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Shin Megami Tensei V: Vengeance
8.3
Shin Megami Tensei V: Vengeance

Jeu de Atlus et Sega (2024PlayStation 5)

La vengeance est un plat qui se mange réchauffé chez Atlus. Quand on est fan comme moi de leurs jeux, on est aussi malheureusement coutumier de la surexploitation dont ils font preuve à l’égard de leurs licences. Les traditionnels DLC day one à base de démons exclusifs, costumes et musiques issues d’anciens épisodes ou encore EXP et argent facilités. Les spins off à foisons. Les animés et les goodies…Dans un autre genre ils sont aussi adeptes de ressorties de leurs jeux dans des versions augmentées. Persona 3 FES déjà à l’époque de la PS2, preuve que la pratique ne date pas d’hier. Persona 4 Golden, Persona 5 Royal, Persona 3 Reload (une version avec protagoniste féminine + épisode Aegis inclut serait dans les cartons que je n’en tomberai pas de ma chaise) … La tradition s’étend désormais à la série canonique via ce Shin Megami Tensei V Vengeance qui profite de sa ressortie pour s’émanciper de son exclusivité Switch. L’occasion de le refaire, une 3éme fois pour ma part, sur PS5 en 60 FPS.

Pour quelle version console opter ?

Car s’il y a bien quelque chose qui ressortait de la version switch c’est qu’elle semblait un peu étriquée en comparaison de ses ambitions. Sans être honteux non plus, on pouvait tout de même s’accorder à minima sur le fait que le jeu méritait une bécane un peu plus débridée pour lui rendre justice. Difficile donc de recommander cette version Vengeance à nouveau sur Switch quand l’opportunité d’y jouer en beaucoup plus fluide est offerte chez le voisin. Si vous n’avez pas d’autres choix que la Switch qu’à cela ne tienne, ça se fait bien. Mais si vous avez le choix il n’y a pas photos.


Déjà il faut savoir que Shin Megami Tensei V : Vengeance n’est pas à SMTV ce que Shin Megami Tensei IV Apocalypse était à SMT IV. Apocalypse était un tout nouveau jeu dans le même univers que SMT IV. Vengeance est le même jeu dans une version retravaillée et augmentée.

Qu’apporte concrètement cette version Vengeance ? Est-elle supérieure à la version de base ?

La suppression pure et simple de la version de 2021 de l’eshop de la Switch répond partiellement à la question puisque vous n’aurez de toute façon « pas le choix ». Les guillemets ne sont pas anodins car en réalité le choix vous l’aurez au commencement d’une nouvelle partie. Le jeu vous proposera deux possibilités dès le départ : saisir ou non la main de la jeune fille. Si vous acceptez vous partirez sur le « canon de la vengeance », à savoir la nouvelle route offerte par cette version. Si vous refusez vous entamerez alors le « canon de la création » qui correspond aux routes de la version de 2021.


Ayant déjà écrit une critique de toute la partie « Canon de la Création » via le jeu switch je vous redirige vers elle pour plus de détails sur les qualités et défauts du jeu de base. Ici je m’attarderai seulement sur la nouvelle route et les ajouts de Vengeance.

https://www.senscritique.com/jeuvideo/shin_megami_tensei_v/critique/186772252

Yoko Hiromine, le nouveau personnage

Vous avez saisi la main de la jeune fille et vous commencez donc le canon de la Vengeance. Un des ajouts majeurs est donc la présence d’un personnage supplémentaire en la personne de Yoko Hiromine. Un double apport en réalité car non seulement le personnage sera jouable et vous accompagnera dans votre aventure mais elle permettra également un autre regard sur les événements. Elle constitue un apport narratif face au mutisme du héros (el famoso héros muet de JRPG…). En effet il sera récurrent qu’elle apporte sa vision des choses en vous demandant votre opinion. Ses analyses seront souvent pragmatiques, prise avec du recul sans laisser l’affect interférer mais ne manquant pas d’intérêt. C’est ces choix de dialogues qui détermineront d’ailleurs sur laquelle des deux nouvelles fins vous aboutirez. Si dans le jeu principal, les choix déterminant ne se faisaient que tardivement, ici c’est tout au long de l’aventure que vous tracerez votre voie morale. Un choix judicieux car si le héros mutique ne pose généralement pas de soucis, dans une aventure solitaire, cela pouvait le rendre très impersonnel. Un comble alors que le but du héros muet est justement de favoriser la projection du joueur… Yoko Hiromine, selon que l’on adhère ou non à sa vision des événements, devient alors soit la projection morale du joueur, soit elle le définit par contraste.


Changement dans la continuité

Au niveau du déroulé des événements, l’arc de la vengeance est à la fois une variante et un enrichissement de l’arc de la création. Avec lui c’est un nouveau quatuor d’antagonistes, les Qaditsu, que vous affronterez. Chacune d’elle viendra se greffer aux événements que l’on vivait dans Shin Megami Tensei V. Parfois elles remplaceront d’anciens boss mais souvent elles s’intercaleront entre deux. Si vous n’avez jamais fait SMT V avant, rien de tout cela ne vous choquera de toute façon car tout est très fluide sans que l’on ait l’impression que des choses aient été insérées au chausse pied. La première moitié du jeu est quasiment identique bien qu’enrichie en ajoutant quelques boss supplémentaires, variantes et interactions entre les personnages.


