Au vu de l’historique de Konami sur ces dix dernières années, il paraissait un peu naïf de placer des espoirs dans l’annonce d’un bouquet de nouveaux jeux Silent Hill. Un espoir placé sur la relance d’une franchise qui a lentement périclité pour devenir banale, chaque nouvel opus semblant se tapir un peu plus dans l’ombre du sommet que représentait le second épisode. Un espoir égaré donc, celui de joueurs qui ont oublié combien de fois ils se sont fait embrumés par ces rouleaux compresseurs mercantiles via de simples chants de sirènes nostalgiques. Pourtant, la désastreuse réception de Ascension en 2023 aurait dû mettre la puce à l’oreille de tout le monde. Mais on comprendra que psychologiquement, c’est plus rassurant de se dire : un projet raté, encore trois à venir, il y aura forcément une réussite dans le lot. Konami compte sûrement sur ce biais pour écouler assez de caisses de ses produits insipides.
Puis pouf, au détour d’un State of Play, on nous shadowdrop cet épisode bonus, cette note d’intention au futur Silent Hill F, gratuitement. Forcément, le joueur va s’y ruer pour enfin (re)plonger dans cet univers si particulier. Seulement, si l’objectif était de faire frétiller d’impatience le chaland, c’est qu’ils n’ont clairement pas compris ce qui était attendu. On ne lâche pas une flaque de vomis sur le pas de la porte du resto pour faire rentrer le passant affamé. A la limite, on attirera un clebs et trois pigeons qui ne font pas la fine bouche, les gens dotés d’un palais et d’un odorat auront vite fait de changer de trottoir, voire d’avertir les autorités sanitaires.
The Short Message est effectivement une mare de souillure, un plat qu’on aurait pas digéré et qu’on aurait relâché là, sur le pavé, dans un haut-le-cœur tressaillant. Deux heures pour convaincre le tout-venant que le studio n’a rien compris, qu’il se galvaude sans vergogne. Une écriture aussi subtile que ma métaphore à base de vomissure, une angoisse à base de poupées aussi ratée qu’un spin-off survival de MGS qui place Layers of Fear au firmament, un gameplay aussi inexistant que l’intégrité des exécutifs de Konami, des encarts préventifs sur le suicide bien intentionnés mais aussi invasifs que les pachinkos dans les salles d’arcade nippones, et une relation avec l’univers imaginé par Keiichiro Toyama aussi sincère que celle entre Kojima et… les exécutifs de Konami.
Tout est à jeter dans ces deux heures, à part des graphismes propres. Pour dire, le “jeu” est tellement chiant qu’après quinze tentatives sur la dernière poursuite labyrinthique, je l’ai juste désinstallé, me foutant royalement de savoir ce qui arrivait à notre personnage antipathique au possible.
Non, je n’attends pas les prochaines sorties Silent Hill, je ne suis pas cet animal à la robe grise, le plus agile de l’enfer des villes, je n’irai pas bouffer les morceaux flottant dans des reflux gastriques. A la limite le remake du 2, on peut pas rater un remake non? Et puis Townfall, j’ai bien aimé le Observation de No Code, ça peut donner quelque chose… Et qui sait, peut-être que F n’a rien à voir avec The Short Message et qu’il… Qu’est-ce que? Mais lâchez moi Monsieur de la voirie ! Vous voyez bien que j’hume allègrement cette substance jaunâtre que j'aperçois au loin! Laissez-moi voler vous dis-je! Rou-rou !