11 ans,
Onze longues années que j'avais quitté la "Zone" et que celle-ci m'attendait depuis mon dernier passage plutôt mouvementé et décevant qu'a été Clear Sky.
Après des années à me dire qu'il était temps de me lancer à nouveau nous voilà en 2021 enfin de retour en cette terre promise d'Ukraine avec Call of Pripyat.
Stalker premier du nom fait sans doute parti des meilleures expériences vidéoludiques que j'ai eu la chance d'approcher et après le stand alone Clear Sky qui m'avait déçu à cause d'une ribambelle de raisons, que je ne développerai pas ici, je dois confesser que j'étais un peu inquiet à l'idée de retourner dans la “Zone”.
Seulement Call Of Pripyat a été une vraie bonne "surprise", malgré le poids de l'âge et une plastique qui a sacrément vieilli et pas forcément en bien (je ne voulais pas jouer avec mods pour ce premier run.) l'œuvre reste néanmoins encore une fois unique par son côté terne et délavé qui lui confère un aspect si singulier.
Pour une fois, le moteur marche au poil et on ne fait que rarement face à des problèmes d'ordre technique ou soucis graphiques, nous laissant apprécier la direction artistique toujours aussi bien travaillée que dans les autres épisodes et on comprend une fois de plus que seul GSC, se situant à quelques centaines de kilomètres des lieux du jeu, ont le talent et la compréhension nécessaire pour transmettre au joueur ce type d'émotions visuelles que seul Stalker sait faire.
L'histoire dont je vous éviterai un énième résumé que vous trouverez dans d'autres critiques bien plus longues et complètes que la mienne, se veut plus conventionnelle que l'était SOC en son temps.
Littéralement lâcher dans la nature avec votre saucisson et votre AK dès les premières secondes de jeu, cela sera à vous d'élucider le mystère de plusieurs hélicoptères écrasés dans la "Zone".
À partir de là, vous prendrez la direction que vous souhaitez pour trouver les raisons de ces multiples incidents.
Sans être exceptionnel le scénario reste solide procurant un vrai mystère tout au long de l'aventure qui intrigue assez fortement jusqu'au dénouement qu'il faut bien avouer manque légèrement de souffle et d'une conclusion à la hauteur de l'investissement dans les choix accomplis précédemment.
On sent que sur la fin les caisses étaient vides et qu'il a fallu accélérer le mouvement, enfin bref au global l'histoire de Call of Pripyat reste plutôt solide et surtout intrigante jusqu'à la dernière heure de celle-ci.
Concernant le monde en lui-même, Call Of Pripyat reprend la même formule que ses aînés tout en améliorant grandement celle-ci, en séparant l'ensemble de la carte en seulement 3 zones, mais de très grandes tailles, un peu à la manière de Metro Exodus comme exemple récent, et cela n'est pas étonnant quand on sait que plus de la moitié de GSC était parti pour bosser sur Metro après la "faillite".
Call of Pripyat fonctionne parfaitement sur ce point et on prend un réel plaisir à parcourir les 3 zones, et ce, malgré la multitude d'allers-retours nécessaires.
Le monde offre suffisamment de variétés de lieux, que cela soit visuellement ou dans les approches possibles que cela offre au joueur une aventure complète assez passionnante sur le plan de l'exploration et de la découverte d'endroits toujours plus intrigants et horrifiques par moments.
Cependant, j'ai trouvé la “Zone” un poil trop vide, certes, c'est une ville et ses terres qui l'entourent en pleine désolation, mais on aurait souhaité plus de traces du passé et j'ai même senti un léger recul en la matière comparé au premier épisode de la série.
De plus, les lieux ne sont peut-être pas au même niveau mystique et intriguant qu'ils pouvaient l'être dans Shadow of Chernobyl et n'ont pas vocation à vous absorber de longues heures en leur sein, on fait malheureusement, vite le tour de chacun d'entre eux.
Mentionnons quand même le passage entre la deuxième zone et Pripyat qui fait resurgir les souvenirs des sensations de SOC et on aurait souhaité plus de passage comme cela, d'autant plus vers la fin.
Il n'empêche que la sensation de liberté n'a jamais été si palpable dans un Stalker, on est en droit de faire ce que l'on veut quand on veut de la manière qu'on le souhaite.
Les conséquences pourraient être tout aussi amusantes que tristes et c'est tellement agréable de se sentir libéré des règles envahissantes qui régissent bien trop de jeux aujourd'hui.
Vous pouvez tout aussi bien foncer tête baissée jusqu'à la fin du jeu, ou y passer 5 fois plus de temps et retourner la carte pour découvrir tous les secrets qu'elle renferme, mais lui le jeu ne vous attendra pas et le monde vit au grès des émissions à éviter chaque jour.
Le monde se veut plus vivant et naturel, Call Of Pripyat réussit presque tout sur ce point, dommage que les lieux ne soient pas plus grands et intéressants à visiter.
Dans sa globalité Call of Pripyat reste plus abouti que ses aînés, mieux construit et mieux fini, comme je m'y attendais et procure tout ce que j'avais apprécié dans le premier de la série. Malheureusement j'ai peut-être pas été autant absorbé que dans SOC car l'histoire si elle se tient manque peut être d'ambition à l'image du monde en lui-même qui si il est parfaitement construit n'offre pas les mystères et la curiosité que j'avais trouvé dans SOC.
Mais ne soyons pas trop gourmand Call Of Pripyat reste un épisode qui corrige tout ce qui n'avait pas été réussi dans Clear Sky tout en améliorant la formule du monde ouvert, on regrette presque que cette “Zone” ne fût pas là dès 2007 et le premier épisode.
Si elle n'a pas la portée de ce qu’on a pu voir à la fin du premier de la série, l'histoire reste tout de même passionnante tout au long de l'aventure jusqu'au final qui accélère un chouilla trop le mouvement dans une tentative de certainement finir le jeu avec le maigre budget restant dans les caisses.
Mais qu’importe aucun Stalker, n'est parfait, et même Shadow Of Chernobyl souffrait lui aussi de défauts majeurs, mais comme l'accoutumé la formule présentée ici reste unique par son ambiance et les thèmes abordés, tout en s’inspirant des gloires de l’immersive sim majoritairement issus du passé.
Je recommanderai quand même amplement cet épisode de la série, car ce type d'aventure se faisant de plus en plus rare cela a été un vrai plaisir de replonger dans la “Zone” et un bol d’air frais vidéoludique.