Shin Megami Tensei V
7.6
Shin Megami Tensei V

Jeu de Atlus et Nintendo (2021Nintendo Switch)

Mon premier Shin MegaTen, le Pokemon adulte

Je connaissais de loin la saga des Shin Mega Ten (dont à l'orrigine, le nom ne se voyait d'ailleurs pas affublé du terme "Shin" à l'époque de la NES). Surtout avec les persona, dérivation de la lignée principale, qui jouissaient d'une grande réputation dans nos contrées, plus que la série principale. C'est donc avec la sortie de cette nouvelle itération sur l'hybride de Nintendo que je me lance dans la découverte de la formule. Et mon dieu quelle découverte ! En grand et vieux fan de Pokemon que je suis, essentiellement pour les mécaniques d'élevage de monstres, j'ai été comblé. Mais je reviendrai sur cet aspect un peu plus loin.


Votre héros, un Nahobino (concept qui sera explicité au cours du jeu) devra évoluer dans un Tokyo Post-apo désertique. La structure des niveaux est plus ouverte que ce que les habitués de la série peuvent voir d'habitude. On oublie les donjons avec les couloirs et les corridors bien structuré comme il faut, pour une structure plus éclatée et organique. Il faudra malgré tout passer par des points de contrôle obligatoire représenté par des boss ou des dialogues qui feront avancer l'intrigue. Les quêtes secondaires que l'on nous proposera ça et là ont peu d'intérêts scénaristique si ce n'est d'être plus une excuse à explorer les niveaux plus en profondeur. Ce qui nous permettra parfois de dénicher des créatures qui se trouvent exclusivement dans certaines zones d'un niveau. Disons-le tout de suite, si en terme de direction artistique les niveaux sont agréables à parcourir (à condition de ne pas être réfractaire à la vue d'un grain de sable) ils sont surtout très long. Il faut compter, si comme moi, vous voulez tout faire dans le jeu, une vingtaine d'heure de jeu par niveau. Malheureusement au sein d'un même niveau, les décors se renouvellent assez peu et il faudra parfois un peu de temps avant d'apprivoiser pleinement chaque zone d'un niveau. Ca peut rendre parfois l'expérience de l'exploration un peu rébarbative. D'ailleurs pour motiver le joueur à l'exploration, on retrouve diverses récompenses classiques propres aux RPG comme des coffres et autres babioles à vendre, mais surtout des petits personnages au noms étrange de "miman". L'intérêt de trouver ces personnages est similaire à ce que l'on a pu retrouver dans "Zelda: Breath Of The Wild" avec les Korogu. Après un certain nombre de ces bonshommes retrouvés, des récompenses à intérêt variable nous seront octroyées (et pour ceux qui veulent tous les attraper, ici, on vous offrira autre chose qu'une crotte, soyez rassuré). Cette mécanique peut rebuter certains joueurs, mais vraiment, il ne s'agit pourtant pas d'un passage obligatoire. Jamais nous ne serons contraint de devoir tous les trouver, même par l'appât du gain tant les bonus ne sont pas toujours intéressant au vu de l'investissement du temps dans la recherche. Bref, on voit bien que toute la structure du jeu dans laquelle on évolue à été savamment réfléchie, mais le développeurs ont peut-être été là trop généreux.


Un autre élément qui confère au jeu un sentiment d'évolution rébarbatif, les musiques. Elles sont variées et même nombreuses (quoique les thèmes de combats commun à tous le jeu peuvent vite lasser). Cependant, au sein d'une zone dans un niveau, vous n'entendrez qu'un même thème dont la boucle ne dure que 2 ou 3 minutes tout au plus. Et dans une zone, à votre premier passage, vous y resterez un certain temps pour tout les éléments que j'ai évoqué plus tôt. Et ce, même si vous ne souhaitez pas tout découvrir.


Un autre élément du jeu tiédasse qui n'est pas en reste, le scénario. Au global, il s'agit surtout d'un conte ultra-manichéen mettant en scène les forces du bien contre les forces du mal. Quelques nuances viendront se glisser au cours de la narration, mais ne vous attendez pas à quoi que ce soit ni d'original ni de vraiment intéressant. Parfois, le récit s'ouvrira sur des thématiques plus pragmatiques, comme le harcèlement scolaire (thème très cher aux japonais), la recherche du moi profond par une croyance sectaire ou encore le sens du devoir à toute épreuve. Mais comme dans beaucoup trop de récits de jeux japonais, ces thématiques sont surtout des parenthèses que l'on ouvre très rapidement et qui seront refermées aussitôt à tel point que si vous aviez cligné des yeux, elles auraient pu vous passer par dessus l'épaule. Reste que dans son dernier tiers, le jeu approfondira un peu plus son univers propre. C'est personnellement ce que j'ai trouvé de plus intéressant dans le récit de ce jeu. A titre personnel, je préfère quand un jeu prends le temps d'explorer son propre univers, quitte à ne rien dire d'autre, plutôt que d'avoir l'ambition d'aborder des thématiques diverses et variées sans le faire avec quoique ce soit d'intéressant ou de nouveau dire. Les cinématiques se montrent tantôt un peu plate dans leur mises en scène, tantôt violentes et stylisée. Ce traitement inégal tends à ne pas toujours s'intéresser à l'histoire. Pour nous impliquer, plusieurs fois le jeu nous proposera des choix pendant une conversation, mais ces choix n'ont jamais de conséquences sur le jeu, quel intérêt ? Je vous le demande... Par contre, avant d'entamer la dernière heure du jeu, et d'atteindre les quelques combats de fin, un choix décisif vous sera proposé et décidera de l'une des fins multiples que vous débloquerez. Pour les complétionnistes comme moi, soyez rassurés, le sésame d'un mode "New Game +" vous sera accordé après la cinématique finale.


