StarCraft II: Heart of the Swarm par Calaius
Un peu plus de deux ans se sont écoulés depuis le retour de StarCraft sur la scène vidéoludique. Avec un StarCraft 2 première partie, sous-titré Wings of Liberty, dont la campagne solo mettait en scène les Terrans aux prises avec les Protoss et les Zergs.
Attendu au tournant par une communauté de hardcore gamers voire de pro-gamers (ceux qui sont payés à jouer, les veinards). Critiqué, de prime abord, pour son manque d'innovations (certains hurlaient au scandale du fait de l'absence de nouvelle race). Mais le jeu aura réussi un coup double, un coup de maître. Confirmer, tout d'abord, son emprise sur le monde du pro-gaming : tous les joueurs pros sont passés de Brood War à SC2, les teams « privées » d'abord, et la Kespa (fédération Coréenne de StarCraft) plus récemment. Mais aussi à conquérir un nouveau public : StarCraft n'est plus seulement un jeu de niche. La puissance de Blizzard à rendre ses jeux attractifs a fonctionné à plein régime, à tel point que les compétitions de StarCraft sont désormais largement suivies dans le monde, et que des Barcrafts (bars à thème StarCraft avec retransmissions des compétitions, PC et tournois en lan …) ouvrent un peu partout en France et dans le monde.
Et la première extension pour StarCraft 2 est sortie hier : Heart of the Swarm nous plonge comme son nom l'indique au cœur du swarm, chez les Zergs. Certains l'attendaient pour sa campagne solo, d'autres pour ses changements dans le multijoueurs qui vont impacter le jeu de ceux qui saignent le ladder, et les compétitions officielles. Que l'on soit intéressé par l'un, l'autre ou les deux, doit-on passer de Wings of Liberty à Heart of the Swarm ? Après des mois de beta multi, une campagne solo bouclée et du ladder, je vais répondre à vos interrogations.
Campagne Solo :
La partie solo se compose d'une campagne qui reprend là où celle de Wings of Liberty s'était arrêtée. Jim Raynor a ramené Sarah Kerrigan à son état Terran (autrement dit : humain), alors que celle-ci s'était transformée en la Reine des Lames, leader des Zergs. Mais point d'idylle pour les tourtereaux, l'infâme Empereur Mengsk n'est pas un romantique. Le méchant de l'histoire est toujours là et Kerrigan ne va pas tarder à retourner s'aider de l'essaim Zerg pour le combattre.
Les bases de la campagne sont également les mêmes que dans Wings of Liberty : on se retrouve entre chaque mission dans son vaisseau, où l'on pourra dialoguer avec les personnages présents, améliorer ses troupes -j'y reviendrai, et octroyer des capacités spéciales à Kerrigan au fil des niveaux. Un nouveau sort tous les 5 puis 10 niveaux, à choisir parmi 2 et plus tard 3 disponibles. Un côté hack n slash plutôt plaisant, d'autant que les sorts en question sont dynamiques et variés.
Il est toujours plaisant de retrouver les personnages qu'on connaît, d'autant que les cinématiques made in Blizzard sont toujours à tomber. On découvre dans Heart of the Swarm un peu plus de l'univers, notamment de l'origine des Zergs ici à l'honneur, et des raisons de l'affrontement des trois races. En revanche on reste dans une campagne de STR, il ne faudra pas s'attendre à des miracles côté scénario.
Les missions sont, elles, inventives et vraiment variées, on ne fait jamais deux fois la même chose, chacune introduit un nouveau paramètre à prendre en compte, une nouvelle unité, notamment les nouvelles de l'extension, … on y fait toujours quelque chose de différent, on passe d'un combat de boss de beat them all à du STR plus classique, du MOBA à de la base à tenir contre des vagues d'ennemis …
Les troupes de base peuvent être améliorées en choisissant parmi 3 upgrades chacune. Par exemple les zerglings auront le choix entre améliorer leurs points de vie, leur vitesse d'attaque ou leur vitesse de déplacement. Et des missions d'amélioration viendront en plus offrir le choix entre deux transformations pour chaque unité, et là on est dans l'original : entre les banelings qui se divisent en deux plus petits quand ils explosent, ou les banelings sauteurs, l'unité prend encore plus d'intérêt. Les missions qui conduisent au choix de ces améliorations sont, en revanche, une pure perte de temps.
