J'ai mis Subnautica dans mon Top10, et je n'ai même pas pris le temps de vous expliquer pourquoi c'était d'ores et déjà mon GOTY 2018...
J'avais fouiné quelques heures du côté de ce "petit" jeu en Early Access il y a un peu plus d'un an, avant de décider que devant son énorme potentiel, il méritait bien d'attendre la sortie en version finale, chose faite depuis maintenant un peu plus d'un mois.
J'étais tombé dessus par le biais d'un Youtuber quelconque (à tel point que je ne sais même plus qui c'était) et, toujours très friand de sandbox/survival/crafting, j'avais immédiatement succombé à ce titre prometteur, qui plus est situé sous la mer, un thème finalement peu abordé dans l'histoire du jeu vidéo sauf erreur de ma part, à part dans l'excellent Terror from the Deep (l'ancêtre X-Com), et de-ci de-là au gré d'une séquence (en général très passagère) dans des titres axés aventure (Tomb Raider & co.).
Mais finalement, je ne voyais pas de jeu qui mettait l'exploration sous-marine au cœur de sa mécanique et de son histoire. Je jugeai que c'était fort dommage, et que l'attrait de Subnautica n'en était que plus grand.
Pour couronner le tout, je traverse une période où la perspective de construire des bases me fait bien kiffer, dans l'espace notamment au départ (Factorio, Astroneer, Space Engineers), mais finalement le monde sous-marin s'y prête tout à fait.
Une fois tout cela dit, vous comprendrez qu'à 20 euros, Subnautica présentait tous les indices laissant présager d'un excellent titre, et jusqu'ici tient ses promesses et plus encore...
Tout commence pourtant de manière affreusement banale. Votre vaisseau, victime d'une avarie, se crashe sur une planète inconnue, et vous voici éjecté dans une capsule de survie, atter... amerrissant au milieu de nulle part.
Il apparaît en effet assez vite que la surface entière de ladite planète semble couverte d'eau, et que votre survie va passer par la découverte des environs et la meilleure utilisation des ressources naturelles (ou non) à votre disposition.
Qu'à cela ne tienne, vous chaussez vos palmes, et partez à la rencontre de votre nouvel environnement. Après tout, ce ne sont pas quelques poissons qui vont vous faire du mal, et encore moins peur, pas vrai ?
Votre but, bien entendu : décarrer au plus vite.
Premier aspect : la difficulté. Subnautica offre 3 possibilités : survie classique (avec gestion de la faim et de la soif), survie simplifiée, où vous restez à la merci d'un décès soudain mais sans avoir à vous préoccuper de votre subsistance, et enfin le mode créatif.
Disons-le tout net : seul le mode survie complet présente un réel intérêt, de mon point de vue. Le jeu a clairement été conçu autour de celui-ci, et est d'ailleurs intelligemment équilibré. À dire vrai, je n'ai testé que ce mode, mais il apparaît évident que la dynamique d'une partie est maintenue par l'omniprésence des préoccupations vitales (boire et manger), et que sans elles l'ennui s'installerait, à mon avis en tout cas, assez vite.
Ne parlons même pas du mode créatif, puisque, second aspect...
L'ambiance.
Excellente, tout simplement. La modélisation des fonds marins, de la faune et de la flore parmi lesquelles vous évoluez, participent pleinement à l'immersion (ha ha ha) et contribuent à faire de Subnautica une réussite visuelle, qui pourrait d'ores et déjà suffire à justifier l'achat.
S'ajoute à cela un sound design somptueux, musiques comme bruitages et, à l'instar d'autres artistes, il convient de saluer de travail de l'auteur de cette BO, même si l'actualité récente semble avoir montré que c'était un gros con (il a d'ailleurs été licencié par le studio pour des propos homophobes, misogynes etc.).
L'alternance jour/nuit, la nécessité de plonger toujours plus profond (à la force des jambes, puis des moteurs des véhicules qui accompagneront rapidement vos petites virées), la nuit insondable des abysses, tout cela donne un écho tout particulier aux cris des animaux qui ponctuent régulièrement votre avancée, et disons-le clairement, ça marche très bien, en tout cas sur moi.
En un mot comme en cent : la trouille. Je n'ai aucune phobie de l'eau ni rien, et mon expérience en plongée (réelle) se limite pour le moment à une seule, à 50m. Donc seule mon imagination permet de valider que le rendu est vraiment réussi. Mais entre l'obscurité oppressante et les sons qui vous entourent, tout est réuni pour créer de l'angoisse. J'espère que vous y trouverez vous aussi votre compte.
