante entre les scénarios A & B, rarement les planètes se sont alignées. Jusqu'à aujourd'hui ? On s’en rapproche.

Resident Evil 8 Village, en voilà un qui se sera fait attendre, cependant pour des raisons toutes autres que mon habituel style de vie "patient gamer" mais avant tout à cause de la semi-déception que j'ai vécu lors de ma traversée des bayous de Resident Evil 7.

Ce dernier m'avait littéralement scotché sur sa première moitié, renouant avec les racines horreur et survie du genre. Puis vient ce qui arrive régulièrement avec Capcom, on part en vacances avant la fin du projet et on se retrouve avec soit du contenu amputé, soit une régression assez sévère en qualité dans le cas de Resident Evil 7.

En cela, oui, j'ai été refroidi à l'idée de me lancer tête baissée dans ce huitième épisode à son lancement, et le marché du jeu vidéo saturé oblige, il n'était pas bien difficile d'attendre sereinement jusqu'à aujourd'hui.

Maintenant, nous sommes en novembre 2023 et j'ai enfin pu mettre mes mains froides dessus. Avec l'hiver qui pointe le bout de son nez, quoi de mieux que de faire un tour dans ce village et ce beau château perché au sommet des montagnes enneigées d'Europe de l’Est.

Inutile de faire durer le suspense, vous avez vu la note, j’ai adoré ce huitième épisode et j’en suis le premier surpris.

Si à l’heure ou j’écris ces lignes on peut dire que j’ai le bagage nécessaire pour comprendre et analyser la série dans sa totalité, je dois bien avouer que du fait de mon expérience très récente sur certains épisodes, je n’ai pas d'attache nostalgique à la franchise.

C’est important de le noter, car je pense que cela participe en quelque sorte à mon appréciation générale de Village. Inconsciemment, je suis plus ouvert à des propositions différentes concernant la direction de la série. Village étant on le verra une sorte de pot-pourri de celle-ci qui m’a vraiment plu.

Capcom a eu la volonté de continuer sur les traces du 7, qui avait initié un éloignement des codes établis dans la série.

Au revoir les infectés/zombies encore une fois, bonjour les lycans et bien d’autres créatures uniques dans la série en plus de lieux assez différents de ce qu'on a déjà pu voir par le passé. Un choix qui sur le papier fait lever un sourcil, mais qui dans absolue a parfaitement fonctionné, du moins chez moi.

Le jeu se construit en plusieurs étapes, et ce dans une démarche qui rappelle le quatrième épisode. Si les faubourgs du chateau ne sont que le début du voyage, on va rapidement prendre la mesure de la taille des lieux et de leurs variétés.

Contrairement au 7 qui avait beaucoup de mal à se renouveler sur la longueur, il n’y a ici vraiment aucun souci pour tenir le joueur en haleine tout au long de l’aventure.

En parallèle d’une montée en tension générale, on va découvrir petit à petit l’effet montagne russe de Village. Jonglant habilement entre moment “horrifique” et moment d’action, j’ai eu comme des flashes me rappelant les meilleurs instants du 4, mais aussi un peu du 3 pour la progression de notre arsenal.

Certes, l’aspect survie n’est pas poussé à son paroxysme, sauf en hard, mais cet ascenseur émotionnel fonctionne.

Village apporte à chaque heure de jeu un nouvel élément pour tenir le joueur accroché à sa manette. Une nouvelle arme, un nouvel ennemi, un nouveau lieu, vous l’aurez compris on ne s'ennuie clairement pas, pour peu que l’on accepte la direction prise par Capcom de tourner la page des infectés, même si l'histoire d'Ethan se raccroche assez maladroitement aux anciens RE.

Les lieux traversés reflètent d’ailleurs tout le talent des équipes de Capcom quand ils se décident à vraiment prendre le temps pour aller au bout de leurs idées.

Le level design en particulier, est intelligent et naturel dans son agencement, même si j’ai eu du mal à retrouver mes repères au tout début, on se prend à être surpris à plusieurs reprises par les ambitions de Capcom qui sont enfin à la hauteur de la série.

C’est d'ailleurs un point qui était très réussi dans le remake du 2 et le 7, mais chez ce dernier, la qualité était très inégale, le dernier tiers ressemblant plus à du Modern Warfare que du RE. Village ne joue pas nécessairement sur un tableau différent mais il le fait de manière plus réfléchie et intelligente.

