Shadows of the Damned a été annoncé comme une petite révolution dans le monde du jeu vidéo horrifique japonais. Il faut dire que l'argument commercial donnait envie : un jeu réalisé par Suda 51 (Killer7, No More Heroes), produit par Shinji Mikami (Resident Evil) et avec les musiques d'Akira Yamaoka (Silent Hill).
Mais bon au final, "tout ça pour ça ?" j'ai envie de dire.

Au niveau du visuel, je n'ai pas grand chose à reprocher, c'est complètement délirant, gore et malsain. Tout le long du jeu, on parcourt des environnements soignés afin d'affronter des ennemis aux designs marquants. A moins de ne pas du tout adhérer au design, on prend plaisir à avancer dans ce monde de mauvais goût totalement assumé. Garcia "Fucking" Hotspur est un héros volontairement ringard mais attachant, grâce à son côté latino qui joue beaucoup sur l'ensemble du jeu. Son partenaire Johnson, la squelette bavarde qui se transforme en armes, nous sort régulièrement des répliques amusantes qui collent parfaitement avec l'aspect second degré omniprésent de l'univers.

Par contre techniquement ce n'est pas vraiment fou-fou. Le jeu utilise UnrealEngine et ça se voit. Les textures mettent parfois 5 secondes à s'afficher, et nous font patienter avec des bouillis de pixels dégueulasses. L'aliasing est très prononcé, et comme dans beaucoup de jeux soit-disant "next-gen", un effet de flou est constamment appliqué à l'écran, en nous donnant l'impression de jouer avec des lunettes huilées. C'est dommage de gâcher comme ça un univers aussi attachant.

Le jeu est un TPS bourrin qui ressemble beaucoup à Resident Evil 5 dans son gameplay mais en beaucoup plus fluide et pratique. Nous n'avons que 3 armes, mais elles s'améliorent au fur et à mesure de l'aventure et sont assez amusantes à utiliser grâce à des effets d'impacts et de gore bien fichus. Bien qu'un peu trop facile, SOTD propose des combats bien rythmés et efficaces.

Le problème, c'est qu'en dehors des combats, l'aventure est un peu bancale, avec des phases de recherche de clés vieillots et interminables. A quelques reprises, on peut trouver des level designs intéressants (en particulier celui avec les escaliers qui pivotent), mais en général ça reste très linéaire et ultra répétitif.
Les quelques niveaux qui essayent de changer le gameplay principal ne donnent pas grand chose de mémorables, comme par exemple le quartier chaud avec le Big Boner.
Le pire est quand même les 3 chapitres sous forme de shoot'em up en 2D. Dans le principe, je trouve ça vachement sympa de changer radicalement le jeu et nous proposer quelque chose d'old-school. Sauf qu'au final, c'est long et mou, on s'ennuie plus qu'on s'amuse, surtout que ces 3 niveaux sont accompagnés d'une musique soporifique de merde (oui, j'ai bien dit de merde, et pourtant je parle d'un jeu avec les musiques d'Akira Yamaoka).

Parlons-en d'ailleurs tant qu'on y est. Même si la musique de Yamaoka a marqué incontestablement l'histoire du jeu vidéo, il faut quand même avouer qu'il était bien moins inspiré dans les derniers jeux. La BO de Shadows of the Damned n'est pas mauvais, mais ça reste très en dessous de celles de Silent Hill 2 et 3. On retrouve ici une espèce d'auto-parodie creux et trop timide pour se renouveler en laissant de côté le gros logo de Silent Hill qui flotte au dessus de lui.
De plus, depuis Silent Hill: Origins, Akira a la fâcheuse tendance de reprendre paresseusement les bruitages des anciens jeux. Même si reconnaître les bruitages de Silent Hill en jouant à SOTD est amusant 5 minutes, ça devient très soûlant au bout d'un moment. Si Akira a su construire toute une identité sonore dans les Silent Hill, ce n'est pas pour qu'il soit remixé dans un autre jeu.

Au final, Shadows of the Damned est un jeu plaisant, avec des combats amusants et un univers totalement barré. Mais ça reste tout de même une aventure répétitive et un peu trop facile. Comme on pouvait s'y attendre, le titre de Grasshopper s'écrase un peu sous le poids de ces 3 gros noms derrière la jaquette. Un bon divertissement, mais très loin d'un chef d'œuvre.

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le 29 janv. 2012

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ThoRCX

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