Dire que Super Mario Kart a eu l'effet d'une bombe sur l'industrie du jeu vidéo est un euphémisme, ce véritable raz-de-marée vidéo-ludique n'est autre que le père fondateur du genre du kart racer. Super Mario Kart est donc un jeu important qui a aujourd'hui plus de 30 ans. Il est donc légitime de se demander si oui ou non le temps a eu raison de lui.
Ce n'est clairement pas du côté de la technique qu'il faut regarder si l'on veut défendre Super Mario Kart, le jeu a 30 ans et même s'il est coloré et propose de jolis sprites pour ses personnages, le mode 7 a vieilli. Cette fausse 3D qui avait donné une gifle aux joueurs 2 ans plus tôt avec F-Zero ne fait plus rêver personne en 2023 et elle rebutera probablement de nombreux joueurs. Toujours est-il que pour l'époque, c'était une réalisation de qualité et la sensation de vitesse est intacte encore aujourd'hui.
Le gameplay aussi fait de SMK l'opus le moins accessible de la licence. La prise en main est capricieuse et le dérapage fait prendre un risque au joueur, celui de perdre complètement le contrôle du kart pour peu qu'il ne parvienne pas à le stabiliser avec un saut dans la direction opposée à celle de son dérapage. La maniabilité est exigeante et sans de la pratique, il sera impossible de remporter les coupes. Surtout que Super Mario Kart est aisément le jeu le plus dur de la licence. Les pilotes contrôlés par l'IA ne sont pas nécessairement agressifs, il est en tout cas rare de se faire bombarder de carapaces, en revanche, ils ont un talent non négligeable lorsqu'il s'agit de lâcher des objets derrière eux dans les pires endroits. Mais c'est surtout sur la conduite que l'IA va mettre à mal le joueur. Car c'est là la plus grande différence avec les autres Mario Kart, le game design de ce premier opus est différent. Les objets s'apparentent plus à des bonus situationnels (comme la plume permettant de faire un seul saut plus haut avant de disparaître), ils ne vont que rarement renverser l'issue d'une course (la carapace bleue n'est par exemple même pas dans le jeu). Ce qui fait la différence dans SMK, c'est la conduite.
Le jeu a une réalisation très datée, une difficulté impitoyable forçant à véritablement s'entraîner dur et il recycle énormément d'environnements. Mais qu'a-t-il donc pour lui ?
Une fois encore, son game design fait qu'il est basé avant tout sur la conduite. De fait, il est nécessaire de s'entraîner et de progresser. Il est obligatoire d'apprendre à maîtriser le jeu, les dérapages, les sauts, savoir ramasser les pièces (qui se ramassent en majorité sur le circuit), connaître les courses sur le bout des doigts. C'est un jeu exigeant et qui peut parfois sembler cruel, cependant, il est très gratifiant de le maîtriser et surtout d'en venir à bout.
Il n'est cependant pas sans défaut. Une fois encore on peut regretter le manque de variété dans l'habillage des circuits mais cela est vraisemblablement dû aux limitations de la SNES. La difficulté est peut-être parfois mal calibrée, le personnage rival (celui que l'IA désigne comme étant celui des pilotes adversaires qui se débrouillera le mieux durant les courses) revient systématiquement dans la course même s'il subit les pires crasses et les autres pilotes semblent avant tout concentrer leurs efforts sur le joueur plutôt que sur la première place. Les collisions sont assez pénibles car elles interrompent les dérapages et peuvent vite envoyer le joueur dans le décor, ce qui est assez frustrant car il n'est pas normal de craindre cette situation plus qu'une réelle attaque comme une carapace. On peut aussi peut-être regretter l'absence d'un indicateur visuel plus clair sur le sprite lors des dérapages ce qui fait que le joueur n'étant pas un expert aura parfois l'impression d'un gameplay un peu brouillon.
Super Mario Kart est cependant un classique auquel il faut avoir joué et qui prend aujourd'hui tout son sens dans le mode contre la montre qui permet de pleinement profiter de sa maniabilité. Un jeu à faire au moins une fois dans sa vie et qui force le respect tant il propose une forme avancée d'une nouvelle formule et ce, dès le premier opus.