« Kazushige Nojima arrivera-t-il un jour a écrire un scénario digne de ce nom ? ».
Au nombre des questions ubuesques qui m'ont poussées à faire fi des critiques et à acheter Reynatis day one (en édition collector physique, s'il vous plaît) (entendez l'esprit du pigeon roucouler en moi !), celle-ci se place sans transpirer dans le trio de tête.
Eh quoi ? ! Je suis allé au bout de la saison 1 des Anneaux de Pouvoir, ma curiosité malsaine n'est plus à prouver. Mon masochisme non plus.
Et en même temps, j'étais prêt à y croire, à me dire « non mais c'est pas sa faute, c'est le carcan Final Fantasy qui le sclérose, le pauvre homme, il n'est pas libre de ses décisions créatives. Dans un cadre plus indépendant, avec moins d'attentes financières, qui sait, peut-être qu'il est, je ne sais pas, moi, CAPABLE DE FAIRE CE POUR QUOI ON LE PAIE correctement ? ». Preuve s'il en est besoin que je suis à ce multivers ce que Tony Tony Chopper est à Grand Line : une boule de fourrure rose avec des étoiles qui brille dans le cœur. Ha zut. Moi je voulais être Trafalgar Law.
Bon, bien sûr, sans surprise, la réponse à la question liminaire est « non » (ponctué d'un éclat de rire à la Mark Hamill), mais nous y reviendrons. Oh oui, nous y reviendrons.
Au-delà et plus sérieusement (mais à peine), je suis anthropologiquement fasciné par ce qu'il convient d'appeler « le trauma Final Fantasy Versus XIII » et par ses répercutions sur notre imaginaire collectif.
Qu'une oeuvre non-née, au sens de non-accouchée, ait à la fois charrié autant d'espoirs et de passion, puis généré à son annulation des frustrations aux proportions à ce point hors de toute mesure, voilà qui en fait à mes yeux un objet d'étude artistique privilégié. Et pas seulement cette presque-œuvre en elle-même, du reste, mais également tout ce qu'elle a pu avoir d'influence directe ou indirecte sur le champ de la vidéoludie. À commencer par les titres qu'elle a inspirés, à la manière d'une onde de choc : Final Fantasy XV, bien sûr, par la force des choses, mais également Verum Rex, Lost Souls Aside, et aujourd'hui ce Reynatis au budget riquiqui mais aux ambitions grandes (et je suis sûr que j'en oublie ! N'hésitez pas à compléter la liste en commentaire...). Faute d'avoir vu les promesses des bandes annonces se concrétiser, on brode sur le néant, on spécule sur l'absence. Comme si ce titre annulé de guerre lasse avait laissé un vide que la culture pop devait combler à tous crins, bien que cette entreprise soit empiriquement vouée à l'échec - rien ne saurait jamais être assez beau, assez épique, assez phénoménal pour rivaliser avec un fantasme, forcément idéalisé).
Au-delà encore, j'avoue nourrir une tendresse particulière pour l'éditeur Furyu, qui ne fait jamais rien correctement, mais qui le fait de tout son cœur. À ce titre, l'originalité du système de combat aurait suffi à elle seule à me convaincre de lui donner sa chance. Parce qu'on le sait très bien, quand on a longtemps fréquenté Tinder, que la vraie beauté est à l'intérieur.
Mais oui, je vous l'accorde, sans doute aurais-je pu me contenter de le prendre en version démat' à - 70%, c'eut été sans doute plus rationnel de ma part, et en même temps, j'ai une image de marque à entretenir, le jour où j'aurais l'imprudence de prendre une décision rationnelle, mes amis me tourneront le dos et ma compagne ira voir au Zaïre si Brad Pitt y est hospitalisé (le genre du ref' qui font que ce papier risque de très mal vieillir, et en même temps les probabilités que quelqu'un se renseigne sur Reynatis dans un avenir proche me semblent relativement minimes, voire nulles).
