Je n’aime pas donner mon avis ou rédiger une critique lorsque je ne termine pas un jeu ; il faut au minimum avoir vu le générique de fin pour pouvoir dire qu’on a vécu un jeu tel que les développeurs ont voulu nous le proposer. Après tout, un jeu qui démarre fort peut très vite devenir mauvais et la note qu’on pourrait lui mettre au début de l’aventure ne représenterait pas forcément la qualité globale du soft.
Pourtant, et surtout à la vue des bonnes critiques qu’on retrouve un peu partout sur le net à propos de Suikoden II (sans jamais voir une seule mauvaise critique !), il m’est donné envie de faire exception à cette règle. Loin de moi l’idée de vouloir affirmer que Suikoden II est un mauvais jeu, mais j’ai beaucoup de mal à comprendre le culte que bon nombre de joueurs lui vouent depuis 20 ans.
Si vous n’avez pas encore joué à Suikoden II, considérez cette critique comme une mise en garde, en espérant qu’elle vous permettra d’apprécier Suikoden II là où j’en ai été incapable. Si vous y avez déjà joué et avez adoré le jeu, je ne pourrais pas vous faire changer d’avis, mais j’aimerais tout de même partager mon ressenti avec vous. Let’s go !
A classic made too classic
Suikoden II est un jeu de rôle japonais des plus classiques. Le joueur incarne Riou, un jeu soldat de l’armée de Highland, accompagné de son ami Jowy. Les deux compères font partie de l’armée de Highland, qui vient de signer un traité de paix avec la Ville-Etat de Jowston, et nos deux héros s’impatientent de retourner à leur village natal. Malheureusement tout ne se passe pas comme prévu ; l’armée de Highland est attaquée et les soldats du régiment auquel appartiennent Riou et Jowy meurent. Les héros croient à une attaque de la Ville-Etat, mais il s’avère que c’est Luca Blight, prince de Highland, qui a commandité l’attaque et ainsi faire porter le chapeau à la Ville-Etat dans le seul but de continuer la guerre…
L’histoire de Suikoden II démarre très fort ; nos héros sont trahis par leur pays et on se rend vite compte à quel point les antagonistes sont une belle brochette d’enculés. Tout comme le héros de Suikoden I, Riou va devoir affronter l’empire qui menace la paix du continent sur lequel il habite en formant sa propre armée. Dès les premières heures de jeu, vous commencerez à recruter différents personnages (certains charismatiques, d’autres pas du tout) pour agrandir vos rangs et qui vous permettront d’affronter des monstres lors de combats au tour par tour des plus classiques. Vous pourrez exécuter des attaques physiques, des attaques magiques (grâce aux runes, qui permettent une certaine personnalisation de vos personnages) et vous défendre comme dans tout jeu de rôle japonais au tour par tour qui se respecte.
Konami fait grosso modo un sans-faute avec Suikoden II ; le jeu n’invente certes rien de nouveau, mais il est maitrisé de bout en bout, du gameplay jusqu’à l’histoire, en passant par l’OST qui nous offre plusieurs bonnes pistes. Même les graphismes, un peu ternes et vieillots à mon goût, s’en sortent plutôt pas mal.
Pourquoi avoir mis seulement 5 étoiles dans ce cas ?
Le scénario, bien qu’il ait l’air prometteur, met beaucoup trop de temps à se mettre en place. Il n’y a pour ainsi dire que très peu de rythme lors des premières heures de jeu. A chaque fois que l’histoire semble enfin démarrer, le jeu nous demandera d’aller recruter de nouveaux alliés ou bien d’aller aider tel ou tel PNJ. Le jeu nous donnera d’ailleurs la possibilité d’explorer une grande partie de la région dès le début du jeu, mais il n’y a rien à y faire. J’ai personnellement perdu près d’une heure de jeu à me balader dans la deuxième région du jeu, visitant les différentes villes et parlant à chaque personnage présent pour au final ne pas faire progresser l’histoire, ni recruter qui que ce soit. Le joueur se voit offrir un énorme terrain de jeu, mais quel intérêt si on ne sait rien y faire de concret ?
