Dans la sphère videoludique indépendante, le studio Raw Fury avait jusqu'ici toujours su nous impressionner avec des titres remplis d'une énergie créative folle. Que ce soit son plateformer coloré Gonner comme sa sublime duologie Kingdom, ou même encore l'excellent jeu de stratégie BadNorth... je faisais partie des gens qui attendait avec une impatience messianique le petit nouveau de l'écurie : Sable.
Dès les premières secondes de la bande annonce, j'étais déjà conquis. Une esthétique moebiusienne accompagnant une jeune fille voguant à travers les dunes sur une moto spatiale ? Je disais vendu, Raw Fury, sans hésitation.
Deux ans après sa sortie, je me jette dessus à corps perdu, avec l'espoir enfantin de retrouver une épopée initiatique et spirituelle telle que celle de Journey. Mais très rapidement, le jeu me rappelle à la réalité, mettant à l'amende un éventuel minimalisme en dévoilant une carte, des items à collecter, des quêtes à accomplir, des PNJ à rencontrer
Il ne faudra cependant pas s'attendre à entendre autre chose que l'excellente bande-son composée par le groupe Japanese Breakfast, puisqu'aucun voice acting n'est présent dans Sable. À la manière d'un roman, vous lirez les nombreuses descriptions du point de vue intérieure de la jeune Sable.
On retrouve vite l'influence de Zelda: Breath Of The Wild, puisque notre jeune héroïne aura elle aussi la possibilité de grimper partout, tout en faisant quand même attention à sa jauge d'endurance. C'est très rapidement que Sable brise tout rapprochement possible avec un jeu d'ambiance comme avait pu le faire l'entièreté de l'écurie de Annapurna Studios, en cause : une optimisation complètement infâme.
La quantité phénoménale de chute de framerate, de bug de synchronisation audio, de clipping et j'en passe, auront malheureusement tôt fait de vous retirer toute sensation d'immersion dans ce monde désertique coloré. Loin d'être injouable (quoique...), le jeu peine aussi énormément à nous introduire dans son univers via une succession de quête fedex effroyablement redondantes et peu inspirées, qui vous feront rapidement lâcher un soupir d'ennui.
Pourtant, on croit d'abord avec beaucoup de ferveur à Sable. À sa proposition artistique digne d'une bande dessinée SF des années 70, fleurant bon le Drouillet, le Jodorowsky, le Bess et surtout le Moebius, mais surtout à son propos autour de la voie à choisir quand débarque l'entrée dans l'âge adulte.
Mais l'enchaînement de problème technique freinera le joueur désireux de s'évader en dévalant les dunes, et donnera finalement l'impression d'avoir joué à un jeu lambda à l'objectif vu et revu.
On en rêverait presque, de ses plaines ardentes, mais le rude rappel à la réalité fait mal.