Sauf que voilà : on pourra dire ce qu'on voudra (on est dans un pays libre), là où Reynatis éblouit d'abord, surtout, voire peut-être uniquement, c'est dans la qualité de ses concept arts et de tout ce qui gravite autour, avant que la grande moulinette de la programmation 3D Leaderprice ne vienne coller un strabisme à la quasi-totalité des personnages (le seul à ne pas en souffrir est paradoxalement celui le plus à même de remporter le prix « Sadako » du modèle 3D maudit le plus susceptible de sortir de ta Playstation la nuit dans l'intention de te zigouiller). Pour peu qu'on ne soit pas allergique aux outrances androgynes du japonisme moderne, on devra bien admettre que les dessins préparatoires régalent la rétine, quand bien même leur auteur, Yasutaka Kaburagi, est-il un petit nouveau dans la profession. Du coffret lui-même, sobre, duel et pailleté (un modèle du genre), en passant par le mini-artbook bien fourni (dont on trouvera une version expurgée dans la version physique standard), la jaquette du mini-soundtrack (lequel sera dispo en numérique pour ceux qui achèteront cette même version standard), le petit triptyque d'exposition ou le stand acrylique, c'est du bonbon pour les yeux, comme disent les jeunes, on a notre dose de sucre pour la semaine. Là est le premier paradoxe de Reynatis : quitte à le posséder dans sa collec', autant le posséder en version collector, sans quoi on passe à côté du meilleur. D'autant que nul ne s'étonnera d'apprendre que la bande son est de qualité AAA : forcément, avec Yoko Shimomura à la composition, les risques d'être déçu sont plus minces que moi (à quelques thèmes passe-partout près, hélas, trop enclins à revenir en boucle ingame). Sans doute n'est-ce d'ailleurs pas un hasard si c'était cette même Shimomura qui, jadis, composait le thème du trailer de Final Fantasy Versus XIII, dans un registre musical similaire, comme pour remuer le couteau dans la Play (ou la Switch, ou le Steamdeck, ne soyons pas sectaires). Ou pour assumer encore un peu plus la parenté, au cas où elle n'aurait pas été assez évidente au tout venant.
Et à côté de ça, il y a le jeu. Qui n'est pas beau, même si on s'habitue et si on finit par ne pas le trouver laid non plus (c'est le principe du couple, en somme). Qui pope et qui aliase comme en pleine crise d'épilepsie malgré le peu de détails des décors ou des modèles de personnages. Qui n'arrive même pas à gérer son espace de jeu (pourtant limité) en monde ouvert, et se trouve contraint de le découper en succession de petites zones-arènes plus ou moins interconnectées. Qui étire au-delà de tout sens commun l'interminable ligne droite de sa forêt magique (et son thème musical unique), jusqu'à la fin du jeu. Qui transpire le jeu PS3 par tous les pores (USB) de sa peau virtuelle, avec ses indicateurs d'objectifs, ses allers-et-retours incessants (contre toute attente : sympathiques les premiers temps, en cela qu'ils donnent une consistance et une identité à l'espace de jeu), ses quêtes Fedex d'il y a mille ans, son game-design linéaire... vraiment, on s'y croirait. Sans pour autant en venir à le détester, toutefois, malgré ses limitations techniques manifestes, malgré sa répétitivité précoce, malgré ses perpétuels bavardages pour meubler le silence (ici matérialisés sous formes de textos tous moins passionnants les uns que les autres - bravo Kazushige ! T'es un champion ! - et inexplicablement classés dans le désordre, ce qui rend leur lecture d'autant plus laborieuse quand il s'agit d'en trouver un nouveau parmi la liste des centaines déjà reçus), malgré les bugs (je combattais un boss, j'ai voulu changer de perso, je me suis trouvé téléporté 500 mètres en arrière, comme si je n'avais pas traversé le niveau, mais j'ai trouvé ça rigolo, au point ou j'en étais), malgré ses tropes et ses clichés alignés comme dans la file d'attente de la Japan Expo. À l'instar de Slitterhead, finalement, dont il se fait un peu le reflet weeb (même cadre urbain nocturne bardé de néons, même narration lacunaire, même level design d'un autre âge, même envie de bien faire, même originalité du système de combat...).
