Konami étant incapable de reconnaître le talent d’une équipe, ils cherchent vainement un studio apte à porter sur ses épaules le poids d’une série culte qui a marqué le monde vidéoludique : Silent Hill. Le choix s’est porté sur Climax Studios, petit studio britannique. Sont-ils capables de produire un jeu avec une écriture et un relief digne de Silent Hill 2 ? Surement pas. Mais espérons qu’ils arrivent à nous faire passer un moment sympathique en respectant les codes de la franchise.
Silent Hill Origins est respectueux du matériau d’origine (oui). On sent que les développeurs qui veulent créer un jeu qui suit les codes. Tout sent le Silent Hill : la map style carte qui se met à jour seule avec des coups de stylo, les angles de caméra tordus, la ville qui est détruite, le brouillard, certaines cinématiques qui font écho à des mobs d’anciens jeux, le retour de certains mobs… Ah bah non. C’est une erreur qui fait mal au jeu pour commencer. Pour aucune (AUCUNE) raison, on devrait retrouver le mob sans bras de Silent Hill 2. Certes, il est iconique, mais les mobs ont une raison d’exister dans chaque jeu. À la limite, on peut justifier pour les infirmières, même si ça pue le fan service. Sans parler des combats qui sont infects. J’ai ressenti davantage d’agacement dans ce jeu que dans les trois premiers. Les combats sont tellement lourds que finalement, on éteint la lumière et slalome entre les ennemis. Ils ne nous détectent même pas. On économise nos munitions et finalement on dézingue le boss. Boss qui devient très vite (de l’ordre des quelques minutes) un mob banal qu'on croise dans les rues. Ajoutons à ça le fait que les tuer soit inutile. À peine morts, quitter la pièce et revenir un script plus tard pour qu’ils réapparaissent tous. Pire : ils sont plus nombreux et plus dangereux. Finalement, le combat est inutile.
Le jeu propose des idées sympathiques sur le papier, mais peu exploitées. Certains environnements semblent sexy, mais finalement sont tièdes. Les boss semblent inspirés, mais d’une facilité déconcertante. L’histoire est vendue comme un préquel à Silent Hill sur PS1, de quoi susciter notre intérêt, mais finalement cela ne représente qu’une faible partie de l’intrigue. Le jeu préfère se concentrer sur l’histoire de notre personnage, histoire assez inintéressante. Les énigmes sont venues très convenues et surtout rares, on en trouve 2 ou 3 max par « donjon ». Quand on pense que c’était un élément important de la licence, c’est dommage. C'était audacieux de proposer au joueur de switcher aussi facilement et régulièrement entre les deux mondes par un miroir, ça contribue malheureusement à faire perdre le côté horrifique qui ne prend pas durant tout le jeu. Enfin, le jeu propose beaucoup de musiques, beaucoup plus que dans les anciens jeux. Les développeurs ont également cherché à créer un équivalent à Pyramid Head. Une espèce de boucher avec un long couteau et une plaque sur le visage qui recouvre la moitié de celui-ci. Sa première apparition est très similaire à celle de Pyramid Head : en train de faire du mal à un mob, sous-entendant que cet ennemi est tout en haut de la chaîne alimentaire. Par la suite, on croisera plusieurs cadavres de mobs qui présentent la même exécution. On devine que c’est toujours l’œuvre du Boucher. Tout ça pour qu’au final, on l’affronte dans un combat qui arrive comme un cheveu sur la soupe et qui est tout aussi facile que les autres combats de boss.
Bref, Silent Hill Origins n’est pas un mauvais canard pour la licence. Il essaie de s’inspirer et de reproduire, parfois maladroitement, les exploits de ses ainés. C’est presque touchant. Cependant, force est de constater qu’il ne suffit pas de s’en inspirer. L’essence de Silent Hill manque. L’aspect psychologique est survolé et le gameplay est lourdingue. Heureusement que les développeurs ont su corriger leur coup avec Silent Hill Shattered Memories. À croire que pour que des développeurs, autre que la Team Silent, arrivent à faire un Silent Hill qui claque, il faut sortir le plus possible des sentiers battus de la licence créés par la team Silent.