Les jeux "poétiques" c'est mon dada, j'adore ça et je suis souvent très indulgent sur le gameplay du moment que j'ai ressenti quelque chose.
Aussi, le fait de pomper des idées chez les autres, ou de faire deux fois le même jeu, ça ne me dérange pas vraiment. ABZÛ c'est une pure copie de Journey ? Bah tant mieux, Journey c'était top !
Alors c'est quoi le soucis avec RiME ? Bah le soucis les amis, c'est que RiME n'est pas poétique.
RiME fait partie de ces jeux qui sont sortis dans une aire post-Braid où les producteurs ont enfin réalisé qu'un petit jeu pouvait être meilleur qu'un... hum pardon. qu'un petit jeu pouvait être plus rentable qu'un gros. Et de fait RiME, à la vue des noms au générique, est sans doute une simple commande, fait par des techniciens, dans un but de rentabilité. Il ne s'agit pas d'une œuvre artistique, il ne s'agit pas de poésie, et cela se voit dans tous ses aspects.
RiME a un style graphique à mi-chemin entre Wind Walker et The Witness, dans un univers vaste et déserté à la Shadow of the Colossus, avec une narration à la Journey, un héros muet semblable à celui d'ICO et un scenario qui se révèle dans la dernière demie-heure de jeu et qui voudrait nous tirer la larme comme un Brothers.
Ca donne envie, et comme je disais plus haut, je n'ai aucun problème avec les pots-pourris, mais les inspirations ne se suffisent pas à elles-mêmes; il faut encore en faire quelque chose. Et RiME n'a jamais ni l'envergure ni la profondeur de ses prétentions.
Il essaye par exemple des scènes sur un pont géant surplombant le monde comme dans SotC. Mais dans le contexte du jeu ça n'évoque rien, on ne ressent pas ce que SotC nous racontait, l'immensité écrasante et la petitesse du héros face à ce monde sacré et éternel qu'il nous faudra malgré tout détruire. Ici c'est juste un plan cool pour remplir un cahier des charges et on ne ressent rien. Il n'y a pas le sentiment de liberté et d'aventure d'un Zelda, le mystère d'un ICO, ni l'émerveillement insouciant de Journey.
La "poésie", la beauté artistique c'est celle qui touche au point de nous donner envie d'inventer de nouveaux mots pour décrire ce qu'on a ressenti. Et RiME en est looooooin.
C'est du travail honnête oui, mais sans âme. On ne dira pas de RiME qu'il est exaltant, qu'il nous a subjugué, ou qu'on en est ressorti changé... Non, on dira que c'était "mignon" au mieux, et que "ça passe le temps" pour les moins difficiles... Mais c'est tout. Et ceci c'est le degré zéro de la critique, quand on en arrive à dire d'un plat "c'est bien présenté et puis y a pas trop de poivre" c'est vraiment qu'on n'a rien trouvé de plus poli pour pas dire au chef qu'on aurait pu trouver la même chose à Monoprix.