Un bien bon titre sans être un vrai Splinter Cell.
Après un très bon quatrième épisode sur next gen, le retour de Sam Fisher s'est non seulement fait attendre mais aussi avec une certaine crainte de la part de la communauté de fan. Les premières images montrant le fameux Sam clodo, avec sa barbe grise et son trip «je prend une chaise pour me taper en pleine lumière au milieu de la foule» avaient quelque peu fait peur, il faut admettre. Plus de gadget, plus de loupiottes vertes, non de non plus de loupiottes vertes! Mais que faisait Ubisoft. Apparemment c'était un Assassin's Creed urbain. Finalement, le projet redémarre de zéro et bim après deux ans d'absence, le héros ressort de l'ombre avec ses goggles sur la tête, mais en mode vénère...
Autant casser le suspens immédiatement, ce texte va être positif dans l'ensemble. Avec deux trois bémols par ci par là. Mais je ne vais pas descendre le jeu loin de là.
Splinter Cell c'est une certaine recette qui marche depuis 2002, et grâce à laquelle Ubisoft a créé une grande IP. Le premier ingrédient, c'est la baffe technique, la vitrine technologique, bref des graphismes qui décrochent la mâchoire. Et déjà là, Conviction change la donne. Soyons clair, le jeu n'est pas moche. Seulement voilà, quatre années de développement chaotiques et un reboot complet d'un jeu quasi fini, ça laisse un sacré écart. On a eu récemment évidemment quelques jeux qui visuellement ont mis la barre bien trop haute pour qu'on puisse attendre chaque nouvelle production avec un telle niveau...mais même chez Ubisoft il y a de beaux jeu. Dans un registre évidemment différent que le réalisme, le Prince of Persia (de 2009) est juste magnifique, de même pour les Assassin's Creed qui malgré quelques défauts sur les animations faciales restent des jeux splendides in-game. Du coup face à de telles pointures, Splinter Cell Conviction fait un peu daté. Parfois même sur certains aspect, j'ai eu l'impression que Splinter Cell Double Agent était plus beau. Malgré tout comme je l'ai dit, le jeu n'est pas moche. Parce que si techniquement il ne tire pas à mort la couverture à lui, la qualité et la personnalité des animations de Sam, les environnements bourrés de détails, et la mise en scène font vraiment plaisir à voir et font surtout complètement oublier le retard (pas phénoménal non plus bien sûr) du titre.
De plus, Ubisoft Montréal a eu le bon goût de trouver quelques éléments visuel qui donnent un certains cachet au nouveau volet de la franchise. Les fameuses inscriptions aux murs et aux sols pour indiquer les objectifs, ou montrer une petite scène cinématique, la désaturation de l'image lorsque l'on est dans l'ombre, deux éléments assez anodins mais qui finalement permettent de rester en permanence dans l'action et qui donnent une identité visuel au titre. Du coup l'aspect graphique un peu vieillot n'est pas forcément un énorme point fort, mais est loin tout de même d'être un point faible du titre.
Bon si le premier point n'est donc pas vraiment à la hauteur (sans être catastrophique je le répète) la suite s'avère plus surprenante. Pour moi le jeu ne pêche pas par où je l'aurais pensé. L'histoire pour commencer continue sur les bonnes bases du précédent volet et ce dans tous les sens du terme. J'entends par là que c'est une suite directe et qu'elle s'avère plus intéressante que les stupides scénarios auxquels personne ne bitait rien pour les trois premiers volets. Sam Fisher a donc perdu sa fille, renversée par une voiture. Sa vie par à vau-l'eau, et pour l'obliger à reprendre pied, Irving Lambert le patron d'Echelon 3 (et meilleur ami de Sam au final) l'envoie en mission sous couverture au cœur d'un groupe terroriste.
