De l'intérêt des remakes

Super Mario RPG est un jeu que nous n'avons pu voir dans nos contrées Européenne que très tardivement, lors d'une sortie sur console virtuelle, des années après sa sortie originelle sur Super Nintendo. Lors de son arrivé chez nous donc, seuls les plus curieux, comme moi-même, auraient pu avoir la capacité d'entamer l'aventure si seulement la liste de jeux à faire n'avait pas déjà été aussi longue. Je doute alors que, hormis par les plus grands amateurs de J-RPG de l'époque qui ne l'eurent pas déjà fait, le jeu fut approché par la foule. Quoi qu'il en soit, le prix de la distribution d'un jeu d'époque ne coûtent pas grand chose, et les quelque bouts de ficelles qui ont pu être récupérés ça et là étaient toujours bonnes à mettre dans les caisses de la boîte. Mais c'était sans compter sur l'intention de Nintendo à vouloir ABSOLUMENT vous faire jouer à son jeu, qu'ils ont alors sorti le remake de Super Mario RPG, sobrement intitulé... Super Mario RPG. Après tout, après la sortie du film sur Mario, qui a rallumé la flamme de la passion des joueurs envers son héros, il aurait été bête de ne pas battre le fer tant qu'il était encore chaud. C'est donc dans ce contexte que sort ce jeu.

Je précise d'emblée que je n'ai jamais pris le temps de faire le jeu original, même s'il faisait partie depuis longtemps de ma liste de jeux à faire. Mais malgré tout, ce qui choque dans ce remake c'est le manque d'audace dont il fait preuve. Ne vous méprenez pas, le jeu a des mécaniques de J-RPG solides et efficaces. On y vois là les prémisses de ce que sera d'ailleurs la mécanique de jeu principale des héritiers de ce Super Mario RPG avec les saga Paper Mario ou encore Mario & Luigi et même un certain Legend of Dragoon qui pointera le bout de son nez sur une machine concurrente entre temps. La fameuse mécanique en question est que lorsque l'on sélectionne une action à effectuer en combat, il est possible et même souhaitable de réaliser un QTE afin d'optimiser les effets de l'action sélectionnée. Cela engendrera de plus gros dégâts lors d'une action offensive, de meilleurs soins ou encore de bonus supplémentaires lors de magie de soutiens. La phase défense n'est pas en reste car il est possible d'éviter de recevoir certains dégâts lors de l'attaque adverse à condition d'effectuer une parade parfaite. La bonne exécution de ces QTE permets de remplir également une jauge qui nous permet d'effectuer une super attaque (différente selon la composition de l'équipe en combat) et peut renverser la situation ou asséner le coup fatal à l'adversaire en cas de coup dur. Il s'agit d'une mécanique qui, en tant que telle, ne vieillit pas et dynamise les combats au tour par tour, car elle implique plus activement le joueur que par un simple choix stratégique, et va exiger de celui-ci une certaine habileté et une maîtrise du jeu pour vaincre les ennemis les plus redoutables. Si la mécanique marque son modèle comme un objet de l'histoire vidéo-ludique extrêmement intéressant, reste que dans le cadre d'un remake, c'est insuffisant. En fait, j'ai eu l'impression de jouer à un remake très sage à l'instar d'un élève qui aurait parfaitement recopié une oeuvre littéraire dans le cadre d'une dictée.

Le produit est joli, agrémenté de cinématiques dont on pourrait penser qu'elles sortent du film Mario, avec des couleurs bigarrées, des musique réorchetsrées de toute beauté et enfin un univers enfantin, naïf et amusant. On y verra aussi des traces préliminaires de scénarisation de l'univers Mario, qui en dehors du contexte d'un RPG n'en avait simplement pas besoin. On excusera à cet égard d'ailleurs l'écriture qui elle paraît en retrait, avec une narration cousue de fil blanc, des personnages pas très profonds (j'ai du mal à comprendre d'ailleurs d'où vient l'admiration des fans du jeu pour le personnage de Geno) et une progression de l'histoire qui paraît fulgurante. J'ai personnellement fini le jeu en 11h en prenant mon temps. On retrouve aussi ce qui fera le bonheur des amateurs de SquareSoft à l'époque, avec des phases de mini-jeu qui viennent changer le rythme de l'aventure en proposant une pose ludique au joueur, avec des bonus à la clef. J'admet ne pas avoir poussé jusqu'à combattre le boss optionnel, mais à quoi bon, tant le challenge ne m'a pas semblé intéressant et que la boulimie des points d'expériences et de statistique m'a semblé hors de propos dans le jeu.

Cela m'a fait réfléchir à l'intérêt d'un tel remake. En tant que tel, le produit est bien fini et raffiné, mais manque certainement de panache et d'audace, comme un certain Resident Evil 2 qui aura su marquer des différences avec son modèle pour surprendre le joueur habitué, moderne et connaisseur du matériel d'origine. Ou bien, en tant que copie carbone, manque t'il de générosité, comme un certain Crash N.Sane Trilogy qui, pour un prix moindre, proposait 3 jeux complet. Car on le rappelle, le jeu est vendu au prix Nintendo, et à ce titre sera inévitablement comparé aux autre productions de la même gamme. C'est dommage, surtout quand un certain jeu estampillé Zelda, de son côté, promet une aventure beaucoup plus éloquente et grandiose, pour un prix similaire. A cet égard, j'espère que Nintendo saura revoir sa grille tarifaire (mais je ne suis pas naïf, je doute qu'ils le fassent, après tout, je l'ai quand même acheté le jeu) et surtout repenser sa vision de ce que devrait proposer un remake. Le rendez-vous sera quand même prit pour la porte millénaire, où j'espère être surpris, ou au moins, en voir plus que ce que je ne peux en attendre. Pour celles et ceux qui, comme moi, ne se sont jamais lancés dans l'aventure de Super Mario RPG, n'attendez plus, les années 90 sont derrières nous.