En tout état de cause, la menace qui plane sur votre minuscule personne au milieu de quelques mastodontes marins mérite largement de se tenir le plus éloigné possible du mode créatif.
Les mécaniques maintenant.
Le jeu vous accompagne vraiment très bien dans votre progression.
Aucun réel tutorial n'est présent, et tout est tellement bien fait qu'il n'y en a pas besoin. Votre PDA, compagnon inséparable, fait office d'aide-mémoire, de conseiller, de réconfort parfois même, ou tout l'inverse. La montée en puissance et en difficulté est fluide, l'équilibrage bon, offrant du challenge mais sans risquer de dégoûter le joueur occasionnel. Là encore, note maximale à mon sens.
Le système de crafting est riche, bien foutu, offre une jolie dose de réalisme, et procure des sensations agréables dans le matériel offert et le confort sensible que l'on parvient à établir au fur et à mesure que l'on avance dans l'histoire, par exemple
le côté jouissif de se retrouver aux commandes d'une sorte d'exosquelette, largement comparable à celui utilisé par Ripley dans Alien...
Car oui...
Le background.
Originalité pour un jeu sandbox/survie, la trame narrative est très présente, intéressante, relativement inédite (de mon point de vue, toujours) sans être pourtant envahissante.
En effet, elle s'adapte partiellement à votre style de joueur, votre rythme d'exploration et vos choix.
Il y a bien sûr un fil rouge et, chose rare une fois encore surtout pour ce type de jeu, il existe une vraie fin (que je n'ai pas encore atteinte à l'heure où j'écris ces lignes). Mais on ne sent pas forcé vers celle-ci, chaque étape y menant est une très jolie découverte, et l'ensemble offre à la fois une cohérence et une richesse à l'univers que les développeurs ont mis en place, en y adjoignant cette profondeur (ha ha ha) qui manque parfois au genre.
Le jeu a de la consistance, et j'aime vraiment cela.
Mais aussi...
Il y a encore beaucoup à dire sur Subnautica, sans doute trop, et il serait dommage de spoiler.
Le mot n'est pas trop fort. Entre l'histoire qu'il vaudra mieux découvrir par soi-même, la carte à explorer à l'aveugle (aucune map ingame n'est présente) et l'arbre technologique qui se déroule progressivement, la surprise est le meilleur atout du jeu.
Le système de "recherche" est relativement original, et sympathique : vous devez scanner tout ce que vous rencontrez (parfois des structures entières, parfois des "fragments"), afin de parvenir à reconstituer les nouvelles technologies qui s'offrent à vous. Puis dégoter les matières premières vous permettant de les mettre en œuvre. Et ne pas vous perdre.
À contre-courant (ha ha ha) de la tendance actuelle, l'univers n'est pas procédural et encore moins infini. Les développeurs fait des choix forts en terme de game design, ont conçu une carte entière dans ses moindres détails et ça se sent clairement. On ne se sent jamais à l'étroit, mais l'absence d'aléatoire prend tout son sens, tant la conception des différents biomes rencontrés leur confère un caractère unique, et la physionomie des lieux contribue à la surprise, aux émotions et à l'histoire, toujours elle.
L'équipe ayant conçu le jeu véhicule également des messages très forts. Il n'est par exemple jamais possible de vous débarrasser des prédateurs qui viendront vous chatouiller en les éliminant. Les seules espèces mortelles sont celles que vous pouvez consommer pour assouvir votre faim. Les plus agressives peuvent au mieux être blessées ou assommées, découragées en somme, mais jamais tuées.
Cela découle d'une volonté des développeurs de prouver que l'homme pourrait très bien évoluer au sein de la nature sans en faire une épreuve de force, de manière défensive et quasi pacifique.
Il est à noter que Subnautica offre un mode Réalité Virtuelle. Je n'ai malheureusement pas le matériel pour tester, mais j'ai dans l'idée que l'expérience pourrait être vraiment chouette.
D'un point de vue purement technique, il semblerait que ce soit simplement un affichage VR, pas un jeu conçu à 100% pour cette technologie, et apparemment cela pose quelques problèmes, que ce soit ergonomiques (certains éléments de l'interface du jeu qui s'affichent mal, ou peu pratiques à consulter avec un casque VR) ou de stabilité pure et simple, puisque certains signalent des bugs récurrents.
En conclusion, je ne saurais que trop vous conseiller de plonger (ha ha ha) dans ce jeu.
C'est, à n'en pas douter, l'une des meilleures surprises auxquelles j'ai fait face depuis ces 10 dernières années, à la hauteur d'un Factorio ou d'un The Witcher.
Pour le prix demandé, il n'y franchement pas de raison d'hésiter si le genre ne vous rebute pas.