VN master race

Après avoir vu l'anime, je voulais savoir ce que donnait Steins Gate (SG) dans son format initial : celui d'un Visual Novel (VN). C'est un genre avec lequel je suis très peu familier et je n’ai pas honte d’admettre que c’est ma grande appréciation de l’anime qui m’a motivé à faire le VN. Il y aura donc un bon nombre de comparaisons entre le VN et l’anime dans cette critique qui sera sans spoil ou alors ce sera très mineur.

Attractive Field

En lançant Steins Gate, la 1ère chose qui m’a impressionné est l’aspect visuel de jeu. En effet, c’est très joli alors qu'il s'agit juste d'arrières plans et de personnages en 2D. Le style est très léché et assez unique en son genre. Le chara design est sublime même si les personnages semblent ne posséder qu’une seule tenue vestimentaire et des cous étrangement longs. C’est aussi ma 1ère rencontre avec les Computer Graphics (CG). Un terme utilisé dans les VN pour décrire ces images plein écran en 2D très belles qui apparaissent aux moments forts du jeu. En gros, ce VN est donc très plaisant à regarder et c'est assez important vu que l'on verra assez souvent les mêmes environnements et personnages. L’anime, même si plutôt joli, fait fort générique à côté.

En parlant de l’anime, j’ai aussi été très content de retrouver les mêmes doubleurs japonais dans le VN pour chacun des personnages sans exception. Je précise d’ailleurs que leur performance est excellente et cela donne beaucoup de vie et de charisme à de simples images 2D. Pour complémenter cela, les musiques sont de très bonne facture. Rien d’exceptionnel mais ça fait très bien le taf et ça m’a agréablement surpris.

Science + Nyan²

Parlons maintenant de l’univers du jeu car il pose quelques barrières à l’entrée à mon sens. Pour cela, je vais assumer que vous connaissez déjà SG ou que vous avez lu un synopsis préalablement. Steins Gate est influencé principalement par deux choses à commencer par la culture Otaku. La plupart des personnages principaux sont des Otaku et vivent à Akihabara qui est la terre sacrée de cette subculture. Le VN s’adresse clairement à ce public et les références à cette culture sont légion. Ainsi, connaître et d’apprécier la culture Otaku est clairement un plus même si pas indispensable. Il suffit de ne faut pas y être réfractaire. La seconde grande influence est la science qui tourne autour du voyage dans temps. SG est complexe sur cette thématique dans son intrigue mais est également pointu dans ses références scientifiques. Ainsi, on aura le droit à beaucoup de jargon et de théories à ce sujet.

Attractor Field ? Chuunibyou ? Qu’est-ce donc que cela ?! Pas de panique. Le jeu dispose d’un glossaire très complet qui prends chacun de ces termes complexes et les vulgarisent très bien. Ainsi, on s’y retrouve même si sans être un otaku ou un scientifique. Et heureusement car le jeu va bien au-delà de ses deux grandes influences avec des thèmes universels qui parleront à tous et qui valent clairement le détour.

“Amazing story, you could make a Visual Novel out of it”

Le gros morceau d’un VN, plus que tout autre jeu, est son scénario ainsi que le traitement des personnages. L'anime m'avait déjà beaucoup impressionné sur ces deux éléments et le VN encore plus et pas qu'un peu. D’abord, on incarne Okabe Rintaro pendant tout le jeu et voit tout de son point de vue. Sans trop entrer dans les détails, le VN commence doucement et ne démarre vraiment qu'à partir du second tiers du jeu. Cette lenteur initiale est justifiée pour poser l'univers, les personnages ainsi que les mèches qui vont faire vraiment démarrer l'histoire. Ce n'est donc clairement pas inintéressant pour ceux qui ne sont pas familier avec Steins Gate mais également pour ceux qui le connaissent via l'anime.

Eh oui, je me suis vite rendu vite compte que le VN est bien plus riche que ce soit au niveau de son univers de ses thèmes ou encore de ses personnages et tout cela avec une très bonne écriture. L’origine de la passion de Mayuri pour le cosplay, les relations de Lukako avec sa sœur, le RaiNet Kakeru, la signification de FB ainsi que de Steins Gate, l’origine d’Hououin Kyōma et bien plus ... Autant de choses absentes de l'anime qui donnent plus de crédibilité, de sens et de profondeur à l'univers du VN ainsi qu’à ses acteurs.

