Qu'il est compliqué de noter Sea of Thieves. Compliqué car c'est un des rares jeux qui va reposer avant toutes choses sur les attentes des joueurs mais aussi de leur capacité à s'émerveiller de tout et de rien.
C'est pourquoi vous verrez de tout et de rien dans les avis, tant certains accrocheront et d'autres non. Il est même plutôt aisé de donner deux notes au jeu : Une d'un point de vue purement "technique" et l'autre en parlant avec le cœur.
Ce 8/10 c'est bien entendu avec mon petit organe pompeur de sang que je le donne. Tout d'abord parce que c'est Rare, les papas de bons nombres de jeux que j'aime et à qui j'avais vraiment beaucoup de peine en les voyant abonnés aux jeux de commandes et aux avatars Xbox. Mais qu'ils reviennent enfin sur les devants de la scène avec un jeu qui, on le ressent clairement, vient d'un amour incroyable pour cet univers de pirate cartoon et burlesque, mettant en parodie toute la mythologie autour, c'est quelque chose qui m'enchante au plus haut point.
Mais que fait-on dans SoT ? Hé bien on navigue déjà. Et c'est bien. C'est même le meilleur feeling de navire qu'on ai pu apercevoir dans un jeu vidéo, tant sur la physique du bateau, voguant au gré des remous de l'océan (somptueux), que sur l'ambiance sonore, avec ce bois qui grince à chaque changement du vent, ces cris de mouettes au loin et surtout, ces petits sons qui retentissent lorsque vos voiles sont parfaitement aligné au vent ou que votre boulet de canon atteint sa cible (je ne m'en lasse jamais). Mais ce qui fait évidemment le sel du jeu, c'est la coopération. Vous pouvez naviguer en bon vieux loup de mer solitaire bien sur, mais rien n'égale l’expérience à plusieurs, que ce soit sur une sloop (2 joueurs), un brigantin (3 joueurs) ou un Galion (4 joueurs). Dans la dernière configuration, il faudra attendre que chacun prennent ses marques et trouvent son rôle fétiche. Certains adorerons scruter chaque recoins de l'océan du haut de la vigie pour apercevoir terres, navires ou trésors sur l'océan. D'autres (comme moi) adorerons se placer derrière la barre et diriger son puissant vaisseau pour arriver à bon port, pendant que d'autres scrutent la variation du vent et oriente vos voiles pour que votre brick soit toujours à bonne vitesse (et que tinte cette petite musique si satisfaisante).
Bien entendu, qui dit "jouer avec des copains" veut forcément dire "bonne ambiance" mais qui mène souvent à l'anarchie. Les trajets ne sont pas très longs mais on ne pourra pas s'empêcher de faire le zouave pendant qu'il ne se passe rien à l'écran. Il arrivera fréquemment que votre équipage entier se retrouve à boire du grog sur le pont pendant que deux compagnons se décident à jouer un petit air de musique convivial (qui se transforme rapidement en torture des oreilles dès le moment où les musiciens ont trop bus et que les notes se désaccordent).
Puis soudain c'est un peu la panique. Vous voyez un loin une épave qui abrite surement un trésor enfui. Alors on range la Vielle à roue, on prend son souffle et on espère avoir dé-saoulé le temps d'arriver à destination. La cale est pleine, bingo.
Au retour, les mains chargées de coffres et autres trucs de valeurs, un galion de joueurs loin d'être pacifiste vous a vu au loin et n'est clairement pas ici pour échanger des courtoisies. S’enchaîne alors une énorme machine de guerre, dont les engrenages se composent de vos compagnons flibustier et de votre capacité à agir en coopération. Deux vont commencer à aligner les canons et tirer sur la coque du navire pendant que deux autres vont commencer à réparer et écoper l'eau au fond de la cale, qui a pu commencer à rentrer.
"J'ai plus de boulet, je vais en chercher ! Quelqu'un prend le relais ?", "Je prends mon tromblon et je vais à bord défoncer ces margoulin, qui me suit ?", "attention on fonce droit sur des rochers, quelqu'un à la barre ?". C'est souvent après un dur combat que l'un des navires finit par sombrer, s’enchaîne alors une rapide récupération de ressources (Boulet de cannons, bananes ou planche), voire même un butin. On peut ressortir le rhum et renvoyer la musique, car on fête une victoire ce soir.
Ce que vous voyez plus haut est une anecdote basé sur une expérience de jeu, et SoT est une machine pour ça. Il saura créer des moments géniaux que vous n'oublierait pas de si tôt (mais pour ça il faut des amis dans le même délire !) notamment à l'aide des 3 types de quêtes, qui ne sont vraiment là que pour provoquer ces anecdotes. C'est toute la force de ce SoT et c'est quelque chose que beaucoup de jeu de l'époque faisait et que beaucoup oublient de faire de nos jours. Forcer le joueur à jouer le jeu, à vivre son aventure à fond, sans forcément être pris par la main ou avoir une variation de gameplay tout les quarts d'heures. C'est quelque chose de particulier, il est certain, mais terriblement satisfaisant pour les amoureux de roleplay.
Bien entendu, le jeu n'est pas exempt de défaut ! Le contenue actuel reste assez chiche (malgré la promesse d'un End Game trop cool sous réserve du grind intensif de la réputation auprès des différentes factions) et le jeu montre clairement qu'il a la possibilité d'intégré un maximum d'idée mais qu'il les gardent de côté. La vrai question c'est : Pourquoi ?
Pourquoi limité autant l’expérience de jeu alors qu'on a tout un tas d'idée ? Pourquoi il arrive fréquemment qu'on pense à quelque chose qui aurait du être dans le jeu ?
La vrai réponse se trouverais plutôt du côté de Microsoft. Rare n'étant plus tellement une machine à fric comme il le fut un temps, c'est toujours compliqué pour quelqu'un comme le géant américain (qui vend des Xbox à perte, on le rappelle), de glisser un gros budget pour un jeu qui s'adresse clairement à un type de joueurs particuliers. Il a fallu donc faire un soft launch afin de tâter le terrain et voir si on peut envoyer le maximum derrière (ce qui semble être le cas au vue des chiffres et des dernières annonces des développeurs). Chapeau d'ailleurs à la magnifique combine sur le prix. Mettre un jeu intriguant comme celui-ci (surtout après l'échec No Man's Sky) à 70€ mais le proposer day one avec son offre gamepass (à 9,99€/mois dont 14 jours gratuit), c'était la meilleure manière de faire en sorte de toucher le plus de joueur. Mieux encore, certains ne reconduiront peut être pas l'abonnement à la fin des 14 jours, mais le jeu apparaîtra encore dans sa bibliothèque, prêt à le tenter chaque seconde de venir arpenter la mer.