L'attachement que je porte à la mascotte de Sega est déraisonnable.
Déraisonnable puisque Sonic The Hedgehog fut mon premier contact avec le monde du jeu vidéo et Green Hill Zone ma première incursion dans cette dévorante passion.
Puis nos vies se sont séparées petit à petit. Lui a préférer mal tourner, fréquenter les mauvaises personnes (les fameux shitty friends), se prendre en pleine face le mur de la troisième dimension et s'embourber toujours plus profond dans la médiocrité vidéoludique. Il y a eu certes quelques fulgurances, mais pas suffisamment qualitatives pour me faire lever ce voile pudique que j'avais jeté sur ce hérisson bleu, ce vieil ami d'enfance.
Puis 26 ans après notre première rencontre, le bolide azur est revenu me faire du gringue.
Non mais j'y crois pas, il a osé se pointer comme si rien ne s'était passé pendant toutes ces années !
Puis petit à petit, me teasant toujours sur son level design maboule et son enrobage toujours plus séduisant, il m'a convaincu de lui offrir une nouvelle chance. Depuis nous nous sommes rabibochés.
Il faut dire que ce comeback en fanfare a explosé toutes mes attentes, que ce soit en terme de game design avec ces niveaux denses et tortueux d'une générosité inespérée, les combats de boss systématiques plutôt inspirés, une bande son infernale et un enrobage rétro-mytho du plus bel effet.
Sonic Mania s'approprie les code de Sonic pour mieux les sublimer à coups d'idées de gamedesign bienvenues, promenant le joueur de trouvailles en surprises, comme pour mieux surprendre le grincheux réfractaire, rempli d'a priori. Ainsi, il dépasse le simple statut d'hommage à un vétéran de la plateforme 2D pour incarner la quintessence de l'école Sonic et rend un hommage vibrant à tout un pan vidéoludique bien loin de nous, une ère antique où les cours de récré étaient en feu et Sega did what Nintendidn't.
Alors tout n'est pas parfait, Sonic a conservé cette agaçante manie de nous fourguer des mini-jeux moisis et certaines hitboxes restent un peu pétées, le mode coop est toujours aussi mauvais, mais peu importe, toutes ces ridicules contrariétés seront balayées d'un revers de la main une fois que vous aurez commencé à effeuiller cette pépite.