Il y a de vraies idées au-delà de la maladresse. Et même : de belles idées. À commencer, donc, on l'aura compris, par ce système de combat atypique autant que déroutant, avec lequel on s'emmêlera les doigts aux premiers temps jusqu'à s'en faire des nœuds aux phalanges, avant de le voir devenir une seconde nature et de regretter à l'usage qu'il ne soit pas un brin plus complexe. Un système fin, original, intéressant, grisant parfois lorsqu'on maîtrise et que le combat s'y prête, dynamique, virevoltant, frustrant aussi quand au contraire le manque de précision du titre devient rédhibitoire (les combats des boss principaux, notamment, ont tendance à vite tourner à la purge, avec l'impression pas très agréable d'être coincé malgré soi dans le tambour d'une machine à laver en mode essorage). De sorte qu'il n'est qu'une potentialité tout juste matérialisée du bout de l'ongle, une ébauche, un aperçu. Big up à Slitterhead, toujours. Dans un jeu où l'équilibrage aurait été aussi pointu que chez From Software, et qui aurait laissé un peu de place pour de l'exploration, il aurait fait des étincelles magiques comme les sorciers à Shibuya au milieu de la nuit au lieu d'aller dormir parce qu'ils bossent le lendemain. Au lieu de quoi, passées des premières heures plutôt enthousiasmantes, il finit par lasser aussi sûrement que celui de Final Fantasy XVI (bien qu'il le surpasse en tous points).
Belle idée également que la chasse au street art pour faire monter les stats. C'est bête, artificiel et ça ne sert pas à grand chose, mais c'est un peu comme chercher les œufs de Pâques dans le jardin quand on a six-sept ans. On est toujours content d'en apercevoir un du coin de l'oeil et de se précipiter pour le récupérer dans la foulée, quitte à faire un détour, et même si on n'aime pas le chocolat.
Belle idée toujours que le compte à rebours (matérialisé par des retweets et hashtags) lorsqu'on est surpris par la foule en train d'user illégalement de la magie en ville, et qui entraînera à son terme l'intervention d'une force armée de niveau 100+. Idée mal exploitée, là encore, mais excellente.
Et il y en a plein, des comme ça. Les premiers temps sur le jeu sont vraiment comme une vitrine de Noël, on a envie d'applaudir fort.
Parce que le réal' aime son jeu, ça crève les yeux, il a tout donné du peu qu'il avait, à tel point qu'il persiste à l'alimenter gratuitement de chapitres inédits, prévus à un rythme mensuel sur une période d'un an, faisant fi des mauvais retours. On respecte ça, messieurs-dames. Et même : on s'incline bien bas. Il y a une vraie forme de noblesse dans ce généreux entêtement, quand bien même les chapitres en question ne changent-ils pas la donne.
Alors quand la baguette magique de Yoko-sama investit littéralement son orchestre d'une fougue surnaturelle et se lance dans un solo de piano rageur ou dans des envolées lyriques tonitruantes, on ose la bienveillance et on se laisse aller avec aux lèvres le fantôme d'un sourire en coin.
Tant pis si en dépit d'un univers riche, bien construit, différent, et de personnages éminemment sympathiques (sans plus, mais c'est déjà pas mal), le scénar' part dans tous les sens sans arriver nulle part, au point d'être difficile, voire impossible à suivre sur le long terme (l'anglais n'aide pas, mais il n'excuse pas tout non plus). Les grandes lignes, bon, ça va, ce sont des luttes de pouvoirs somme toutes très classiques, même si pas dénuées d'intérêt, genre Evangelion chez Harry Potter, mais dès lors qu'on aborde la fâcheuse question du « qui fait quoi et pourquoi ? », ce beau château de cartes s'effondre sous le poids de la vacuité de la plume Nojimesque. Non content de réduire les protagonistes à une énième déclinaison de pantins stéréotypés made in manga shonen (avec en héros Sasuke qui veut devenir le Roi des Pirates, ou pas loin), il ne parvient jamais à établir une cohérence dans les rapports de force des différentes institutions en présence, non plus que dans les motivations des adversaires, voire de certains adjuvants. Pour le dire de façon moins pompeuse : c'est le bordel. Les changements d'humeur, de comportements, d'affiliation des caractères ne cessent de prendre à rebrousse poil, les gens se fâchent sans qu'on en comprenne la raison, les boss passent de loyal neutre à chaotique mauvais juste parce qu'on leur écrase le petit orteil, ça vire du gentil bisounours au psychopathe en quelques clics, puis repasse en mode bisounours, sans que la moralité des uns ou des autres ne pousse des cris d'orfraie (il y aurait de quoi, pourtant, quand le mentor du premier trio héroïque capture les membres du second, les torture puis leur colle des bombes corticales, sans que ça n'empêche ceux-ci de rejoindre son camp une fois ce « malentendu » dissipé. Ha ben ça va, ils ne sont pas trop rancuniers non plus, dans la police magique) jusqu'à n'être plus qu'un joyeux chaos incompréhensible dans la partie finale, laquelle à de quoi nous faire regretter la lisibilité simple et sans chichis des Kingdom Hearts (rires). Comme si Nojima s'était barré avant la fin en voyant le montant du chèque et s'il manquait carrément des bouts de dialogues et de scénario entiers à l'entreprise, donnant l'impression très Final Fantasy XV-esque que l'équipe derrière a fait le maxi pour compiler tout ça dans l'urgence et avec les moyens du bord.
