Dans la tour d'Akenash, F5 sera votre seule amie.
Quand un jeu Cyanide sort, c'est souvent la même chanson : le jeu dispose d'une narration solide, d'une histoire agréable, de personnages attachants et d'une écriture remarquable mais son gameplay est à le fois exigeant et brouillon et son aspect technique très en deçà des jeux actuels (surtout au niveau des animations).
Finalement le jeu tombe peu à peu dans l'oubli à cause de ses lacunes techniques et de sa communication trop importante qui arrive à faire passer un jeu petit budget pour un blockbuster (Game of thrones ou Bound by flame).
Styx : Master of Shadow raconte le périple de Styx, un Gobelin vieux de 200 ans, qui s'est fixé comme objectif de s’infiltrer dans la légendaire Tour d'Akenash qui abrite en son sein le seul Arbre-monde du territoire Humain. De cette arbre s’écoule la mystérieuse et précieuse Ambre, un substance capable de conférer d'étranges pouvoirs à ceux qui l'absorbe.
Si l'histoire n'est pas des plus passionnantes dans la première partie, faute à un personnage principal qui manque clairement de consistance et à des motivations basiques, le twist de mi-parcours arrive à insuffler un renouveau dans la narration et nous promet de véritables réponses sur le passé de Styx et sur ce qui le motive.
Ici ce n'est pas de la vengeance (comme dans 90% des jeux actuels) mais une motivation plus simple: la quête d'identité.
L'intrigue décolle donc à partir du chapitre 4 et propose une histoire passionnante sur la volonté de Styx de s'affranchir de l'autorité en plus de proposer des idées excellentes pour expliquer certaines détails flous de l'univers de « Of orcs and men ».
Je vais éviter de spoiler mais en gros: nous assistons à la naissance d'une race.
Pour couronner le tout, cette histoire se déroule dans un monde qui a une sacrée gueule: un mélange habile de Dark-fantasy et de Steampunk où un être aussi cynique que Styx à toute ça place.
Au niveau de gameplay, malgré quelques moments de plate forme un peu étranges (rectifiés avec la dernière maj), le jeu s'en tire de façon remarquable.
Il s'agit ici d'un vrai jeu d’infiltration sans triche ni moyen de bourriner.
Pour vous en sortir sans dommages de chaque zone vous devez étudier le terrain, déterminer le meilleur chemin pour accéder à votre objectif, faire attention aux patrouilles, choisir judicieusement vos cibles, utiliser avec parcimonie les accessoires qui vous sont proposés et user au mieux vos compétences d'Ambre. Le moindre affrontement avec plus de deux gardes finit généralement par la mort du gobelin.
Le level design est excellent et vraiment conçu pour jouer le Gobelin lâché dans une ville.
Les zones sont grandes, il y a facilement 5 ou 6 chemins différents pour accéder à un lieu et les niveaux regorgent de cachettes, de planques et d'objets suspendus mortels pour le garde qui est en dessous.
Les compétences d'ambre sont également très bonnes: outre l'invisibilité et la vision nocturne, il y a également le clonage! Styx peut créer un double et l'envoyer pour : faire diversion, harceler un garde, piéger une armoire, activer un levier, servir d’appât pour un Orc affamé ou encore exploser pour aveugler un groupe d’ennemis.
L'IA, quoique en disent les critiques sur le Net, n'est pas aux fraises.
A partir du mode normal elle est assez intelligente pour rester en alerte si elle découvre un cadavre, fouiller les caisses et les planques à la recherche de Styx, alerter toute la map sur votre présence (ça m'est arrivé au chapitre 6).
Effectivement il a le syndrome du «mon imagination me joue des tours» ou encore le coup du «je ne vois rien dans le noir» mais je ne vois pas pourquoi les gens retiendraient ses défauts pour Styx et non pour Dishonored. Non Styx dispose d'une IA perfectible mais normal et dans la norme de tous les jeux d'infltration.
Petite déception pour la bande-son tout de même: les musiques sont sympathiques mais trop absentes et les voix ne sont pas doublées en VF...dommage pour un jeu français. Le jeu a également des défauts techniques (animations,graphismes) mais comment lui en tenir rigueur alors que son budget est limité et que son prix de lancement est de 24 euros ?
Styx : Master of Shadow est un vrai coup de coeur.
Ici le gameplay est maîtrisé, l'aspect technique est en retard mais n'est pas moche, la narration et les personnages sont toujours aussi bons, la durée de vie est excellente (25 heures pour finir le jeu une première fois) et nous avons affaire à un vrai jeu d’infiltration !