Seulement il apprend par des bruits de couloirs que ses ex employeurs ne serait pas étrangers à la mort de sa fille...et je peux vous dire que quand il vient chercher la vérité, Sam Fisher pète des gueules sans aucun remords. Tout cela pour dire que si l'histoire au final s'avère quand même dans l'esprit Tom Clancy, avec intrigue et complot politique, on a quand même le droit encore plus que pour le volet précédent de comprendre Sam et d'approfondir sa personnalité et son background. Et ça, ça fait plaisir. Ici la colère domine, et cela ne diminue pas au fur et à mesure des interrogatoire violents et des révélations, certes parfois un peu convenues mais tout de même bien vues. D'ailleurs le jeu parvient à amener de nouveaux personnages bien sympathiques, et surtout le retour en grâce de Grim, autrefois simple voix off un peu cul serrée, qui se transforme en véritable femme de pouvoir (bien sexy au passage), au cœur de l'intrigue. En bref ce n'est pas absolument extraordinaire, mais en toute honnêteté c'est très plaisant à suivre.
C'est là que va se créer la rupture. Là que les gens devront faire un choix. Il y aura les fans déçus, ceux qui n'appréciaient pas la série qui maintenant vont adorer, et il y aura des rares cas (enfin j'ai l'impression) qui comme moi chérissaient les quatre premiers volets et prendront leur pied sur le nouveau. Parce que si le scénario tourne au règlement de compte et à la quête de vérité les poings ensanglantés, il demeure surtout une bien bonne excuse pour orienter la série vers l'action/infiltration et plus l'infiltration/action...
Ne nous mentons pas, Sam ne compte plus tout faire au calme pour ne pas déclencher l'alarme. Splinter Cell Conviction assume pleinement sa comparaison avec Jason Bourne. Ici Sam Fisher a la vengeance dans la peau et niveau gameplay on a plus vraiment tout ce qui faisaient le bonheur du joueur infiltrateur, patient et tapi dans l'ombre. On ne peut plus déplacer les corps. Ce simple constat veut à peu près tout dire.
On ne passera plus des heures à tout faire pour ne pas se faire voir, et pour cause, le jeu ne permet plus de jouer ainsi. En fait, l'orientation est nettement plus action qu'avant. Mais alors là vraiment. Rien à voir avec les trois pauvres ajouts de Chaos Theory, ou même rien à voir avec les quelques mouvements un peu plus bourrins de Double Agent. En fait tout le game design s'est orienté sur le modèle (inconsciemment j'imagine) d'un Batman Arkham Azylum (ou City) dans ses phases d'éliminations. Il est clair lorsque l'on joue que si le début permet de se la jouer à l'ancienne (on n'est pas obligé de tuer tout le monde loin de là), dès la deuxième moitié du jeu, il devient impossible d'avancer sans éliminer les ennemis ultra nombreux!
Pour cela on a le droit au fameux système Mark&Execute. Celui ci consiste à gagner le droit de supprimer plusieurs antagonistes en même temps en en ayant neutralisé un au corps à corps au préalable. De plus ceci combiné avec le nouveau système de déplacement moins précis qu'avant mais plus rapide, et surtout la facilité déconcertante que l'on a pour mettre une balle dans la tête d'un opposant rendent le jeu vraiment plus facile. Splinter Cell Conviction est l'épisode le plus facile (et accessoirement le plus court) de la série. Cependant, il me faut rétablir une vérité. Que ceux qui s'attendent à un Uncharted-like aillent se faire voir ailleurs! Action ne signifie pas bourrin ici. Le mec qui fonce dans le tas risque de mourir et comme une merde en plus. On a certes plus la possibilité de la jouer complètement fantôme, mais faute de ça, je peux vous assurer qu'on prend plaisir à choper les bad guys de la manière la plus stylée sans qu'ils aient rien vu venir. Car oui le jeu est extrêmement plaisant à jouer. Et plus que dans les autres volets, c'est en me créant mon propre trip et me mettant vraiment dans la peau de Fisher que j'ai pris mon pied. La sensation de puissance est grande quand on a marqué quatre cibles et qu'on saute d'un poteau sur la cinquième avant de déclencher le meurtre en série des premiers...c'est ça que propose Splinter Cell Conviction. On ne peut pas faire n'importe quoi, débouler avec son M4 dans une pièce et liquider tout le monde, mais on a assez de choix pour bien prendre plaisir à progresser. Et la preuve que le jeu reste orienté infiltration, c'est qu'on prend nettement plus de plaisir la deuxième fois que la première car ce coup ci on connaît les niveaux.