Résultat des courses : on finit par renoncer à tirer du sens de cette cacophonie narrative, se contenter des grandes lignes et se laisser porter jusqu'au dénouement, comme Rose sur son radeau à la fin de Titanic. (A ce moment de la critique, Kazushige Nojima nous adresse son plus beau regard-caméra, un clin d'oeil, un beau sourire et lance nonchalamment : « Hey ! What did you expect ? »]. Tout au plus échappe-t-on miraculeusement aux traditionnelles amourettes de manga pour préado - ce qui, connaissant le gaillard, représente un sacré pas en matière de maturité, l'équivalent créatif d'un début de poil au menton.
Et là vous pensez qu'on a fait le tour. Que je vais conclure d'une pirouette, un constat doux amer pétri de tendresse qui vous enjoindrait à lui donner sa chance à votre tour, de manière poétique subliminale.
MONUMENTALE ERREUR.
Car alors même que le joueur regarde défiler les crédits du générique, convaincu d'avoir fait le tour de Reynatis, soulagé, peut-être un peu triste, tout entier enveloppé dans le cocon des violons de Shimomura, il ignore que le plus absurde est encore à venir. OH QUE OUI. D'ici quelques minutes, il sera confronté sans trigger warning au plus gros WTF de l'histoire du jeu vidéo. Et je ne parle même pas de l'ultime scène post-générique, tout à fait incompréhensible sur le moment, où la caméra se contente de zoomer de manière énigmatique sur une ruelle où il ne se passe rien. Ce qui équivaudrait, dans un film Marvel, à vous insérer un stock shot de New York en guise de scène post-générique. « Oui, et ? », ne manque-t-on pas de s'interroger mentalement, perplexe. « Non, rien », s'empresse de rétorquer le jeu en revenant à la page de présentation. « Ok Boomer », hausse-t-on finalement les épaules avec lassitude. Le « How dare you », ce sera pour dans cinq minutes, quand on aura relancé la partie pour jouer aux soi-disant chapitres « bonus ».
Lesquels rejouent certains moments de l'intrigue sous un autre point de vue, ou parodient, ou s'essaient au « what if ? ». Statiques et dispensables, certes. Mais c'est là, c'est gratuit, ça prolonge, pourquoi pas ?
Puis viennent les deux chapitres post-game, avec leur niveau 99 qui pique comme de la sauce salsa sur un flan vanille, mais bon, c'est optionnel, hein, c'est du bonus, on n'est pas non plus obligé de se les infliger, on va juste découvrir ce que sont devenus les personnages, se fader deux ou trois nouvelles quêtes Fedex pour arrondir à l'heure de jeu supérieure, puis ranger le disque dans sa boîte, n'est-ce pas ? N'EST-CE PAS ?! C'est comme ça que ça se passe, d'habitude, avec le post-game. Personne n'aurait jamais l'idée TOTALEMENT FRAPADINGUE de relancer l'intrigue directement où elle a été suspendue, d'élever les enjeux, d'introduire de nouveaux antagonistes, d'annuler tout le bénéfice du dénouement et la relative satisfaction de son « tout est à peu près bien qui finit à peu près bien », pour crier dans les oreilles du joueur une poignée de secondes plus tard « ET BEN EN FAIT NON C'EST LA M*RDE !!! ».