A partir de la seconde moitié (Le jeu se découpe en 4 régions + 2 donjons peu importe le canon choisi), on explore une nouvelle zone qui vient remplacer la 3éme du jeu de base. C’est Shinjuku qui a été choisi pour remplacer Chiyoda. Une vaste zone qui est une des plus réussies à mon sens. Même si je dois le reconnaitre, rien de détrônera la dernière zone, Taito, et son thème musical que je pourrais écouter 3 heures sans m’en lasser. Revenons-en à nos démons, euh moutons. Shinjuku offre un biome diamétralement opposé de celui de Chiyoda. Car si dans le jeu de base on arpentait un quartier calciné par Surt, ici c’est un cadre bien plus naturel qui sert de théâtre au 3éme acte. On peut donc considérer qu’un quart du jeu est totalement inédit même en terme de gameplay.


Plus de 50 nouveautés

Au-delà de ces gros ajouts c’est une multitude de rééquilibrage et d’options de quality of life qui ont été intégrée à cette version Vengeance. Atlus en a détaillé plus de 50 ce qui est très conséquent, certains étant même des changements majeurs dans l’équilibre du jeu. La principale c’est la possibilité de sauvegarder partout. On peut le dire, avec cet ajout, ce n’est plus le même jeu. Il est beaucoup plus confortable d’explorer sans risquer qu’une mauvaise rencontre nous place devant un écran de game over synonyme de dizaines de minutes perdues. Dans le jeu de 2021, on avançait très prudemment, quitte à multiplier les aller-retour entre un puit tellurique et une micro exploration pour revenir sauvegarder/se soigner. Un peu comme un chat qui explore un nouveau quartier en revenant à la maison et explorant un peu plus loin la fois suivante. Maintenant on enchaine les quick-save accessible en appuyant juste sur la flèche de gauche et clairement c’est toute la façon de jouer qui en est transformée. J’imagine que certains puristes adeptes de l’aridité à tout prix y verront une perte de l’identité de la saga. Pour ma part je trouve que le jeu en devient encore plus agréable sans sacrifier sa difficulté lors des combats de boss, toujours aussi retords.


Parmi les autres ajouts on peut citer les démons Magatsushi (des démons auréolés d’une aura orange) et qui demande d’être tués en un tour sinon ce sont eux qui le feront. Si vous réussissez, vous gagnez un objet permettant d’augmenter une stat d’un point pour un de vos démons. Il y a aussi la possibilité de monter jusqu’au niveau 150 au lieu de 99 sous certaines conditions (avoir fini le jeu une fois, lancer un NG+ et aller battre un boss surpuissants). Le jeu ajoute des tonnes d’autres choses comme les compétences passives innées pour chaque démon, un entraineur virtuel pour affronter des ennemis ou des vagues d’ennemis, des choix de dialogues bien plus nombreux lors des négociations avec les démons, des coefficients multiplicateurs en cas de combats successifs, plus d’options lors des fusions pour faciliter le processus, deux fois plus de quêtes annexes, tous les DLC de SMT V et j’en passe… Donc oui clairement dans les grandes lignes il n’y a pas vraiment de raison de jouer à l’ancienne version tant la nouvelle est pleine d’améliorations et de contenus.


La plume maudite

Comme je le soulignais dans ma critique initiale, l’écriture était complétement ratée. Vengeance permet de développer l’ensemble des personnages expliquant mieux leur trajectoire finale qui pouvait paraitre trop soudaine et incompréhensible alors. Des efforts louables venant mettre du liant mais qui ne peuvent de toute façon pas faire de miracle face à ce scénario confus dans lequel on a bien du mal à rentrer. Décidemment que ce soit par l’épure de 2021 ou l’enrichissement de 2024, quelque chose ne fonctionne pas dans ce que l’on tente de nous raconter. C’est d’autant plus malheureux que SMTIII réussissait dans l’épure et SMTIV dans quelque chose de plus narratif. Quand les fondations ne sont pas solides, l’édifice s’écroule avec ou sans dorures…


Sympathy for Ladies Vengeance

Shin Megami Tensei V : Vengeance est bel et bien la version ++ made in Atlus qui rend caduque la précédente. La nouvelle route est mieux rythmée, plus étoffée même si cela ne corrige que partiellement une narration bien trop brinquebalante pour pouvoir être rattrapée. La multitude d’apports et de corrections transforment le jeu et le rende plus plaisant que jamais à parcourir. Mon constat est finalement le même qu’à l’époque. Celui d’une machine parfaitement huilée dans ses mécaniques, dont l’exploration plus ouverte fonctionne très bien mais dont l’histoire est à mettre au second plan. C’est un JRPG de pur gameplay, artistiquement unique ne ressemblant à nul autre. J’ai de l’affection pour ce jeu car j’y prend à chaque fois beaucoup de plaisir même si certaines qualités fondamentales attendues d’un épisode canonique de Shin Megami Tensei manquent à l’appel. Si ce que vous recherchez c’est une grande aventure de groupe qui vous amènera dans des forêts magiques, des volcans et des grandes villes avec un château alors rebroussez chemin. Ici il n’y a que l’aridité du désert, l’urbex post apocalyptique et de fourbes démons qu’il vous faudra convaincre de vous suivre. Par contre si vous cherchez le dépaysement, le gameplay velu et la quintessence du tour par tour alors bienvenue. Le trône de dieu est vacant et il ne tient qu’à vous de décider quel type de monde vous souhaitez voir renaitre.

Joo-Hwan
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Journal d'un dévoreur de J-RPG et Le JJJ (Journal Jeu vidéo de Joo-Hwan)

Créée

le 26 juil. 2024

Critique lue 195 fois

5 j'aime

Joo-Hwan

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