Le diable s'habille en 2D
Habituellement, je commence mes “critiques” par une blague ou une situation rocambolesque qui me permet de présenter intelligemment le jeu. Là, j’ai tout donné pour trouver le titre donc je vais passer directement au test de ce portage 3DS.
Car oui, ce jeu n’est pas grand chose de plus qu’une adaptation pour la 3DS de Devil Survivor originalement paru sur DS. Il y a bien quelques ajouts : (mauvais) doublage des personnages, de nouveaux démons et un chapitre final qui ne conclut pas vraiment plus l’aventure. À part ça, l’action se déroule toujours sur l’écran du bas donc pas d’effet 3D (hormis très occasionnellement mais c’est moche) et l’aspect graphique est inchangé par rapport à l’opus DS. Ça c’est fait ! Pourtant, malgré ce portage paresseux, le jeu est excellent.
Vu que je fais tout dans le désordre, parlons du jeu lui-même maintenant. C’est l’histoire de 3 adolescents (quelle surprise !) qui se retrouvent coincés dans le blocus d’un quartier de Tokyo par l’armée. Les raisons à ça sont bien évidemment inconnues et ne se dévoileront qu’au fur et à mesure de l’intrigue qui se déroule sur 7 jours. Chaque action entreprise par votre petit groupe (discuter avec quelqu’un, mener un combat) décomptera d’ailleurs 30 minutes de votre précieux temps avant l’échéance ultime sonnant la destruction de l’espèce humain (et peut-être même la galaxie tant qu’on y est). Tout se décide sur une carte 2D fixe où les possibilités sont clairement affichées. Ça peut sembler rébarbatif pour certains mais le fait d’éviter un monde ouvert dans lequel se promener permet de se focaliser vraiment sur la gestion du temps. Durant les premiers jours, le jeu vous assiste pas mal en récapitulant ce que vous devez déjà avoir compris et ce qu’il faut faire. Ça s’arrête heureusement au bout d’un moment afin de vous laisser choisir l’orientation de votre héros.
Shin Megami Tensei oblige, tout tourne autour de démons qui se matérialisent dans la dimension humaine pour mettre le bordel. Dis comme ça, l’histoire peut paraître simpliste mais elle ne l’est pas du tout. Elle est même étonnante de maturité au vu des thèmes abordés : religion, fanatisme, spiritualité, place de la technologie et bien d’autres. Un vrai questionnement se fait et vous devrez faire des choix tranchés qui diviseront forcément vos amis et le reste du monde. Rien que pour son scénario, Devil Survivor Overclocked vaut le coup même si les dialogues ne sont pas toujours bien écrits. Mais ce qui est plutôt sympa, c’est qu’il y a une vraie complémentarité avec le gameplay.
J’ai déjà mentionné ce compteur de temps quotidien qui engendre des décisions douloureuses (sauver tel personnage ou aller affronter un méchant ici…) mais ce n’est pas tout. Vos héros sont équipés de petits ordinateurs (COMP) qui permettent d’interagir avec le monde des démons. Cela affiche par exemple un petit compteur au-dessus de chaque personnage indiquant le temps qu’il lui reste à vivre et donc avant quand vous devez vous bouger les fesses si vous voulez le sauver. Par l’intermédiaire du COMP, il est aussi possible de recruter ou fusionner des démons afin de les utiliser dans les combats.
Chacun de vos héros peut être flanqué de deux démons pour les phases d’affrontement. Assez classiquement chaque monstre a un type (feu, glace…), qui lui vaut des faiblesses et des forces, et des capacités passives ou actives. Concernant les combats, il s’agit d’un mélange habile de vue tactique à la Fire Emblem et phase au tour par tour Dragon Questienne. Je m’explique : le terrain est divisé en petits carrés sur lesquels vous déplacez vos personnages (Fire Emblem). Lorsque vous êtes suffisamment proches, vous pouvez attaquer l’ennemi et le jeu passe alors sur une vue subjective (Dragon Quest). Là, vous décidez de chaque action à effectuer en priant bien fort pour que ça marche comme prévu. Le système est assez profond et truffé de possibilités. On passe l’ensemble du jeu à changer de démons, tester de nouvelles capacités ou combinaisons plus ou moins efficaces. La vue tactique paraît de prime abord inutile puisqu’une approche force brute fonctionne au début du jeu. Mais celle-ci prend tout son sens dès le premier boss (où vous allez prendre une déculottée). Il faut alors faire attention à être hors d’atteinte des ennemis ou proche d’un allié pour qu’il puisse vous soigner.
Devil Survivor Overclocked est assez difficile (surtout les boss) mais chaque échec permet de s’améliorer. On finit par connaître les meilleurs déplacements pour éviter les coups tout en utilisant des démons complémentaires. Un combat gagné est une petite récompense en soit. Le jeu ne force pas non plus le grinding puisqu’avec un peu de réflexion, on peut vaincre la plupart des ennemis en utilisant avantageusement types et capacités.
Allez, en dehors de ça, citons les trucs pas terribles : des bugs qui font râler (depuis corrigés par un patch sur l’eShop), le mini-jeu pour l’enchère des démons vraiment inintéressant, pas de localisation (tout est en anglais) et un portage bête et méchant. Il ne s’agit peut-être pas du JRPG le plus attrayant mais c’est pourtant l’un des plus gratifiants que cela soit pour son histoire ou ses combats tactiques. Je recommande donc chaudement malgré quelques errements. Bon, je sais, finir par une rime, c’est pas terrible mais j’ai pas trouvé de blague non plus pour la conclusion. Et pis normalement personne n’a lu jusque là alors c’est pas grave !
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