J'ai mis environ onze heures pour terminer cette campagne solo, une durée de vie tout à fait honorable vu sa diversité, et sachant que le mode multi m'occupera des centaines d'heures.
Multijoueurs :
Un mode multi autant, sinon plus attendu par les joueurs, car dans StarCraft tout est millimétré, et les changements sont scrutés à la loupe. Alors sortons la notre pour voir ce que Blizzard nous a concocté de nouveau.
Chaque race a droit à de nouvelles unités ou capacités. Commençons par les Zergs puisque c'est leur extension : l'Essaimeur peut s'enterrer et générer alors en continu des locustes, petites unités gratuites qui iront attaquer l'adversaire. La Vipère pourra, elle, envoyer un grappin pour attirer des unités à elle, générer un nuage qui empêche les unités prises dedans de tirer à distance, et enfin récupérer de l'énergie en endommageant les bâtiments alliés. A noter également : la vitesse des Hydralisks, la détection et l'enfouissement dès le début du jeu, la régénération de vie des Mutalisks.
Chez les Terran, on note l'arrivée de la Mine Veuve qui peut s'enterrer et faire des dégâts dévastateurs eux unités qui passent près d'elle. Le Tourmenteur peut, lui, se transformer en espèce de mecha avec un lance flammes à aire d'effet en forme de cône. Le Chien de guerre, apparu au début de la bêta, a disparu du fait de sa surpuissance impossible à équilibrer, et on ne l'apercevra que furtivement dans la campagne solo. A noter également : le Reaper plus rapide, le boost de vitesse des Médivacs.
Les Protoss optent pour l'aérien puisqu'ils récupèrent trois nouveaux joujoux : le Tempête est un vaisseau sniper, avec sa portée supérieure à n'importe quelle unité du jeu, l'Oracle est rapide et peut lancer un sort lui permettant de faire beaucoup de dégats très rapidement, et enfin, le Noyau de Vaisseau-Mère peut être produit rapidement, servir à l'attaque, se poser sur un Nexus pour le transformer en forteresse défensive, et peut servir à recall (rappeler toute son armée dans sa base). A noter également : les Dark Templars moins chers. On avait pourtant dit que c'était l'extension des Zergs.
Toutes ces unités devraient considérablement changer le metagame (traduction : la façon dont le jeu est joué en multi, les tactiques utilisées à un moment donné etc). On note que la plupart des nouvelles unités demandent de la microgestion, et on attend impatiemment de voir ce qu'en feront les pros pour tenter de reproduire pitoyablement leurs mouvements chez soi. Mais Blizzard s'occupe aussi de rendre son jeu toujours plus accessible pour séduire de nouveaux joueurs, avec sa refonte d'interface, ses mods toujours aussi nombreux, les parties non classées (donc moins punitives), plus de détails sur la partie et ses propres performances en fin de match pour s'améliorer … la liste est longue.
Côté graphismes, enfin, cela concerne le solo et le multi, le jeu est toujours aussi joli. Le nouveau moteur physique (déjà appliqué dans un patch aussi pour ceux qui ne possèdent pas l'extension) permet quelques fantaisies surtout lors des batailles. On notera juste quelques faiblesses dans le solo avec quelques cartes moins jolies ou détaillées que le reste, mais dans l'ensemble l'aspect est toujours très bon pour un jeu qui doit, selon la volonté habituelle de Blizzard, tourner sur le plus de machines possibles (sans remonter jusqu'au Pentium IV non plus).
Comme toujours, Blizzard améliore son jeu dans son ensemble plutôt que d'y greffer un gros ajout, pendant que d'autres ajoutent deux races par extension. Une obligation de mesure pour Blizzard tant le moindre ajout change le cœur bien huilé de son jeu. Et ça fonctionne toujours, les nouvelles unités forcent quasiment à réapprendre à jouer. On ne change pas la moitié des règles d'un sport d'une année sur l'autre, et StarCraft est un des acteurs majeurs du sport électronique. Entre la campagne solo longue et fournie et le multi qui apportent un vent de nouveauté, on tient avec Heart of the Swarm une extension indispensable pour qui joue un minimum à StarCraft 2.