Lara n'est plus la même depuis que Square Enix l'a pris en charge en 2012 avec un reboot au succès mérité dont la nouvelle formule a su dépoussiérer la série pour un plus grand plaisir de jeu au détriment d'une difficulté amoindrie. Plus fragile, plus humaine, Lara s'est mise à la page, elle qui se perdait dans l'ombre d'un certain Nathan Drake. Une inspiration mutuelle entre les deux icônes et une opposition éviente qui a sans doute pousser Microsoft à s'approprier l'exclusivité temporaire de cette suite intitulée Rise Of The Tomb Raider, histoire de contrer Uncharted 4. La suite du reboot saura-t-elle affirmer la renaissance de Miss Croft ?
Malmenée dans le reboot jusqu'à découvrir l’aventurière qui sommeillait en elle, Lara cherche ici à faire le deuil de son père en essayant de résoudre à sa place l'un des mystères qui le mena à sa perte. Après une scène d'introduction popcorn, la trame est lancée, en route pour la Syrie et la Sibérie, le chaud et le froid, surtout le froid.
Si vous voulez être dépaysé, vous le serez sans aucun doute même si la neige et la glace (alpinisme, bonjour !) prédomine dans les trois quarts des environnements. Heureusement les décors rencontrés sont assez variés et recherchés pour ne pas lasser le joueur. Entre des grottes impressionnantes de détails, des forêts grouillantes et quelques ruines mystérieuses, certains plans vous poseront quelques secondes pour admirer le paysage : des moments de répit mérités et gratifiants. Il faut dire qu’esthétiquement le jeu sait convaincre, la direction artistique reste aussi bonne que dans la précédente aventure et l'impression d'être en terre sauvage est plutôt satisfaisante. La carte à explorer est grande et cohérente, le level design, toujours aussi directif quoique bien pensé pour certaines phases d'infiltration, arrive tout de même par moments à créer ce sentiment d'être perdu dans un lieu immense. Rise Of The Tomb Raider est beau mais pas entièrement satisfaisant.
Techniquement le jeu n'est pas la claque qu'on était en droit d'attendre. Malgré quelques quelques textures du plus bel effet (la glace magnifique !), des explosions impressionnantes, des tempêtes de neige réalistes et des panoramas à couper le souffle, on ne peut que regretter un alliasing encore trop présent ainsi qu'un 30FPS qui montre ses faiblesses par endroits, des chutes peu nombreuses mais suffisantes pour être soulignées (sans compter quelques rares freezes... Peut-être qu'une MAJ rectifiera cela). C'est vraiment dommage, est-ce le fait d'avoir développé le jeu aussi pour la 360 ?
Sans compter le gros défaut du jeu : l'IA des ennemis, peu réaliste et complètement à la ramasse, c'en est presque honteux pour une telle production. Et même si leur agressivité croissante ainsi que l'action grandissante dissipe un peu ce défaut vers la fin du jeu, le côté infiltration s'en voit fortement estropié. On se retrouve avec la même IA que dans le reboot. C'est fort regrettable et même en augmentant la difficulté, cela n'amènera pas la cohérence nécessaire à une immersion absolue.
Pourtant le gameplay a su encore gagner en souplesse et confort : la belle Lara rend toujours aussi bien avec ses animations de qualité, légère et vive, c'est un vrai plaisir de la manier, du beau travail. Le piolet sera votre meilleur ami. Même si ce n'est que de l'ordre du détail, la jouabilité a su se perfectionner : déplacements encore plus facile, quelques nouveaux mouvements, un système de corps à corps un peu plus poussé et un arc toujours aussi agréable à manier... De quoi offrir quelques gunfights bien nerveuses et violentes même si l'on se retrouve quasiment avec le même arsenal que dans le précédent opus. Crystal Dynamics se contente d'améliorer une recette qui a fait ses preuves.
C'est peut-être ce qu'on peut reprocher au jeu, il ne prend pas de risques. Et même si l'on pourra se satisfaire de tombeaux plus nombreux et recherchés ainsi que des défis bienvenus, l'aventure reste similaire à la précédente, elle est juste mieux rythmée et plus généreuse en contenu ; bien que les différents objets à ramasser à côté donnent l'impression d'être là pour gonfler artificiellement la durée du vie du titre, très satisfaisante au passage (une vingtaine d'heures pour boucler l'histoire). Le scénario lui aussi reste sage, tout juste de quoi nous tenir en haleine par quelques rebondissements et presque la même construction narrative que son prédécesseur. Encore une fois, à part la charismatique Lara, les personnages rencontrés ne suscitent pas notre interêt, il aurait fallu apporter plus de profondeur, de noirceur au récit. Au moins, on ne se tape plus les boulets à sauver dans le précédent Tomb Raider... Et on pourra peut-être aussi regretter un côté "fantastique" moins prononcé qu'auparavant, ou du moins qui met du temps à se mettre en place.
Côté musique, on retrouve les même tonalités et quelques thèmes déjà connus, une BO d'assez bonne facture.
Rise of the Tomb Raider n'est ni plus ni moins qu'une version 1.5 du précédent volet. L'aventurière se repose un peu trop sur ses acquis et ne prend pas assez de risques pour nous donner le goût de l'aventure comme on l'espérait. Néanmoins la recette marche toujours grâce à un savoir-faire indéniable, le jeu est très plaisant à prendre en main et toujours aussi agréable à parcourir, le contenu et le challenge ayant été revu un peu à la hausse malgré une IA déplorable (vraiment). Plus généreux mais peu audacieux, tout est mieux mais pas assez. C'est tout de même une exclusivité qui vaut le détour, le genre de blockbuster qu'on dévore d'un coup mais qui ne cale pas forcément. On s'en contentera. Malgré toutes les montagnes gravies, on n'est pas encore au sommet. Vivement une suite pour y arriver.
SUR POPCORNOGRAPHIE : http://popcornographie.wix.com/popcornographie#!test--rise-of-the-tomb-raider/c13x8