Qui fait ça ? Pourquoi ? Quels sont ses réseaux ? Votre jeu est terminé, les gars ! Il faut rentrer chez vous, maintenant. Allez, allez. Zou. Et éteignez la lumière en sortant. Mais non, pensez-vous. Un générique de fin, c'est très abstrait. C'est pas une science exacte. Oui, bon, ok, le syntagme « ...de fin » peut potentiellement induire en erreur et amener à le joueur à croire que le jeu est terminé, MAIS CE SONT DES PRÉJUGÉS ÇA MONSIEUR. ON EST EN 2025 ! LES PRÉJUGÉS C'EST MAL ! SAUF QUAND ILS SONT DE GAUCHE, ÉVIDEMMENT !
Et alors je ne sais pas si le post-game de Reynatis est de gauche ou quel est soooon prooojeeeet, mais côté climat social d'arrière-plan, on passe sans transition de « ok-mais-pas-top » à « j'aime-porter-du-cuir-au-son-des-bottes-qui-claquent ». Ha non mais tu parles d'une récompense pour avoir bouclé l'aventure. Je suis obligé de spoiler, pardon, mais vous ne ferez pas le jeu, ne mentez pas, vous m'aimez beaucoup mais pas au point d'aller mettre de l'argent là-dedans, je ne saurais d'ailleurs pas vous en blâmer, je ne regrette ni mon achat, ni le temps que j'ai passé dessus, je le recommande même aux gens qui comme moi son amateurs d'OVNI et peuvent supporter les imperfections d'un titre original et audacieux, vous passerez de belles heures dessus avant de vous lasser, mais là, dans l'immédiat, permettez-moi de faire comme si je n'avais su convaincre personne de s'y intéresser et de vous spoiler le post game (après tout, ce n'est que le post-game, ce n'est que du bonus, n'est-ce pas ? N'EST-CE PAS?).
Car au point où on en est de nos récriminations, autant boire la sidération jusqu'à la lie, elle titre à 60° : dans l'avant dernier chapitre, donc, les protagonistes s'épuisent littéralement à protéger les gens normaux des répercutions du Reynatis final (non, je n'en dirais pas plus, je veux bien spoiler mais il y a des limites qu'un gentleman se doit de ne pas franchir), ils sont les seuls à pouvoir encore venir en aide à la populace, les appels au secours ne cessent d'arriver de toutes parts, notre joyeuse troupe met chaque fois sa vie dans la balance. Et puis voilà que la nouvelle organisation à la tête du Japon les déclare hors la loi et réclame leur capture morts ou vifs. Heuuuu... PLAIT-IL ? Hé ho, les gaaaars ? Je vouuuus rappeeeellleee que j'aiiiii finiiiii le jeuuuuu, làààààà ! Paaarce que çaaaa, çaaaa ressemble quand même beaucouuup à un jeuuu quiiii n'essst paaas finiiiiii ! Et donc tandis que dans la peau du protagoniste, le joueur est sur tous les fronts, il se trouve pris dans des combats qui l'obligent à ignorer les appels au secours de ses camarades - appels qui ne cessent de lui parvenir en audio tandis qu'il se démène. Bon esprit, belle ambiance. De déchirantes échauffourées qu'on pourrait ponctuer de rires préenregistrés, comparées à ce qui nous attend dans le dernier chapitre. Lequel nous apprend d'emblée qu'après ça, le héros s'est retrouvé seul, ostracisé, marginalisé. Tous ses compagnons ont fini par couper les ponts et par retourner à une vie normale.Il s'épuise tant et plus à essayer de régler tous les problèmes magique du monde en solo, tout ça pour que l'organisation qui règne sur le Japon arrive à retourner le Dieu de ce monde contre lui (alors qu'il avait été choisi pour devenir son successeur dans le dernier chapitre officiel, pour une raison que je ne dévoilerai pas non plus ici), ce qui se concrétise accessoirement manette en main par un boss ultime à soixante dix milliards de points de vie qui tue en deux coups et qui bloque l'utilisation des consommables. Après quoi notre héros sombre dans la déchéance, pour peu que vous arriviez à remporter ce combat archi-pété ou que vous achetiez l'option d'esquive automatique en DLC (pour ma part, j'ai coupé la poire en deux et j'ai regardé la séquence finale sur Youtube). Pourquoi cette déchéance ? Parce qu'il a tué son dieu, parce qu'il est haï par les gens qu'il doit protéger, parce qu'il est la cible d'une organisation millénaire, et aussi parce que ses amis ne lui ont pas tourné le dos, non, non, non, il était juste dans le déni : ils ont tous été tués sauvagement au chapitre précédent, dans des embuscades tendues par des citoyens lambda, sans qu'il ait pu leur porter secours à temps. TOP-A-LA-DE-CONNE. Et le post-game, donc, se termine là dessus, avec un sentiment d'accomplissement proche du zéro absolu, et ce n'est pas le cliffhanger cryptique, reprenant la séquence de la ruelle post-générique en y incluant une main qui ramasse un [spoilers], qui y changera quoi que ce soit.
