Une déclaration d'amour aux hack'n'slash très correcte

Soulstice, c'est avant tout une déclaration d'amour au genre du hack'n'slash/beat'them'all par des amoureux transis du genre. Tout respire l'hommage à ce type de jeu : du gameplay nerveux, des combos aussi bien aériens que sur terre, une multitude d'armes à utiliser et un scénario un peu prétexte des bestioles pas gentilles qui envahissent notre monde et sur lesquelles il faut taper comme un sourd (j'exagère un peu, mais c'est pour l'illustration ! ;) ).

Côté atmosphère, on est dans un savant mélange entre Berserk, Claymore et Devil May Cry. Le voile du monde se déchire, laissant passer les créatures du Chaos qui s'en prennent aux humains. On incarne Briar et Lute, deux soeurs ressucitées sous la forme d'une Chimère : Briar est une guerrière mi-humaine mi-créature du Chaos et Lute est son assistante sous forme fantômatique. Le jeu tournera autour de la coopération et de l'unité entre ces deux entités qui sont les soldats de l'Ordre, envoyées pour enquêter sur la situation (et surtout casser des bouches de démon).

Le jeu possède son lot de décors de dark fantasy : de gêoles lugubres ayant vu passer son lot de prisonniers torturés, des bas-fonds d'une ville à feu et à sang fréquentés par les pires attrocités que le monde ait connu, des châteaux Moyen-Âgeux, bref, tout l'attirail d'un bon Berserk-like.

Côté gameplay et comme dit précédemment, c'est nerveux et le système de combat permet l'alternance de plusieurs armes très facilement pour prolonger ses combos. Les fans de Devil May Cry ne seront pas dépaysés quoi que parfois peut-être un peu dépassés par ce qui se passe à l'écran. Le jeu ne possède pas la maîtrise de ceux desquels il s'inspire et à l'heure où j'écris ces lignes, la caméra peut souvent se montrer frustrante, tant elle peine à suivre l'action qui se déroule devant sa lentille. Cela dit, les développeurs ont annoncé l'arrivée prochaine d'une mise à jour corrigeant ce petit soucis (on est face à une équipe qui écoute ses joueurs !) donc comme on dit ... faute avouée, à moitié pardonnée !

L'originalité de Soulstice dans ses combats, c'est la présence de deux protagonistes : Briar et Lute. Briar, c'est celle que vous contrôlez et celle avec laquelle vous trancherez du démon. Lute, c'est sa petite soeur fantômatique, toujours attachée à sa grande soeur et contrôlée en partie par l'ordinateur. Lute attaque automatiquement et peut également vous protéger en appuyant au moment où l'ennemi va frapper sur la bonne touche au bon moment (toujours la même). Ainsi, elle pourra soit arrêter l'attaque ennemie, soit dévier un projectile, soit repousser l'ennemi, soit arrêter le temps et l'immobiliser. Le tout se fera selon la situation.

Lute possède également la capacité de matérialiser certaines créatures et objets dans notre monde grâce à la possibilité d'invoquer deux champs de couleur autour de Briar : un rouge (banissement) et un bleu (évocation). Vous l'aurez compris, sans ces champs, vos coups passeront au travers de certains ennemis sans les toucher, ajoutant bien souvent une difficulté un peu artificielle aux combats puisque les champs ne peuvent pas être invoqués indéfiniment. Une jauge contrôle le temps d'invocation de ces champs et ne baissera que si vous tapez/vainquez les ennemis correspondant au champ invoqué. Sans cela, Lute disparaitra quelques secondes suite à un état de surcharge pendant lesquelles vous ne pourrez plus l'utiliser.

Le système s'est déjà retrouvé dans d'autres jeux par le passé, notamment le reboot de Devil May Cry (DmC) qui utilisait un code couleur via des armes à utiliser au bon moment pour vaincre certains ennemis. Seulement, nous n'avions ni affaire à une limitation de temps ou d'espace autour du personnage, rendant le principe bien plus facile à gérer que dans Soulstice où il devient parfois compliqué de penser à la gestion des champs lorsque des hordes d'ennemis vous mênent la vie dure.