Enfin, parlons de l'éléphant au milieu de la pièce... Oui, techniquement, c'est faiblard. Et je suis poli. Certaines textures sont hideuses et parfois se chargent lentement. La fluidité du jeu en pâti dans certaines zones chargés d'éléments à afficher, d'autant plus quand ces éléments se meuvent dans l'espace. Mais la direction artistique vient largement rattraper tout cela et fait bien plus que d'être un cache-misère graphique du jeu, d'autant plus que ces défauts n'empêche pas une bonne lisibilité du jeu ou de l'action. Nul doute cependant que dans une future version PC (qui n'est qu'une rumeur à l'heure où j'écris ces lignes) ces défauts seront corrigés.


Je donne l'impression de me confondre en litanie sur quelques éléments qui me semblent n'être que des défauts mineurs ou qui ont finalement peu d'importance dans un jeu-vidéo. Pourtant deux éléments forts font de ce jeu un J-RPG pour adulte presque incontournable. D'abord, la direction artistique adulte, quoique mariée à un aspect manga-shonen appuyée avec un léger cel-shading. L'aspect de monstres est très évocateur et reprends une grande partie du bestiaire des mythes de notre monde. Sans atteindre l'exhaustivité, le nombre des créatures atteint un nombre important et la rencontre de nouvelles monstruosité se fait régulièrement, ce qui est un réel plaisir lorsque l'on découvre un potentiel nouveau compagnon de route. Les artistes de jeu n'ont pas l'air d'avoir eu leurs créativité bridée et offre une représentation très personnelle des démons ou autres déités plus ou moins connues. Si quelques-uns sont un peu moins réussi ou semblent assez classiques, la majorité d'entre eux vous feront soit sourire pour leur aspect grotesque, vous réchaufferont le coeur avec leur coté trop mignon, vous mettrons des étoiles dans les yeux pour leur classe et même, pourrait exciter les plus sensibles par le côté charmant et ultra-érotique de certains. En ce qui me concerne c'est ce dernier aspect qui m'a vraiment marqué, tant il s'agit d'une imagerie que l'on voit trop rarement dans les jeux. Comme si l'on devait systématiquement asséner les joueurs de contenu rempli de pudibonderie, parce que vous savez, après tout, ce sont des jeux...


Deuxième élément fort du jeu, son gameplay. Certains prétendent qu'il ne s'agit que d'un élément parmi d'autres au sein d'un jeu, mais ce ne sont que des ignares. Comment un jeu qui a des mécaniques de jeu désagréables, désuètes ou mal équilibrée pourrait être considéré comme un jeu ne serait-ce que médiocre ? Non, un jeu-vidéo, c'est la jouabilité avant tout et c'est ce qui forme en premier lieu son aspect désirable ou non. Je m'égare un peu, mais tout cela pour dire que pour tous les défauts précédemment cités, la jouabilité solide de ce Shin Mega Ten les balayes du revers de la main. Les affrontements se reposent sur des fondamentaux classiques du RPG japonais au tour par tour. Forces et faiblesses élémentaires, statistiques propre à chaque personnage, limitations des compétences acquises qui forcent le joueur à réfléchir à une certaine complémentarité au sein des éléments qui composent son équipe. Bref, tout ça, c'est connu. Atlus rajoute sa propre sauce que l'on connait déjà de ses autres jeux; des bonus lorsque l'on tape sur une faiblesse de l'adversaire, une difficulté relevée (quoique le jeu offre pas mal d'option d'accessibilité pour les moins habitués), des animations et des effets impressionnants. Tout cela liés au système unique à la saga Shin Mega Ten de discussions (à la tournure souvent très cocasse) avec les monstres afin de les recruter, de fusions de créatures afin d'en obtenir des plus puissantes et ici de personnalisation poussée très loin, les compétences d'un monstre pouvant être transmises à un autre. Rarement le genre de jeu d'élevage de monstre offre autant de possibilité, surtout lorsque l'expérience se concentre uniquement sur le "joueur contre l'environnement" (PVE pour les non-anglophobes). Le jeu aura à ce titre l'occasion de vous mettre régulièrement à l'épreuve afin de tester l'efficacité de votre équipe, même en mode "New Game +" !


Shin Megami Tensei V est donc une expérience complète d'un RPG au tour par tour en plus d'offrir des éléments très originaux pour un jeu du genre. A noter que le jeu permets d'acheter du contenu supplémentaire (payant bien entendu, faudrait pas être top généreux), mais celui-ci fait plus office de gourmandise bienvenue pour les plus boulimiques, mais se voit être plutôt anecdotique pour les autres. Même si l'on pourra principalement regretter l'absence d'un scénario captivant quoique tout juste honnête, et éventuellement des faiblesses techniques pour les plus techno-fétichistes lourdingues, le jeu est assurément un incontournable pour les adultes amateurs de J-RPG et possesseurs de la dernière console de Nintendo.

Valoo24
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le 24 févr. 2022

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