Le jeu que j’aurais voulu mieux aimer.
NB : Cette critique est bourrée de spoiler.
J’avais trouvé dans le premier suikoden, rpg d’un clacissisme assumé une certaine beauté, due entre autre à une bande son plutôt mélodieuse et à un final que je trouvais bien orchestré, me rappelant je ne sais pas pourquoi un acte final d’une quelconque tragédie grecque.
C’était donc plein d’un intérêt véritable que je me suis lancé frénétiquement dans le second opus, celui qui est salué partout comme l’un des plus grands chefs d’œuvre du jrpg, une œuvre épique et dramatique pleine de moments incroyable.
Et pourtant j’ai été déçu.
Au niveau du gameplay je n’ai strictement rien à reprocher à ce jeu qui corrige toutes les petites erreurs qu’accumulait son ainé. La gestion de l’inventaire est devenue beaucoup plus souple, l’augmentation du nombre de slot de runes rend les mages plus viables et la customisation plus poussée, la fonction d’équipement automatique fait enfin son apparition et le système de combat conserve le dynamisme et la nervosité du premier épisode. Soit c’est une amélioration indéniable et suikoden II et sans doute un des rpg les plus agréables à arpenter que je connaisse. Les combats aléatoires ont un ratio d’apparition raisonnables, les ennemis ne sont pas des sacs à pv qui mettent trente ans à mourir, les donjons sont inintéressant mais court et le jeu est globalement facile.
Mais là ou j’en veux à suikoden II c’est de ne pas m’avoir réussir à faire vivre la rivalité entre Jowy et le héros à un même point que par exemple la rivalité de Delita et de Ramza Beoulve ( Final fantasy tactics ) ou celle de Denam Pavel et de Vyce Bozek ( Tactics ogre ).
La première raison à cela est le caractère amorphe et silencieux du personnage principal. En effet l’idée selon laquelle le joueur doit s’incarner dans son personnage est l’une des plus incompréhensibles qui pour moi soit jamais venue à l’idée des développeurs de jeux vidéos. Comment moi, individu lambda d’une vingtaine d’année, pourrais-je jamais m’identifier à un gamin lambda de 15 ans qui se bat avec des tonfas hypertrophiées ( qui sont ridicules ) et qui lance des boules de feu ou des lames de vent [ insérez magie lambda ici] à la gueule de ses ennemis.
Si vous avez la réponse grand bien vous en fasse, mais pour moi cela rompt totalement la chaîne émotionnelle censée relier les deux personnages, je n’en ai strictement rien à carer du petit Jowy ! Alors que ce n’est visiblement pas du tout le cas du héros et cela me dérange profondément, me sort de mon immersion vidéoludique et me plonge dans une étrange confusion.
La deuxième raison c’est Jowy lui-même qui reste tout le long de l’histoire un personnage mystérieux, beaucoup trop mystérieux, beaucoup trop plat en fait. Prenons Delita par exemple. Dans FFt il possède plusieurs scènes ou il explique clairement ses intentions et sa philosophie, elle est développée en long, en large et en travers. Pour le cas de Jowy même s’il a grosso modo les même but (établir un royaume puissant ou règne la paix) il n’a pas vraiment grand-chose derrière la tête, il a vu vaguement sa famille d’accueil mourir,il ne supporte pas la guerre soit il veut pouvoir protéger pilika soit, mais il lui manque ce côté tragipoétique qui font les grands personnages parce qu’on ne le voit jamais au détour d’une scène se lancer sur une grande tirade sur le destin, l’humanité la guerre ou n’importe quoi d’autre. Alors oui c’est cliché, mais c’est ce qui développe un personnage.
Mon second grand regret, c’est le personnage de Luca blight. Merde les scénaristes, je veux en savoir plus ! Ce type semble être un demi-dieu de la guerre, il est cruel, sanguinaire, intelligent et dans le jeu ont le voit vaguement faire le pitre avec des pauvres paysans ou tenir des conseils de guerres chiants. La seule scène ou il se développe vaguement c’est à la mort du roi Agarès et encore ce moment dure 2 minutes. Du coup j’ai l’impression que Luca Blight est mort au moment ou il aurait du commencer à être développé. Parce que bon disons le quand même quelle mort bordel ! Quel combat, et quelle tirade de fin ! Ca c’était un passage carrément bien fichu, mais c’est sans doute le seul qui m’a vraiment impressionné dans tout le jeu.
Mon troisième regret c’est la réutilisation trop soutenue de mécanique scénaristique tirée du premier opus, outre que Shu et Mathiu ont quasi exactement la même personnalité ( « Tu me hais héros ? Mais tu sais pour gagner cette guerre, je suis prêt à tout sacrifier blabla. » Merde ils prononcent les mêmes phrases aux mots près ! ) ils ont réussi à repomper un bon gros 40% des personnages du premier opus, alors d’accord quand c’est viki la téléporteuse un tantinet idiote c’est rigolo, mais quand on se remange Fli et Viktor qui sont arrivé dans ce pays comme par hasard ! ( Oui parce que là aussi j’aimerai bien des explications, ils seraient resté à Toran ils seraient riche, logés et blanchi donc bon ça demande quand même une justification qu’ils se soient cassé. )
Mais ma reprise préférée dans tout ca, ca reste quand même ce bon vieux Neclord ! Héhé et oui ça ne suffisait pas de le tuer dans un des jeux il faut se le coltiner deux fois ! Parce qu’il a visiblement un « Doppleganger secret » (cette justification est nulle ). Et cette fois en plus on dirait qu’il a perdu de sa superbe parce qu’il devient tout faible et tout peureux et qu’il se casse la queue entre les jambes dès qu’on lui remontre qu’on peut encore lui botter l’arrière train.
Alors certes la musique du combat est sympa, mais c’est malheureusement l’une des seules qui sauvent l’ost de ce jeu qui a étrangement beaucoup perdu par rapport à celle du premier suikoden, beaucoup moins inspiré les thèmes du second opus deviennent vite agaçant. Seule les musiques de la ville de tinto, celle de greenhill( les deux ) et le moonlight theme ( ainsi que le thème de neclord ) trouvent grâce à mes yeux.
J’imagine que le fait d’avoir joué à ce jeu immédiatement après avoir terminé le premier opus à sans doute accentué la sévérité de mon jugement, mais j’ai du mal à pardonner ce manque d’imagination. Le scénario des frères ennemis est habituellement une de mes bases d’histoire favorite, mais elle s’adapte très mal à ce type de jrpg ou le héros n’est un pantin muet car elle demande justement que beaucoup de soin soit apporté aux deux personnages qui sont mis en opposition.
Alors loin de moi l’idée de dire que suikoden II est un mauvais jeu, ma note est assez claire là-dessus je pense, mais je dois m’avouer que pour un jeu qui devait me faire vivre un scénario mature et poussé j’en demande quand même un peu plus. L’esprit humain est trop plein de contradictions et de mystères pour laisser des personnages se développer aussi peu durant l’histoire.
C’est aussi le point faibles des 108 étoiles, 108 petits morceaux de vie ne valent pas une seule et même destinée décrite dans la moindre de ses nuances. Mais ça ce n’est que mon avis.