La séquence à l’auberge ou l’on doit aider l’aubergiste à récupérer un trésor dans une grotte, afin de recevoir son passe pour rentrer dans une certaine ville et pour pouvoir faire progresser l’histoire, est un autre exemple de rythme saccadé. Ces séquences sont assez fréquentes dans les jeux de rôles, mais celle-ci m’a semblé totalement déconnectée par rapport aux évènements qui se passent dans l’univers de Suikoden II. Pourquoi ne pas donner le passe directement au joueur et lui demander de venir aider l’aubergiste un peu plus tard s’il veut d’abord faire progresser l’histoire ? Je rappelle que le prince Blight est un meurtrier sanguinaire qui rase tout sur son passage. L’aubergiste s’en bat les cacahuètes et insiste pour qu’on l’accompagne lors de sa chasse au trésor... Sauver des vies ? Nah, ça peut attendre !
Ce qui m’a définitivement fait abandonner le jeu au bout de 9 heures, c’est le début de l’arc Neclord. Vous vous souvenez, le vampire qu’on aperçoit quelques instants dans Suikoden I ? Et bien il est de retour et au vu des différentes soluces que j’ai pu consulter sur internet, les scénaristes ont réussi par je-ne-sais-quel moyen à lui consacrer un bon tiers du scénario principal. En temps de guerre, Riou préfère donc jouer à Buffy contre les vampires et Indiana Jones. Ok, c’est noté !
A cela s’ajoute un système de combat des plus classiques et sans le moindre challenge. La fonction « Auto » sera d’ailleurs d’une grande aide face aux petits mobs et vous permettra de vous débarrasser des combats le plus rapidement possible. Rentrer les commandes de chacun de vos combattants manuellement prend d’ailleurs pas mal de temps, étant donné que vous avez 6 personnages à gérer. De plus, tout semble prendre beaucoup de temps à être exécuté : de la sélection des commandes jusqu’aux animations de combat, tout prend une plombe à être exécuté, ce qui une fois de plus casse le rythme du jeu. La meilleure manière de gagner du temps, est donc d’utiliser la fonction « Auto » et comme il n’est pas difficile de se débarrasser des mobs, autant en faire bon usage.
Context, background and time
Le rythme, voilà le gros défaut de Suikoden II et c’est précisément là où je veux en venir avec cette critique. J’ai joué à Final Fantasy XIII environ 3 ans après sa sortie. J’étais encore étudiant à l’époque et j’avais pas mal de temps libre devant moi. Rien ne m’empêchait de sécher les cours et de me faire une petite journée gaming au calme. Il est vrai que FFXIII a d’énormes défauts, mais à l’époque j’avais du temps devant moi pour découvrir ce jeu et c’est seulement au bout d’une vingtaine d’heures que j’ai commencé à m’éclater comme bon nombre d’autres joueurs. A l’époque, je pouvais plus facilement me permettre de laisser sa chance au jeu et de jouer le jeu des développeurs (au sens propre et figuré) jusqu’au bout. Aujourd’hui mon background vidéoludique s’est bien étoffé et j’ai développé ma propre idée de ce que doit être un bon jeu vidéo. Il me faut un soft complet sur tous les points (par rapport à son genre bien entendu) et bien rythmé du début à la fin. Exigeant comme critère, mais loin d’être impossible.
