Styx Shards of Darkness nous remet dans la peau du gobelin à la lame acérée pour une aventure mettant encore une fois l’accent sur la furtivité.
Pour l'histoire, le scénario est plutôt plaisant à découvrir, qui nous permet d'en apprendre plus sur les elfes noirs déjà aperçu dans le précédent opus, et est agrémenté de plusieurs cinématiques bien fichues, on est pas dans du AAA mais c'est tout à fait regardable, notamment grâce à une modélisation des personnages nettement améliorée depuis Master of Shadows. Si l'univers du jeu est toujours aussi sombre, le ton général du jeu est clairement plus léger qu'auparavant, en cause un Styx toujours enclin à lâcher un commentaire sur la situation, tantôt humoristique, tantôt s'adressant directement au joueur (il ira jusqu'à vous remonter les bretelles en cas d’échec). Vous aurez aussi droit à pas mal de références à la pop culture (pas trop appuyées mais un peu trop évidentes). La plupart des commentaires sont sympas, même si le gobelin aura un peu trop tendance à ne jamais la boucler. Mais Styx est toujours aussi attachant, et même si l'histoire est plus en retrait pour cette suite, le tout est globalement réussi.
Le gameplay du jeu est similaire à celui du précédent opus, corrigé et amélioré çà et là. Vous aurez toujours votre clone (utile mais plus obligatoire, contrairement à l'épisode précédent), votre invisiblité (très) temporaire et votre vision d'ambre pour vous épauler, mais vous aurez également accès à un nombre plus conséquent de gadgets (fléchette étourdissante, objets de diversion, piège d'acide ou cocon faisant apparaître un clone à distance comptant parmi les nouveautés), qui enrichit encore un peu le gameplay et qui permet de traverser toutes les situations. L'arbre de compétences est désormais plus riche, un peu de craft fait son entrée (pour inciter à l’exploration) et quelques équipements supplémentaires offrant bonus et malus font leur apparition. Quelques corrections bienvenues et la possibilité de s'accrocher au corde font également partie des nouveautés.
Pour le reste, on retrouve le gameplay de Master of Shadows, avec sa gestion de l'obscurité (améliorée pour l'occasion), du bruit, ses pièges, ses pièces à ramasser et son level design porté sur la verticalité. Le level design est d'ailleurs toujours aussi bon, avec de nombreux chemins à emprunter, et des niveaux tout en hauteur, la verticalité étant toujours aussi exploitée qu'auparavant. L'IA n'est pas franchement futée, elle malgré tout fonctionnelle, et vous donnera une bonne dose de challenge, notamment grâce à leur variété (ennemis sensibles aux sons ou odeurs). Les sauts sont toujours un peu foireux, mais rien d’handicapant. L'infiltration du jeu est donc une réussite, et même s'il reste quelques points encore imparfaits, le gameplay du jeu reste son plus gros point fort et fait honneur au genre.
Graphiquement, le jeu s'en sort bien, l'unreal engine 4 nous offre des environnements variés et des effets de lumière réussis. La direction artistique est également très réussie, et les décors sont vraiment plaisants à découvrir. Les animations de Styx sont très bonnes, celles des gardes nettement moins. Donc sans être un étalon graphique (normal étant donné le budget), le jeu s'en sort honorablement.
La bande-son est un peu trop discrète, dommage car les quelques musiques mises en avant sont sympas, et la B.O du précédent volet avait des thèmes plutôt marquants, j'aurais bien aimé que l'ambiance musicale soit aussi présente qu'auparavant. Le doublage de Styx est vraiment bon, celui des autres est en deçà mais rien qui ne m'ait choqué ou qui m'ait paru de mauvaise facture (les voix sont seulement en anglais).
Le jeu à duré pour moi une bonne dizaine d'heures en mode de difficulté gobelin et en récupérant une bonne partie des pièces, et la rejouabilité est plutôt bonne, le jeu incitant à refaire les niveaux sans tuer, le plus vite possible, sans se faire repérer ou en récupérant toutes les pièces pour améliorer notre score et débloquer les dernières compétences. Malheureusement, et c'est pour moi le plus gros défaut du titre, le jeu recycle ses environnements à partir de la moitié du jeu, qui ne proposera plus de nouveaux décors si ce n'est quelques zones inédites. Bien sûr, les ennemis sont différents et plus coriaces, le challenge est plus relevé et les objectifs changent, mais je trouve cela dommage de repasser dans des zones visités, les différences entre le premier et le second passage n'étant pas assez présentes pour vraiment renouveler les niveaux selon moi, un défaut déjà présent dans le précédent opus mais dans une moindre mesure. Le plaisir de jeu est néanmoins présent, mais l'absence du plaisir de la découverte et le level design identique gâche un peu le plaisir.
Donc Styx : Shards of Darkness est donc la digne suite de Master of Shadows, avec un gameplay et un level design amélioré, plus riches qu'auparavant, et malgré un gros manque de renouvellement après la moitié du jeu, l'aventure du gobelin à la langue bien pendue mérite d'être suivie par tous les amateurs d'infiltration.