Spec Ops : The Line est un TPS typique de la génération PS3/Xbox 360, c'est à dire en escouade, reposant sur des mécaniques de couverture, sur un thème militaire situé au moyen orient et tournant sur l'Unreal Engine de l'époque, donc avec des performances graphiques très médiocres. C'est aussi le dernier titre d'une franchise peu connue de tactical shooter dans la niche très particulière des jeux de simulation militaire pour darons. The Line est une incarnation plus arcade et accessible dans son gameplay.
Cette formule peut être un repoussoir, à moins d'être très curieux et dans une démarche de retrogaming.
Pourtant Spec Ops The Line a marqué les esprits et est encore régulièrement cité 10 ans après sa sortie.
Pourquoi? Grâce à sa narration qui sort du lot.
Sans dévoiler l'intrigue, Spec Ops The Line se veut être un équivalent des films Apocalypse Now, Full Metal Jacket ou The Deer Hunter, c'est à dire en apparence des oeuvres d'action militaire mais qui s'avèrent être au final des drames psychologiques avec un message antiguerre.
Pour faire simple, passé le premier tiers du jeu qui est tout à fait générique pour un shooter de guerre, le jeu plonge progressivement dans l'horreur et la folie. Sur les dernières heures du jeu, le personnage principal est devenu une veritable plaie ambulante. On abat des soldats américains par dizaine sur une bande son rock des années 70-80 ce qui rappelle immanquablement certains grands classiques du cinéma.
Mais à la différence des films cités, dans sa forme Spec Ops The Line n'est pas un chef d'oeuvre indiscutable du jeu vidéo. Le gameplay est particulièrement rigide et ne parvient pas à se distinguer des classiques de cette génération PS3/360. Les graphismes sont pauvres, avec un rendu baveux typique des jeux Unreal Engine 3 à moyen budget même si on devine une certaine recherche esthétique.
Spec Ops The Line a toutefois quelques qualités : Outre l'audace du parti pris, les dialogues sont assez bien écrits et interprétés avec talent. Le choix de Dubai comme unique théâtre des opérations est original et tranche avec les représentations génériques de villes du moyen orient qui étaient de vigueur pour les jeux de guerre de cette génération. La ville est presque un personnage en lui même, comme un ogre décadent qui dévore qui ose encore s'y aventurer dans ce moment de chute. Cet aspect donne d'ailleurs un avant-goût de ce que proposera par la suite la série The Division de Ubisoft, c'est à dire un shooter militaire rigide où l'on affronte des concitoyens américains dans des mégalopoles ayant sombré dans la folie. L'écriture de Spec Ops The Line est toutefois de meilleure qualité.