Cela dit Village n’est pas exempt de tout reproche, on pourrait pinailler et dire qu’il y a par moment un effet couloir qui peut s’installer, avec une marche en avant forcée surtout au début, mais dans sa globalité Village apporte une richesse équivalente au début du 7 lors du passage dans la maison, mais ici cela dure tout le long du jeu.

À vrai dire, en y repensant je vois peu d’épisodes proposant autant de diversité, le quatrième sans doute est dans la même veine et lui reste supérieur, néanmoins Village fait partie du haut du panier de la série.

Mais que seraient tous ces coins parcourus sans une direction artistique qui tient la route. Village est au pire excellent, au mieux superbe, difficile de reprocher quoi que ce soit à Capcom sur ce point.

Encore une fois, on adhère ou pas, mais à mon avis celle-ci est plus inspirée que les trois derniers épisodes numérotés de la série réunis.

Certes, une partie du jeu se déroule dans un château, on connaît cela, mais ici comment être critique face à la minutie de Capcom concernant le travail visuel engendré pendant les 10-15 heures qu’il faut pour voir le bout de l’aventure.

La manie du détail dépasse même celle du remake du 2, on pourrait presque s’amuser à penser que cela rappelle nos bons vieux amis de chez From Software, toute proportion gardée.

Vous pouvez avoir un aperçu de cela avec le lien vers mes screenshots en bas de la critique.

Capcom, c’est aussi une école de gameplay, qui parfois m’agace avec leur héritage arcade qui s'infiltre partout, mais c’est surtout une précision dans chaque mécanique implantée qui confère ce côté “addictif” à une large majorité de leurs productions, Village n’y fait pas exception.

La combinaison de ce que l’on vient d’évoquer avec le gameplay tantôt action, tantôt gestion de munitions, sentant bon la survie, confère à Village une aura spéciale. De sorte que l'on a toujours envie de se challenger et de jouer mieux tout en voulant explorer chaque millimètre du monde qui recèle d’un nombre conséquent de secrets.

Village ne réinvente pas la roue de la série, et si vous avez joué aux derniers Resident Evil ce n'est simplement qu'une branche de cette formule, non pas une voie différente, mais cela fonctionne, difficile de le nier.

Alors, oui, il y aura des moments sur le fil du rasoir et plus orienté horreur, et d'autres ou ça tire dans tous les sens, mais n’est-ce pas une chose que même le 4 faisait ?

Pour ceux à qui cela donne de l’urticaire, oui, cette partie de l’ADN du quatrième et parfois du cinquième épisode, peut donner des sueurs froides.

Toutefois Village ce n’est pas que ça, c’est un tout, qui offre une vision de tout le spectre parcouru par la licence. En soi, c’est réellement un condensé de la série, en un seul jeu.

Le meilleur exemple, ce sont les boss que j’ai trouvé tout simplement géniaux et chacun particulièrement différents les uns des autres.

Des combats tactiques dans des décors exiguës, à ceux aux commandes d’un camion à la Gatling montée dessus, Village ne s’interdit rien et touche à tout ce qu'on a pu expérimenter par le passé, mais colle les morceaux de façon homogène.

Dernier point, le scénario qui raccroche les wagons avec le 7. Écoutez, il y a peut-être à un ou deux moments où je me suis gratté la tête, mais ironiquement Capcom semble avoir trouvé réponse à tout (je les hais.) et même si cela ne va pas vous demander d’y réfléchir des jours entiers, Village à le mérite de titiller notre curiosité pour la suite.

D’autant que contrairement à l’épisode précédent, Village ne semble pas boucler sa fin dans la galère, mais bien de façon voulue et complète, en venant même me surprendre encore une fois, je serai curieux de voir un sondage sur cette dernière partie qu’on pourrait dire…Explosive.

Si Village est un bon Resident Evil ? Je dirai que oui, mais pour moi Resident Evil, c’est beaucoup de choses sans être une formule unique. Conserver un zeste d’horreur, un chouïa de tension, une partie survie et une dose d'action, chaque épisode pourra respecter son ADN tout en me surprenant. Ai-je trouvé cela ici ? Oui et même plus.

Rien n’est parfait, mais pour une fois, j'ai eu le sentiment que Capcom souhaitait aller jusqu'au bout de leurs idées, tout en rassemblant les presque 30 années d'experience sur la série pour nous offrir Village.

Je signe volontiers pour la suite en attendant je repars pour un deuxième run à la troisième personne.

Screenshots :

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