Sonic est loin de tout

Cinq ans après le très dynamique mais diablement court et classique « Sonic Forces », Sonic est revenu avec un épisode beaucoup plus fouillé, qu’on pourrait même voir comme un véritable épisode de renouveau pour la série : il s’agit cette fois d’une sorte de jeu de plate-forme/exploration dans lequel Sonic est lâché dans 5 open-worlds successifs, à la recherche des 7 émeraudes nécessaires pour vaincre le titan de l’île et sauver ses amis.

Ce Sonic reprend donc la plupart des gimmicks de l’open-world typique des années 2015-2020 : arbre de compétence, niveaux, cartographie, tours, épreuves et ennemis géants dispersés dans la nature... Mais y ajoute intelligemment la patte Sonic : les mondes sont remplis de rails, bumpers, accélérateurs et plateformes célestes. Avec, en plus, une dizaine de monuments « épreuves » disséminés dans les mondes – en fait, des niveaux Sonic 3D classique exactement comme dans les autres Sonic 3D. Le jeu est parfaitement maniable et la vitesse de Sonic se prête bien au parcours des différentes îles. Le jeu n’est pas exempt de baisse de rythme, de problème de lisibilité, ou de passages assez pénibles (j’ai encore en travers cette immonde épreuve de flipper, particulièrement injuste), et l’ensemble est tout de même en dessous des morceaux de choix du genre que sont les Zelda Breath of the Wild et Tears of the Kingdom, Death Stranding, ou Ghost of Tsushima, mais le côté « dynamique » de Sonic permet malgré tout à ce Sonic Frontiers de tirer son épingle du jeu dans un style aujourd’hui très, très concurrentiel.

Sonic Frontiers propose en outre un changement d’ambiance assez étonnant : Sonic est cette fois projeté dans une sorte de cyber-univers mélancolique qui semble inspiré de Nier Automata. Un choix d’inspiration discutable mais heureusement, les amis de Sonic (Amy, Knuckles et Tails) sont là pour apporter une touche de naïveté et rendre le jeu moins pesant. Cela dit : niveau réalisation, franchement, c’est assez moyen+. Le jeu est propre et fluide, les effets sont jolis, mais les environnements sont malheureusement assez génériques – pour ne pas dire ternes. Heureusement, les « épreuves » sont plus colorées et plus sympathiques, même si ce sont des environnements qu’on a déjà vus mille fois dans les autres Sonic. Côté bande-son : comme il s’agit d’un open-world, les musiques sont logiquement plus discrètes que d’habitude (sauf dans les épreuves classiques), mais elles restent toujours de bonnes factures, les chansons sont cools et le doublage est soigné.

Enfin, côté durée de vie, cet épisode est le plus long de tous les Sonic, avec 15 heures au grand minimum pour finir le jeu en ligne droite, et plus du double pour finir le jeu à 100%. Les environnements sont grands et riches, il y a clairement de quoi faire, mais j’aurais peut-être préféré moins d’exploration et plus d’épreuves, pour rendre le jeu un peu moins rébarbatif.

Bref, ce jeu est à l’opposé total du précédant opus 3D, Sonic Forces : il est long, ambitieux, inspiré, plus complexe, mais il ne procure pas un fun constant. Je salue néanmoins cette belle prise de risque de la part de la Sonic Team, d’autant que le résultat final est tout à fait probant et aboutit à ce qui m’a semblé être l’aventure la plus épique de tous les Sonic.