Snake Pass
6.5
Snake Pass

Jeu de Sumo Digital et Secret Mode (2017Nintendo Switch)

Une idée géniale et beaucoup de défauts.

Question : comment réinventer le jeu de plateforme?
Réponse : en incarnant, par exemple, un serpent.
Car oui, si l'idée peut paraitre toute conne, elle est en fait géniale.
Priver le héro d'un jeu de plateforme de ses 4 membres est une des façons les plus ingénieuses de réinventer la roue.


Comment sauter lorsqu'on a pas de jambes? Comment se rattraper à cette plateforme lorsqu'on a pas de bras? Bref, comment évolue-t-on dans un environnement 3d lorsque l'on est un serpent?
C'est ce que vous allez devoir apprendre pour venir à bout des 15 niveaux que propose SnakePass.


L'apprentissage de la reptation sera votre mission. Pour avancer, il faut onduler. Pour monter, il faut s'enrouler. Après un premier contact déroutant avec ces nouvelles mécaniques, la satisfaction de réaliser un bel enchainement d'enroulements propres autour des tiges de bambou sera grande.
Et à ce moment là, le jeu devient vraiment plaisant.
On se prend à écumer les niveaux de fond en comble, en s'enroulant avec minutie autour des bambous, pour récolter les 3 cristaux magiques, les 20 gouttes d'eau et les 5 pièces dorées que renferme chaque niveau.


Car c'est bien le 100% qu'il faudra viser pour tirer la quintessence du jeu. Son obtention vous demandera patience et abnégation. Il faudra supporter les morts à répétition, ainsi que les crampes dans les mains.
Car n'allez pas croire que le jeu est simple. Malgré la bonne bouille de notre reptile et les couleurs chatoyantes des environnements, on est bel et bien dans du die and retry à la difficulté parfois bien hardcore.
Ici, pas d'ennemis : on meurt la plupart du temps à cause d'une chute dans le vide qui baigne chaque niveau. Quelques pics acérés et un peu de lave peuvent également avoir la peau de notre serpent.
La compréhension et la maitrise de vos déplacements seront vos meilleures armes.


Hélas, trois fois hélas, le jeu souffre de vilains défauts!
A commencer par une technique à la ramasse, en tout cas sur Switch : si on peut pardonner le léger (mais moche) flou des textures, on pardonnera beaucoup moins le framerate parfois anémique du bousin. Dans les 4 derniers niveaux notamment, le jeu se permet de tourner aux alentours des 20 fps, ce qui est franchement dégueulasse et difficilement acceptable.


D'autant que la caméra à tendance à partir totalement en vrille lors des passages dans les nombreux endroits confinés.
Ajoutez à ceci les éléments du décor qui ne disparaissent pas lorsqu'ils passent devant la caméra (et qui du coup masquent totalement notre serpent), et vous obtenez la quintessence de la crispation, lorsque, entortillé au dessus du vide à un pauvre bout de bambou, avec le vent qui te souffle dessus et essaye de te faire tomber, la caméra qui te montre l'intérieur de ton cul qui, lorsque tu la bouges te montre une feuille de palmier en extrême gros plan, et tes pauvres doigts crispés sur ta manette qui crie grâce, le pouce gauche sur le stick gauche, l'index gauche sur une gâchette, l'index droit en discontinu sur l'autre gâchette et le pouce droit en alternance sur un bouton et sur l'autre stick, je vous assure que j'ai passé certains passages en appuyant sur le dernier bouton avec ma langue (bon, ça m'est arrivé une fois).


Bref, vous l'aurez compris : grâce au gameplay original et technique, il faudra être un vrai bon joueur pour venir à bout du 100%, mais, à cause des défauts, il faudra être en fait un putin de try harder et aimer recommencer moult fois le même passage.
A vous de voir, donc, si ce jeu est fait pour vous.
A ces défauts viennent s'en ajouter d'autres, comme l'éprouvante lenteur du serpent, qui vous oblige à avancer en zigzaguant pour vous déplacer à une vitesse acceptable. Ce gauche droite incessant fatiguera bien vite votre pouce et votre stick gauche, et émoussera rapidement votre plaisir de jeu.


Quelques bugs risquent également de noircir votre expérience. S'ils ne sont pas légion, avec même une probabilité non négligeable de n'en voir aucun, le risque de vous retrouver bloqué dans une texture et de vous contorsionner comme un hystérique dans tous les sens pour vous débloquer, vous incitera à explorer les recoins les moins prévus pour l'être avec prudence (et goutte au fond du slip car, si vous vous retrouvez bloqué, vous n'aurez pas d'autre choix que de recommencer le niveau en perdant votre progression).


Car s'il y a un aspect amusant dans SnakePass, plus que d'appliquer les règles de déplacement à la lettre pour évoluer proprement, c'est bien les tentatives d'exploitation des failles de gameplay.
Grimper sur un rocher qui n'est pas prévu pour, prendre de la hauteur plus que de raison, la recherche de passages "interdits" vous octroiera une maligne satisfaction, et vous permettra de court-circuiter éhontément quelques passages, vous facilitant parfois la tâche avec un sentiment de "héhé, je t'emmerde le jeu".


Et l'air de rien, cette déviance enrichira le gameplay de façon intelligente : vous arrivez dans un nouveau monde, dézoomez pour avoir le champ de vision le plus large possible, observez globalement l'environnement, puis vous commencez à arpenter attentivement l'endroit, en prenant bien soin d'explorer chaque recoin pour ne louper aucun collectible. Lorsque vous arrivez devant un obstacle, vous vous lancez à son assaut par la voie normale, ou bien vous étudiez la possibilité de détourner votre chemin vers une voie "illégale", afin de voir s'il n'y a pas moyen de contourner le cheminement prévu et d’accéder à des zones normalement hors de portée histoire de "casser" un peu le jeu.


C'est très amusant. Et du coup, chaque fois que l'on arrive dans un nouveau monde, on sait qu'on va y passer un long moment, afin d'en dénicher tous les collectibles mais aussi tous les "secrets", tout en essayant de comprendre et de maitriser sa cartographie. Le finir à 100% procure une grande satisfaction (comptez une quinzaine d'heures, soit environ 1h par monde).
C'est clairement l'aspect le plus plaisant du jeu.


Bref, si SnakePass repose sur une idée géniale, celle de réapprendre à se déplacer dans un environnement 3d, ses nombreux défauts ainsi qu'un manque certain d'ambition le relègue dans la classe des petits jeux sympas mais sans plus.

the_darkfouine
5
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le 19 avr. 2018

Critique lue 380 fois

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the_darkfouine

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