Je vais résumer l'évolution de Splinter Cell a avec une petite comparaison. Splinter Cell Conviction est à la série Splinter Cell, ce que Assassin's Creed peut-être à Mirror's Edge. Ce n'est pas le même niveau de complexité et de profondeur en terme de gameplay, mais le jeu mise sur bien d'autre chose pour l'expérience soit vraiment agréable. Je vais par contre émettre un bémol. Le jeu n'est pas construit pour l'action pure et dure. Par conséquent certains passages sont assez retorses voir chiants quand on les fait la première fois, car les développeurs ont parfois vraiment abusés sur le surnombre des ennemis.
Je vais finir en parlant de l'aspect durée de vie. Je l'ai déjà dit, c'est l'épisode le plus court de la série, si vous ne jouez qu'au solo. Je pense qu'en jouant un peu malin et infiltration on peut venir à bout du jeu en six ou sept heures. Seulement la replay value de ce genre de titre dépend avant tout la patience et l'investissement qu'on veut en faire. Pour moi, finir le jeu une fois n'a pas grand intérêt. Maintenant je vais essayer de remplir les nombreux défis lié à la campagne solo, et surtout je vais m'attarder sur l'autre très bon point du jeu, son mode coop qui est loin d'être un simple à côté. Celui ci propose donc une campagne complète de quatre missions que je n'ai pas encore finis, mais qui selon les dires d'autres joueurs donnerait quatre heures de jeux supplémentaires avec un scénario qui est le prologue du jeu. De plus il y a différents autres modes comme vider une salle de ses occupants, un peu l'équivalent encore une fois de ce qu'à fait Batman récemment. Il y a aussi le mode protection, qui consiste à garder une zone des assaillants toujours en coop bien sûr et pour finir un mode un peu plus compétitif où il faut abattre le plus d'hommes et éventuellement le deuxième agents qui se trouve dans la zone pour gagner plus de points. Tout cela rallonge considérablement la durée de vie. Les modes coop valent vraiment le coup. Je n'ai pas encore tout pue exploiter (le jeu est à peine sortie) mais si certaines séquences solo sont gratifiantes, c'est d'autant plus jouissif de neutraliser jusqu'à dix mecs en 10 secondes à deux. On monte des minis actions qu'on réalise parfois à l'arrache avec un gars qu'on avait pas vu venir, on sauve son pote, il nous sauve. C'est aussi l'avantage de la réactivité des commandes qui paraissent juste plus pauvre au début; on peut vraiment réagir sur le tas en solo comme en coop.
Je vais résumer un peu le fatras de texte de ce test. Pour faire simple Splinter Cell Conviction n'est pas un Splinter Cell. Il s'en donne parfois des faux airs, mais le temps où l'on pouvait finir le jeu sans tuer personne est révolu. Cependant le scénario qui induit le changement de gameplay permet de faire passer la pilule un peu plus facilement, d'autant que le changement est bien fait. La prise en main est plus permissive et plus réactive. Ceci donne des actions qui si l'on s'en donne un peu la peine peuvent être à la fois classes, rapides et sans un bruit de la part des ennemis. La campagne solo très courte passe par pas mal de diversité de situation même si un ou deux passages plus action peuvent être vraiment presse testicule. Cette campagne est d'ailleurs très courte mais pourtant, de la série le jeu est le plus complet, avec défis et mode multi blindés. Du coup avec sa gueule pas forcément magnifique, mais très détaillée, son gameplay proche de l'infiltration à la Batman Akham Azylum (ou City donc), le Sam Fisher nouveau livre un très bon jeu, vraiment, une valeur sûre en action/infiltration. Son seul réel problème finalement c'est de s'appeler Splinter Cell...