Cette critique, je la sens pas.
Certes, on écrit pas des textes pour la popularité, mais quand on a le sentiment d'appartenir à une communauté de joueurs partageant certaines références culturelles et une certaine exigence dans la construction des gameplay, on appréhende un peu les moments durant lesquels on est à contre-courant. Et s'agissant de Street Fighter V, la note que j'attribue vous donne un aperçu du chemin que j'emprunte.
Petit rappel historique et contextuel.
Street Fighter fait partie des saga qui ont façonné mon profil de joueur. L'épisode 2 en particulier (et bien entendu). C'est vraiment sur Super Street Fighter 2 que j'ai "appris" à jouer avec une certaine rigueur, en développant l'envie de s'améliorer sur le long terme, d'adopter et d'apprendre des stratégies en fonction des personnages, de cultiver les meilleurs réactions en fonction des situations. Bref, de se mettre dans la situation de bien jouer au "Versus Fighting".
J'appréciais tellement la franchise que je l'accompagnais dans ses épisodes les plus discutables. Je pense notamment à Street Fighter EX + Alpha, sur lequel j'ai passé un petit paquet d'heures, tout en défendant envers et contre tous que non, ce n'était pas si moche et si bancal. Avec le recul : si, ça l'était un peu (pas mal concernant la beauté, d'ailleurs ...).
La série Alpha m'a sans doute été un peu étrangère, mais je rattrapais mon retard grâce à Street Fighter Alpha 3. Même s'il m'avais un peu bousculé, j'avais trouvé l'épisode 3 novateur et inspiré, marqué d'une très forte identité, du point de vue de la maniabilité comme de l'OST, aussi incroyable d'improbable. L'épisode 4 fut un retour aux sources pleinement apprécié. On y retrouvait, dans le feeling des années 2010 et sur la nouvelle PlayStation 3, les sensations de l'épisode fondateur : Street Fighter 2.
Et du Street Fighter IV, j'en ai bouffé, surtout sur l'épisode original et dans la déclinaison Super Street Fighter IV. Puis l'envie s'est estompé, et j'ai finalement très peu voire pas du tout joué aux itérations "Arcade" et "Ultra".
Mais tout ça pour dire quoi ?
Et bien tout simplement que Street Fighter V s'inscrit dans cette histoire. Et qu'à ce titre, lorsque j'ai pris pour la première fois ma manette PS4 pour lancer cet épisode, j'ai tristement ressenti le même sentiment que lorsque j'ai joué à SoulCalibur IV, épisode d'une autre saga(t) à laquelle je suis attaché. Dans le fond, je n'affirmerais pas que SF5 est un mauvais jeu. C'est juste un jeu qui n'a pas su me capter. Pour beaucoup d'aspect, j'ai quand même bien l'impression de jouer à une nouvelle itération de SF4, bien que j'admette qu'il y ait quelques changements dans les commandes et les personnages disponibles. Mais finalement, il y en avait aussi un peu entre chaque épisode de SF4.
Bref, par le manque de renouvellement, accentué par une relative pauvreté des contenus, SF5 me donne le sentiment que la franchise commence à tourner en rond. Et ce sentiment, je commençais à l'avoir depuis quelques temps.
Car rien n'est fait pour vraiment me plaire dans ce jeu. Le nombre de personnages est pour le moment très restreint et finalement, ce sont toujours un peu les mêmes (sur ce point, ce qui constituait historiquement un attrait pour moi commence à devenir un fardeau), l'interface général du jeu n'est pas génial voire souvent brouillon, la patte graphique ressemble furieusement à tout ce qu'on voit depuis maintenant 6 ans, les musiques ne marquent pas, et tous les éléments de background restent très en retrait (oui, ce n'est pas l'essence d'un jeu de combat mais c'est quand même apprécié). Au coeur du jeu, le gameplay - comme évoqué avant - me donne plus l'impression d'une mise à jour que d'un nouvel épisode : le genre d'évolution qui donne plus envie de gérer que de s'investir à fond. Ajoutons à cela - mais c'est peut-être plutôt de la malchance qu'autre chose - un matchmaking capricieux, et on obtient un bon titre à lâcher.
Pour aller au bout de l'explication de mon ressenti, ça m'a définitivement motivé à m'investir dans une autre franchise de jeu de combat que je souhaite découvrir plus profondément, à savoir BlazBlue.
Indéniablement, Street Fighter V est pour moi et en cette année 2016 une déception que j'avais senti venir. Une déception ne reflétant pas nécessairement un mauvais jeu, car je pense que de nombreux joueurs y trouveront leur compte, mais une déception en terme de motivation envers une franchise que je considère comme centrale dans mon histoire de joueur comme en matière d'histoire du jeu vidéo.