Avant d'aller plus avant, il faut d'abord préciser un point: Silent Hill 2 est l'un des plus émouvants drames psychologiques tous médias confondus !
Voilà, c'est fait...
OST by Akira Yamaoka: The Reverse Will
https://www.youtube.com/watch?v=-Zi5InWwr_U&list=RD6LB7LZZGpkw&index=16
1999.
Après le succès inespéré de Silent Hill, Konami décide de surfer sur la vibe et confie l'écriture du nouveau jeu à Hiroyuki Owaku (qui avait précédemment travaillé sur le premier jeu en tant que programmeur et qui contribuera à presque tous les opus Silent Hill ultérieurs) avec dans l'optique de se concentrer plus avant sur le storytelling que sur l'ambiance horrifique.
Owaku s'appuya donc sur le concept du roman
Преступление и наказание (Crimes et Châtiments chez nous) de Fiodor Dostoïevski (où un meurtrier est confronté aux répercussions psychologiques de ses actes) pour construire la structure primaire de sa trame scénaristique
tout en conservant une touche esthétique glanée dans le méconnu - mais pourtant magnifique - film d'Adrian Lyne: The Jacob's Ladder.
On s'éloigne donc du mysticisme occulte du jeu inaugural - somme toute assez classique dans son déroulement narratif - pour s'orienter vers
une plongée douloureuse dans le psychisme d'un homme tourmenté par la perte de sa femme.
OST by Akira Yamaoka: Alone In The Town
https://www.youtube.com/watch?v=aalI-pmhgb4&list=RD6LB7LZZGpkw&index=8
Le côté horrifique est donc mis en sourdine puisque chaque intervenant principal (Maria, Angela, Eddie et même l'iconique Pyramid Head)
ne sont que les reflets de lui-même créées par son propre esprit
.
Reste l'énigmatique Laura qui semble se détacher du lot:
-est-ce une manifestation de ce qui aurait pu être l'hypothétique fille de James et Mary, si celle-ci avait survécu ?,
-est-ce alors une autre facette psychique de James..?
Ce n'est pas expliqué dans le jeu, ni dans ses différentes fins et encore moins dans l'excellente extension du jeu Born From A Wish, qui se concentre alors sur Maria et une mystérieuse petite Amy (
la "vraie Laura" ?
).
OST by Akira Yamaoka: Laura Plays The Piano
https://www.youtube.com/watch?v=i6L9Cbs0m_U&list=RD6LB7LZZGpkw&index=17
Bon, il faut quand même avouer que le fameux Pyramid Head reste bien flippant, que les nurses sont creepies à souhait et que les... les créatures sans bras capables de courir à plat-ventre (!) réservent leurs lots de frissons.
Oh !, sans oublier l'épaisse brume qui nous interdit de voir en profondeur dans les rues désertes de la ville.
Petit up aussi pour l'excellent sound design où les râles divers et variés des créatures résonnent longtemps dans les oreilles...
SH 2 est donc:
-
un voyage d'une tristesse insondable traitant de la perte d'un être cher,
-une réflexion sur la fatigue morale de devoir supporter la souffrance d'autrui,
-une analyse de la culpabilité qui ronge les sangs,
-une plongée psychanalytique dans les mécanismes retors de l'esprit...
Pour un simple jeu vidéo, c'est quand même beau, non ?
SH 2 va donc au-delà de sa raison d'être première et nous interrogent longuement sur notre perception
de la maladie, du découragement, de la douleur et de la mort.
C'est en fait même plus immersif qu'un film puisque ici, nous "vivons" dans l'univers
malade
de James pendant plusieurs heures (un minimum de 8 heures en règle générale) et il faut ajouter que la BO de Akira Yamaoka (qui illustrera tous les jeux de la franchise) y apporte sûrement sa petite contribution.
Si l'on excepte le premier segment au sein de l'immeuble Woodside Appartment qui oblige à faire 1000 et 1 aller-retours dans ses entrailles, tout le reste est d'une sombre beauté où
le réel a (fortement) tendance à être parasité par l'imaginaire de James
.
A moins que...
OST by Akira Yamaoka: Promise (End Credits)
https://www.youtube.com/watch?v=6qalGezr76o&list=RD6LB7LZZGpkw&index=2