Avant toute chose, je pense qu’il est bon de préciser que je suis, et ce depuis le plus jeune âge, un grand amateur de Sonic. Sans avoir la prétention d’avoir joué à tous les jeux de la licence, je peux néanmoins affirmer que je connais plutôt bien cette dernière, même ses plus mauvais côtés. En effet, j’ai grandi durant la funeste période où notre hérisson bleu passait sans broncher du loup-garou au chevalier noir, le tout handicapé par la transition que l’on sait compliquée entre la 2D et la 3D. Mais malgré cela, j’ai eu l’occasion depuis ma plus tendre enfance de profiter, que ce soit par des émulateurs ou par la console virtuelle, des anciens Sonic, et plus particulièrement du tout premier, chef d’œuvre incontournable et incontestable. C’est donc avec un enthousiasme non dissimulé que j’accueille Sonic Mania, annoncé comme un retour aux sources salvateur de la série, après des années d’errements (on sauvera malgré tout le très sympatique Sonic Colours). Et là, c’est le drame.


Commençons par dire ce qui va, parce que le jeu n’est pas non plus exempt de toute qualité. Les graphismes sont (dans l’ensemble) assez jolis, la musique et le sound design en général sont fidèles à l’esprit, certaines idées de gameplay, surtout au début du jeu, sont assez bien trouvées, et les développeurs ont l’air d’éprouver une vraie passion pour la licence, en plus de l’avoir comprise. Les sensations sont bien là, et le joueur éprouve une émotion certaine à parcourir de nouveau Green Hill ou Chemical Plants. Seulement, passé l’introduction prometteuse, tout s’effondre.


Car plus on avance, et plus on se rend compte que le jeu est finalement un magnifique exemple de développeurs n’ayant pas compris ce qu’ils adaptaient. Car les jeux Sonic originaux, et en particulier le premier, sur lequel je vais le plus insister car c’est celui que je connais le mieux, reposaient sur un équilibre parfait, résultaient d’une recherche extraordinaire afin d’aboutir à un jeu d’une fluidité exemplaire. Contrairement à ce que l’on peut parfois entendre sortir de la bouche de personnes n’étant souvent pas spécialement expertes en jeu vidéo, un jeu comme Sonic the Hedgehog n’est pas un jeu basique, simpliste ou enfantin, bien au contraire. Ce n’est pas juste un hérisson bleu qui court vite et veut stopper les agissements d’un savant fou à mi-chemin entre Raymond Devos et Salvador Dali. C’est un travail de level design, d’équilibrage et de gameplay d’une grande complexité, et n’importe qui ne pourrait pas faire un jeu de la trempe de l’original en se disant que c’est chose facile ; et c’est pourtant l’état d’esprit avec lequel les développeurs ont manifestement abordé Sonic Mania.


Le level design des originaux était assez alambiqué mais toujours extrêmement clair ? Ici les niveaux sont quasiment tous des labyrinthes indigestes et fatigants qui ne brillent généralement pas pour l’intelligence de leur architecture. Sonic court vite ? Les développeurs ont donc eu la merveilleuse idée de « choisir » les endroits où l’on peut courir, signalés par des pentes, des boucles ou des accélérateurs. Et que se passe-t-il si vous tentez de prendre de la vitesse à un endroit pas prévu à cet effet à la base, me direz-vous ? Et bien le jeu va placer des pièges, des ennemis ou quoi que ce soit qui puisse vous ralentir sur votre route, le tout dans une sorte de gameplay atroce, aboutissant à des scènes absurdes durant lesquelles vous allez percuter en boucle des pièges ou ennemis, perdant puis récupérant immédiatement après vos précieux anneaux, alors que vous vouliez à la base juste profiter de la vitesse du protagoniste, chose normalement possible dans un jeu Sonic. On a donc sous les yeux un jeu Sonic faisant l’apologie de la lenteur, punissant le joueur un peu trop rapide par des ennemis ou des phases dans lesquelles il faut effectuer des mouvements précis (les sortes de champs magnétiques vers la fin du jeu), phases qui correspondraient plus à un jeu Mario. Enfin, la cerise qui fait déborder la cruche, la goutte d’eau sur le gâteau, la progression sera également hachée par des boss d’une nullité abyssale, oscillant entre la simplicité enfantine et la difficulté ridicule (due une nouvelle fois à un level design absurde), la seconde catégorie étant pire que la première étant donné que pour les vaincre, la technique privilégiée consistera à taper sur le point faible de l’ennemi en continu comme un débile, profitant également et surtout de la courte période d’invincibilité provoquée par le dernier coup que vous avez encaissé afin de lui en mettre plein la tronche.


En résulte donc un jeu bâtard, pétri de bonnes intentions d’un côté mais n’arrivant pas à capter ce qui faisait l’essence, l’intérêt et l’équilibre des jeux originaux de l’autre, proposant une œuvre bancale faisant même parfois penser à un opus de la licence Mario (les fameux passages précis dont je parlais plus haut), mais qui ne peut bien évidemment pas marcher parce que l’œuvre est conçue à la base comme un jeu Sonic. On préfèrera donc se rabattre sur les originaux, trouvables facilement, plutôt que de jouer à ce « retour aux sources » ennuyeux, fatigant et mal foutu.

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le 4 juin 2020

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Louis Perquin

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