Quelle ne fut pas ma surprise lorsque Strangeland a été annoncé. Après l’excellent Primordia, j’attendais beaucoup de ce Strangeland. On retrouvait déjà dans Primordia cette esthétique si particulière, dont Wormwood Studios a le secret et pour notre plus grand plaisir.

Ce qui nous frappe en premier lieu c’est son côté monde déjanté et un peu loufoque dans le plus pur style "Zork : Grand Inquisiteur". Mais plus on pénètre l’univers et plus il nous apparaît un monde crade et glauque. Se dévoile alors une atmosphère des plus malaisantes qui nous saisit brutalement.

L’étrangeté de l’univers, avec sa plastique si particulière, nous donne l’impression d’un mixage improbable entre du Lynch et du Cronenberg. Dans une certaine mesure, c’est même plus malsain encore ; il y a une véritable ambiance de train de l’horreurs au cœur d’un spectacle "Freak". C’est certainement le point le plus positif du jeu.

Et par le biais de la folie - car on est en pleine descente dans la tête d’un homme qui perd peu à peu pied avec la réalité -, nous est conté l’histoire de sa bien aimé morte dans des circonstances floues. Le Chara Design d’ailleurs, lors de certaines cutscenes, nous renvoie subtilement à "Alan Wake".

Concernant les points négatifs; les phases de décès à la longue deviennent légèrement lourdingues – mais heureusement qu’elles peuvent être écourtées. Le jeu est extrêmement cryptique et bien que la fin soit un tantinet plus explicite, il est difficile d’en comprendre les subtilités, voire le sens réelle. Cela peut frustrer et même alourdir l’expérience, il faut l’avouer. À côté de ça, forcément, il y a énormément de références qui filtrent à travers les protagonistes.

Enfin, le jeu aurait gagné à être un peu plus long (et moins cryptique), histoire d’avoir quelque chose de plus consistant.

Finalement c'est une petite déception ; un jeu qui aurait peut-être mérité un peu plus de finition, un traitement plus minutieux sur l’histoire et ne pas laisser de l’interprétation à tous les coins de rue. L’expérience aurait gagné aussi a être un peu plus accessible, moins de cryptique.

En l’état on a l’impression que c’est une suite de séquences qu’il faut passer, avec un lien très obscur entre les différents éléments. Oui, c’est un point & click, qui plus est dans un monde étrange où rien n’a vraiment de sens. Mais on est en droit d’exiger de la cohérence et un ou des fils rouges à quoi s’accrocher. Pourtant Primordia avait un scénario solide, sur fond de fin du monde. Dommage.

Eolithe
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le 28 oct. 2023

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