Ha ben merci les gars.
Ça allait un peu mieux, la dépression, ces derniers temps, je commençais à apprécier à nouveau les rayons du soleil, à retrouver la foi en mes semblables, mais finalement je crois que je vais faire un peu de rab', hein, vos g*ules les petits zoziaux.
Donc récapitulons, au cas où je n'aurais pas été clair. « Grâce » aux « bonus », le jeu termine sur la victoire des méchants, la déchéance du héros et la mort de six des sept protagonistes, tombés sous les coups de ceux-là qu'ils s'étaient donné pour mission de protéger.
THE END.
Pour donner une idée, là encore, c'est comme si après la victoire sans partage des Avengers, en scène post générique, on nous les montrait tous les tripes à l'air dans un champ de ruine fumant pendant que ce qui reste de la terre est ravagée par les explosions. Avec en lettres blanches sur fond noir : les Avengers ne reviendront PAS.
Ça calme.
Alors j'ai appelé Mulder et Scully pour avoir des explications, bien sûr. Ils m'ont répondu « Kazushige Nojima ». Et j'aurais pu m'en contenter en d'autres circonstances, mais le cas échéant j'ai quand même essayé d'approfondir.
De trois choses l'une :
Soit le jeu principal est sorti en catastrophe avant d'être finalisé, avec une fausse fin bidouillée à l'arrache, et le réal' a décidé d'y mettre bon ordre après coup.
Soit le réal' a appris qu'il n'y aurait jamais de Reynatis 2, mais à quand même voulu aller au bout de son idée première. Auquel cas il a prévu d'autres chapitres bonus pour clôturer l'histoire (mais encore faudrait-il arriver à vaincre l'actuel boss final - oui, je ne veux plus m'avancer -, sans possibilité de leveling puisque les stats sont bloquées au niveau 99).
Soit ces gens sont complètement fous.
Ou bien le réal' nous hait-il et veut-il nous le faire savoir. Peut-être que suite aux critiques, ils nous a fait une Hideaki Anno ?
Autant de nouveaux mystères, de nouveaux paradoxes, de nouveaux questionnements existentiels dans le sillage (a priori maudit, lui aussi) de Final Fantasy Versus XIII, pour venir étoffer le mythe et provoquer la conjecture.
On y était venu pour des réponses, pourtant. À des questions pourtant très littérales. Un « oui » ou un « non » aurait suffi.
Au lieu de quoi en ressort-on avec plus d'interrogations encore. Ce qui n'est ma foi pas plus mal, au fond, c'est ainsi que naissent les légendes, ainsi qu'elles s'alimentent, en vidéoludies comme sur les champs de bataille.
De Noctis à Marin en passant par tous les autres passés, présents et à venir, l'ombre insaisissable d'un jeu jamais matérialisé n'en a pas fini de défrayer la chronique et de malmener notre imaginaire.
Ce qui n'est ma foi pas si mal, pour une conclusion.
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...conclusion temporaire, notez, mais pour avoir accès aux paragraphes bonus de cette critique, il faudra télécharger les chapitres bonus en DLC. A vos risques et périls.