Jouer à un remaster d’un jeu auquel on avait joué à l’époque, outre le fait de donner un sérieux coup de vieux, nous permet de nous plonger dans la dichotomie souvenirs/réalité. Car une œuvre ne possède pas que des qualités ou des défauts, elle est aussi un produit de son temps, et notre réception est également un produit de son temps. Après tout il n’y a qu’à voir les modes d’une époque pour constater qu’on devait vraiment avoir de la merde dans les yeux et dans la tête pour apprécier de porter à la fois, le mulet, la sacoche banane et les bermudas fluorescents. Et apprécier Starcraft en 1998 s’explique très facilement mais apprécier Starcraft en 2020, et bah c’est déjà plus compliqué.
Le STR dans l’espace de Blizzard proposait un équilibre, de longues campagnes et des différences de gameplay. Voilà les très grandes forces de Starcraft accompagné de Broodwar sa troisième extension indispensable. Bien sûr le gameplay proposait aussi un micro management original de certaines unités, une gestion des distances ou encore l’utilisation de l’invisibilité; et tout ces éléments en ont fait un titre mythique.
Mais quid de sa rejouabilité en 2020. Déjà la version remaster propose un petit lifting technique bienvenu avec des graphismes affinés et des vignettes des personnages refaites, et ça soigne les yeux. Concernant le gameplay… ben disons que c’est lent… terriblement lent… mortellement lent… même avec la vitesse de jeu au maximum, la lenteur des améliorations, de la création d’unités… urgh… c’est long… Bref, le dynamisme du titre n’est absolument plus au goût du jour. Ensuite, le système de récupération de ressource à fait long feu. Depuis vingt ans, les points de ravitaillement sont venus tout bouleverser avec les titres de Relic Entertainment ou Eugen Systems. Et forcément le punch, l’emphase sur le stratégie et la réflexion ont pris le pas sur les actions par minutes, les raccourcis et la répétitivité. Sans compter que les missions donnent souvent le sentiment de radoter, la lascivité vient rapidement prendre le dessus. Enfin, et c’est sans doute l’écueil le plus important pour ce titre, à savoir sa difficulté.
Mais comment faisait on à cette époque ? Alors bien sûr les « Show me the money » et autres « Power overwhelming » ont rapidement été connus, mais si faire la campagne terran pouvait déjà être long et douloureux, celle des zergs devenait très (mais alors TRÈS) difficile à finir. Et pour cause, les ressources placés sur la carte pouvaient se trouver être en trop faible quantité, les déséquilibres trop long à remonter ou encore les mauvais départ empêchait de finir une mission qu’il nous fallait reprendre au début après deux heures d’échec. L’IA ne posant jamais véritablement de difficulté à cause d’une prévisibilité salvatrice, il s’agissait avant tout d’une utilisation de ses ressources qu’il fallait savoir gérer au cordeau. Et ça prennait des plombes !
Alors les vingt ans, tout ça? Bah ça fonctionne toujours autant, la musique est toujours aussi cool, les sons rappellent de bons souvenirs, l’histoire est moins simple qu’à l’accoutumée et pas mal de petits détails font vraiment plaisir. Par contre c’est un jeu de nostalgique : retourner sur Starcraft, c’est comme regarder un vieux film qui possède ses qualités et défauts qui ont été transcendés par la suite, sans oublier que le temps a passeé et qu’aujourd’hui il n’y a plus de place pour ce genre de titre.