Malgré son sans-faute, Suikoden II n’arrive pas à me scotcher devant mon écran. Est-ce qu'il mérite sa place au panthéon des JRPGS ? Peut-être, mais après avoir passé 10 heures dessus, je n’en ai pas l’impression. Le jeu est très (trop ?) classique de manière générale et ne propose rien de nouveau d’un point de vue vidéoludique. Le manque de rythme est clairement son principal défaut et il m’est impossible aujourd’hui de passer du temps sur un jeu qui me donne envie de l’arrêter 15 minutes après l’avoir lancé. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à le penser et beaucoup d’internautes sont du même avis : Suikoden II met beaucoup de temps à se mettre en place. Apparemment j’en suis arrivé au point où l’histoire commence vraiment à être intéressante, mais c’est trop tard pour ma part. Le jeu a eu 10 heures pour me convaincre et n’y est pas parvenu. J’ai l’impression d’avoir perdu mon temps et je suis persuadé que cette première impression va me pourrir le reste du jeu. Le gameplay trop classique et les personnages sympathiques mais sans plus, ne me motivent pas non plus. Je préfère donc en rester là et dire que j’ai quand même essayé du mieux que j’ai pu. Comme l’a dit l’ami Reggie : « If it’s not fun, why bother ? », et c’est exactement ce que je vais faire. Pourquoi insister alors que Suikoden II ne me plait pas et qu’il faut se forcer à jouer au moins 10 heures avant de s’éclater ? Pourquoi se forcer alors que d’autres jeux sont au summum de l’éclate du début jusqu’à la fin ? Si vous avez du temps devant vous et que cela ne vous pose pas de problème de jouer à un jeu qui prend son temps, alors tentez l’expérience ; vous pourriez être agréablement surpris.
Suikoden II était peut-être un jeu intéressant à l’époque de sa sortie, mais plus maintenant. Ce dernier n’est certes pas un mauvais jeu, mais je pense qu'il ne faut pas en attendre trop non plus pour pouvoir l’apprécier. Si je l’avais découvert il y a 10 ans, je l’aurais très certainement fini et adoré. Mais vu le contexte actuel dans lequel j’y joue, en tenant compte de mon bagage vidéoludique et du manque de temps, ce n’est juste plus possible aujourd’hui. J’espère cela dit pouvoir retenter l’expérience d’ici quelques années si le cœur m’en dit, en tenant comptes de tous les points évoqués ci-dessus. Peut-être saurais-je apprécier Suikoden II à sa juste valeur à ce moment-là ? Je l’espère de tout cœur en tout cas.
MAJ : J'ai finalement poussé un peu pour au moins arriver jusqu'à la fin alternative du jeu et le constat n'a pas trop changé. Suikoden II n'aura pas réussi à me convaincre au bout de 22 heures d'aventure. J'ai tout de même envie de soulever quelques points afin de compléter ma critique.
Les personnages dans le jeu sont vraiment sympas mine de rien. Les développeurs ne leurs ont pas accordé beaucoup de temps (avec 108 personnages à recruter, sans compter les PNJ et antagonistes, ça aurait été impossible à réaliser de toute façon), mais ils ne nous laissent pas indifférent pour autant malgré leur quelques lignes de dialogues.
Le recrutement des alliés est trop cryptique. Impossible de tous les recruter sans guide d'ailleurs. Je dois bien avoir perdu quelques heures de jeu lors de ma partie à chercher comment recruter tel ou tel allié. Et en allant voir une soluce sur le net, je me suis rendu compte du foutoir que c'est... Et jouer avec un guide tout le long du jeu pour ne manquer aucun allié, ça devient vite pénible.
Les batailles style tactical RPG sont mauvaises. Elles sont toutes scriptées et j'en viens à me demander s'il est vraiment possible de perdre une bataille sans le vouloir. Je n'ai jamais perdu une bataille et Dieu sait que je suis un incompétent en la matière. En plus d'être inintéressantes, ces phases sont d'une lenteur absolue. Les batailles style pierre-papier-ciseaux du premier Suikoden étaient plus sympa malgré le fait que tout dépendait de votre chance au jeu.
La traduction française est correcte, sans plus.On est loin de l'aberration FFVII, mais il y a quand même certaines phrases qui ne passent pas... car elles ont littéralement été traduites de l'anglais. Si une phrase ne vous semble pas correcte, traduisez-là littéralement en anglais et TA-DAAA, vous obtenez une phrase parfaitement compréhensible en anglais et cohérente par rapport au contexte où elle est utilisée ! This is MAGIC BABY !!