Lorsque vous serez parvenus à maîtriser le gameplay et vous battre sans vous faire toucher, en appuyant au bon moment sur les protections de Lute et en variant vos combos avec Briar, le jeu lancera automatiquement une attaque dévastatrice appelée "Attaque synergique". Cette attaque survient à la suite du remplissage suffisant d'une jauge "d'unité", montant avec les conditions précédemment citées.

Autrement, on retrouve les classiques du DMC-like, à savoir :

- Les orbes à récupérer sur les ennemis pour faire évoluer ses personnages (capacités/vie)

- Les niveaux secrets à l'issue desquels on obtient un objet d'amélioration (vie/temps d'utilisation des champs de couleur). Ceux-ci représentent un intérêt débattable, tant certains défis sont frustrants à accomplir.

- Un devil trigger (laissant à la manière de Guts ressortir le démon à l'intérieur de Briar pendant un court moment)

- Un découpage en missions avec une note (style/durée/vie) après chaque combat et après chaque mission (note générale)

- Des phases de plate-forme utilisant les champs d'évocation et de banissement de Lute

Côté difficulté, c'est très correct. Le jeu sait introduire aux joueurs les nouveaux ennemis et nouveaux gameplays en combat au fur et à mesure et sans les brusquer. On regrettera cependant le nombre trop peu élevé de boss (même si ceux qui sont présents sont plutôt réussis et classes !) et un pic de difficulté sauvage du côté du dernier quart du jeu, rendant le jeu subitement très exigeant. 3 modes de difficulté sont disponibles au début du jeu : facile, normal et difficile et deux autres modes plus difficiles encore se débloquent en finissant le jeu aux difficultés précédentes. Il y a de quoi faire !

Côté graphisme, c'est beau ! Si le jeu est loin d'être parfait, il affiche des graphismes cell-shadés et des effets de lumière (volumétriques notamment) de toute beauté ! La direction artistique est assez incroyable et si vous êtes fans de dark fantasy type Berserk ou Claymore, vous serez plus d'une fois ébahis devant des décors lugubres et magnifiques, quoi qu'un peu répétitifs par moments. Le jeu n'a pas le budget d'un triple A et la répétition de certains assets vient à se faire ressentir au bout d'un moment.

Côté bande-son, on se retrouve face à un savant mélange de dubstep et parfois d'envolées épiques à base de choeurs. Moi, je déteste pas. Ça colle plutôt bien aux combats, ça bouge bien et ça garde dans l'ambiance d'un gameplay des affrontements très nerveux. Petit tuyeau : cherchez sur Youtube la bande-originale. Si vous appréciez, sachez que la version Steam et la version physique possèdent toutes deux la BO inclue dans l'offre. Hésitez pas !

Enfin, côté durée de vie, comptez 15 à 20h pour terminer le jeu en ligne droite une première fois en prenant le temps d'explorer un peu les différents environnements pour récolter tout ce qu'il y a à glâner. Plus d'une vingtaine de missions vous en feront voir de toutes les couleurs alors clairement, vous en aurez pour votre argent !

En conclusion, Soulstice déborde d'amour pour un genre qu'il exploite plutôt très correctement pour un premier essai malgré quelques écueils frustrants par-ci par-là (caméra, bugs de chargement de textures, niveaux secrets discutables en termes de fun, ...). Le jeu n'est pas vendu au prix fort (vous le trouverez aux alentours de 40€) et honnêtement, il fait passer un bon moment de manière plutôt honnête et pendant une durée vie très convenable pour le genre. On tranche des bouches, on tabasse du démon dégueulasse et on explore. Bref, tout ce qu'on demande à un hack'n'slash de nos jours !