Une fois lancé, Steins Gate nous gratifie d’un scénario exceptionnel basé sur le voyage temporel qui brille par son intelligence, ses thèmes mais aussi sa cohérence. Je dis basé sur le voyage dans le temps car l’œuvre préfère se concentrer sur comment celui-ci influe sur ses protagonistes. Ces derniers sont pour moi le meilleur élément de l’œuvre grâce à la manière dont ils sont traités dans l’intrigue. La richesse supplémentaire du VN rend ceux-ci encore plus impactants et crédibles mais ce n’est tout. Le Joker du VN est qu’il dispose de fins alternatives qui interviennent à certains moments de l’aventure. Très intelligentes, surprenantes et impactantes, ces fins alternatives se focalisent sur un personnage en particulier et j'en préfère certaines à celle proposée par l'anime. Ces différentes conclusions sont pour moi ce que le VN à de meilleur à offrir.

Mais le contenu inédit se s’arrête pas aux différentes fins et à plus de background pour l’univers. La trame principale contient également quelques scènes importantes totalement ignorées dans l’anime que je considère pourtant quasi indispensables à l’intrigue. Je pense notamment à celles qui font intervenir des personnages mineurs dans l’anime mais plus présents dans le VN comme Nae et qui sont fort surprenantes en conséquence. Le seul regret que j’aurais par rapport au scénario est qu’il manque quelques CG pour appuyer 2/3 scènes importantes.

“It’s the choice of Steins Gate !”

Après le scénario, il est temps de parler du gameplay car oui il y en a un ! Les interactions qu’on a sur le jeu sont assez minimalistes mais on a loin de la nécrose vidéoludique à laquelle je m’attendais. Bien sûr, on va beaucoup appuyer sur X pour faire avancer le texte mais le jeu dispose d’autres interactions qui sont toutes en rapport avec le téléphone de Rintaro. On va recevoir des mails assez souvent lors de l’aventure auxquels il y a plusieurs choix de réponses. Selon nos choix, on va débloquer des récompenses allant d’une simple réponse, des succès/trophés, des scènes inédites ou encore un des prérequis pour débloquer la vraie fin du jeu. Ce dernier point est assez mal foutu d’ailleurs car il sera difficile d’accéder à la vraie fin sans soluce. Sinon, tous les choix de Steins Gate, du moins au plus important, se feront via le téléphone de Rintaro.

Et c’est tout ? Niveau gameplay oui à peu près. Toutefois, le jeu dispose d’une ergonomie bien pensée qui apporte un confort de jeu indéniable. On peut sauvegarder à tout moment et l’on dispose d’énormément d’emplacements pour cela. Revenir sur une ancienne sauvegarde pour faire un choix différent est donc aisé. Encore mieux, on peut zapper les dialogues qu’on a déjà lu très rapidement et le jeu s’arrête automatiquement lors de la réception d’un mail ou une fois arrivé à un dialogue encore non lu. Il y a même un mode auto qui permet lâcher la manette et lire tranquillement. On peut accéder à tout moment aux phrases déjà lues via le backlog ou cas l’on aurait loupé quelque chose. Pour finir, un menu options donne accès à pas mal de réglages pour personnaliser son expérience de jeu. Tout cela pourra peut-être sembler normal pour un amateur de VN mais ça a agréablement surpris le novice que je suis.

But can you even open the Steins Gate ? orz

Car oui, SG a tendance à fermer la porte à beaucoup de monde. Son univers et ses influences le prédestine déjà pour un public restreint mais c’est le fait qu’il ne soit traduit qu’en anglais hors du Japon qui enfonce le clou. Il ne s’agit pas d’un anglais des plus simple non plus et la complexité du scénario n’arrange pas cela. Rien d’insurmontable mais une certaine maîtrise de la langue de Shakespeare sera nécessaire ainsi qu’un petit Google Trad à portée de main pour les termes les plus complexes. Le côté peu accessible du jeu vient aussi du fait que c’est un VN tout simplement. Ce n’est clairement pas un genre de jeu fait pour tout le monde. Et je ne jetterai pas la pierre à ceux qui rejettent SG pour cette raison même si je trouve ça bien dommage. L’anime a donc un gros avantage côté accessibilité mais c’est bien le seul atout dont il dispose à mon sens.

Pour conclure, Steins Gate est un véritable chef d’œuvre. Son scénario est exceptionnel et d’une grande richesse grâce à ses excellents personnages. Vrai plaisir pour les yeux et les oreilles, le VN a été, à ma surprise, agréable et confortable à jouer. Malgré ses quelques petites imperfections et son côté peu accessible, il s’agit d’une œuvre nettement supérieure à adaptation anime dans quasiment tous les domaines. A moins d’être allergique au genre, à l'univers et/ou ne pas correctement comprendre l’anglais, je ne peux que très vivement vous recommander de faire ce VN que vous connaissiez déjà Steins Gate ou non.

P.S : Pour terminer en beauté, je vous propose de regarder l’opening de la version PS3 du jeu.