Fouillons les armoires, vidons les tiroirs...
Obsidian est sorti de ses plate-bandes habituelles pour nous livrer ce RPG basé sur la célèbre série satyrique de Matt Stone et Trey Parker. Pour autant, en ce qui me concerne, le résultat fut largement à la hauteur de mes espérances : The Stick of Truth est aussi débile et amusant qu'un épisode de South Park s'étirant sur une quinzaine d'heures.
L'histoire débute alors que notre personnage débarque en ville en pleine guerre opposant humains et elfes. Sous l'injonction patriarcale, notre avatar va donc rapidement arpenter ce patelin bizarre et caricatural, croiser les personnages emblématiques de la série et rejoindre cette partie de jeu de rôles grandeur nature, dans laquelle il pourra incarner un guerrier, un mage, un voleur, ou un juif.
En dehors de l'humour ordurier et caustique omniprésent (et surprenant !), la fidélité de la direction artistique est la première chose qu'on remarque, assumant et adoptant le style simpliste des décors en carton de la série, avec des plans en fausse 3D très réussis, et un superbe mais bref hommage aux premiers jeux de rôles 8-bits que les moins décrépis d'entre vous ne peuvent pas connaître.
Le jeu reprend les mécaniques du JRPG type avec un système de combat au tour par tour assez simple mais efficace, avec attaques, représailles, statuts et utilisation d’objets, et le fait de devoir cliquer au bon moment ou enchaîner une combinaison de touches pour réussir ou améliorer les effets d'une attaque ou d'un blocage rend les affrontements assez dynamiques... un peu lassants aussi, pour le coup, mais l'histoire est suffisamment déjantée et en escalade dans le oiseau-phoque pour nous tenir en haleine, d'autant que l'affrontement direct peut souvent être évité grâce à l'interaction avec le décor, allant de la flèche à diverses méthodes de propulsions rectales nocives et explosives.
La bande son n'est pas en reste avec plus d'une heure de thèmes parodiques qui accompagnent parfaitement l'aventure. Par contre, ne vous attendez pas à des choix moraux cornéliens ou à des arbres de dialogue touffus : The Stick of Truth est avant tout un titre dédié aux fans de South Park, moquant avec le même entrain les traits caractéristiques du jeu de rôles (le mutisme du héros et son nom imposé dans les dialogues, pour n'en citer que deux) que les sujets habituellement abordés dans la série, que ce soit dans les dialogues, le scénario, ou les QTE (Jimmy... ah ah ah !).
Pour une fois, et malgré ce que j'ai pu lire ici et là, Obsidian nous livre un jeu presque exempt de bugs. En dehors d'un scintillement sur certains sprites, d'instructions incorrectes ou incomplètes sur certaines actions, et d'un support clavier/souris qui semble un peu avoir été ajouté à la dernière minute, je n'ai eu qu'à recharger une fois ma partie pour sortir d'un didacticiel bloqué sur une phase de dialogue.
Le fait de ne pas pouvoir revenir en arrière pour chercher des objets qu'on aurait pu rater est un peu regrettable, mais au final, je n'ai pas de gros reproches à formuler, en dehors de l'absence des doublages français (qui possède ses qualités, même si j'ai tendance à préférer la version originale pour la plupart des personnages) et d'une durée de vie un peu faiblarde : mon compteur Steam affiche quasiment vingt heures, mais je suis resté bloqué un moment sur des portes qui ne se sont ouvertes qu'après avoir fait progresser l'histoire principale. Il reste un espoir de voir de bons DLC rallonger cette durée de vie.
Quant à savoir s'il vaut son prix... Green Man Gaming proposait des offres à -25 % (soit 30€) sur PC quelques jours avant la sortie du jeu. À vous de décider de votre budget. Pour ma part, j'en redemande.
Maintenant, la même chose avec Team America, s'il vous plaît.