Il était là, plaqué au fond de mon armoire à jeux.
Il s'était fait oublier comme un fax de l'UEFA la veille d'un match contre le Steaua...
"Super Paper Mario"... J'ai déjà joué à ça moi ?
Il faut croire que oui puisque le jeu est là... Mais pourquoi face à lui ma mémoire demeure aussi plate ?
Allez...
Pas de chichi !
En cette année 2021 je suis en pleine période d'exploration des jeux d'hier et d'avant-hier alors ressortons la Wii et redonnons un peu de relief à ce souvenir lointain qu'est ce "Super Paper Mario" !
Premier constat : la surprise.
Voilà que le jeu nous invite à laisser le nunchuck de côté. On ne prend que la wiimote et on la renverse à l'horizontale.
Main gauche sur la croix. Main droite sur les deux boutons 1 et 2.
Alors soit, pourquoi pas...
...Sauf que je n'en vois clairement pas l'intérêt.
OK l'essentiel du temps c'est clairement gérable mais dans la pratique c'est assez contre-intuitif.
Surtout que le jeu réclame quand même de temps en temps de reprendre normalement la wiimote pour la pointer vers l'écran ! Et autant vous dire que dans ces moments là c'est festival pour que le curseur soit capté convenablement !
Bref ce choix de maniabilité est clairement accessoire pour ne pas dire un peu con.
Et voilà au fond ce qui résulterait au mieux de ce que va être ce jeu : beaucoup d'accessoire pour pas grand-chose de malin.
Et pour être honnête je trouve ça assez fou qu'on puisse dire ça d'un jeu "Mario".
En 2008 - année ou j'ai dû acheter le jeu - ça ne m'avait visiblement pas plus choqué que ça.
Par contre en 2021 le constat est assez implacable et dans tous les secteurs de création.
Alors d'accord, c'est pourtant vrai qu'à bien tout prendre, sur le papier (ho ! ho !), il a de vrais atouts ce "Super Papier Mario" et pas des moindres.
Le premier - et le plus évident - c'est notamment sa manière de brasser les deux perspectives 2D et 3D.
Car en effet jouer à "Super Paper Mario" c'est d'abord revenir aux joies des Mario en 2D mais très rapidement on nous apprend qu'on peut jouer du bouton A pour soudainement passer en 3D. Le jeu continue alors à s'organiser en couloir mais certains obstacles peuvent alors se contourner, certaines cachettes peuvent se dévoiler, voire même parfois certains chemins peuvent se dessiner.
Et sur cet aspect - loin de moi l'envie de cracher dans la soupe - l'idée est effectivement malicieuse et les premières mises en application sont stimulantes...
...Seulement ça ne prend pas.
Alors - je sais - il y a plein de facteurs explicatifs extérieurs au jeu qui peuvent clairement jouer contre moi et je ne l'ignore pas.
Oui c'est vrai que je découvre ce jeu quatorze ans après sa sortie et que depuis il s'en est passé dans le monde du jeu vidéo.
Oui c'est évident que la Wii n'est pas la meilleure des plateformes pour faire du "rétro"-gaming tant son hardware - et notamment sa manette - nécessite toujours une certaine accommodation pour ne pas dire une véritable tolérance pour qui est habitué aux standards des années 2020.
Et surtout oui - c'est indéniable - considérer des graphismes de Wii sur une grosse télé HD c'est un véritable tue-l'amour.
J'entends tous ces arguments-là et je les considère grandement...
...Sauf que ce n'est pas mon premier saut dans le passé avec la Wii, avec le GameCube voire même avec la N64, et ça ne m'a jamais fait cet effet LÀ.
Tout d'abord, je crois qu'il faut commencer par oser dire que visuellement, "Super Paper Mario" ce n'est quand même pas très avenant.
On sent que ça tente de surfer sur l'esthétique choupie et crayonnée d'un "Yoshi's Island" mais ici avec beaucoup moins de succès.
C'est bien simple ça ne fait pas épuré, ça fait juste cheap. Et sitôt on passe en 3D que ça devient la Bérézina.
Et on ne me fera pas dire que c'est lié aux limites techniques de la Wii puisque "Yoshi's Island" c'était sur Super-NES et encore aujourd'hui ça dévoile une autre gueule que ça !
Non le vrai souci de ce "Super Paper Mario" c'est qu'il a une direction artistique - osons le dire - à chier.
Les couleurs, les décors, les personnages : ça ne marche pas.
On sent l'envie de donner à cet ensemble un aspect livre fait de carton, de papier et de tirettes, sauf que "Yoshi's Story" sur N64 faisait ça beaucoup mieux et surtout avec beaucoup plus de goût.
Mais au fond tout ça serait presque secondaire s'il n'y avait pas cette abominable musique.
Ah putain ! Mais elle est vraiment horrible ! J'ai fini par jouer sans le son (véridique) parce que ça devenait insoutenable.
Devoir supporter ce dégueulis visuel et sonore de manière simultanée, ça devenait clairement trop pour moi.
Vous allez me dire que c'est certes un mauvais départ mais qu'il reste néanmoins le jeu et que - sur ce domaine là - Nintendo n'a plus à faire ses preuves.
Sauf que - là aussi ô surprise - le jeu pêche aussi pas mal.
Déjà il faut savoir l'attendre...
...LONGTEMPS.
Dans "Super Paper Mario" on peut commencer à jouer dans le premier niveau qu'après vingt minutes.
Oui oui... VINGT putain de minutes !
Mais qu'a-t-on pu me servir durant ces vingt minutes si ce n'est du jeu, me demanderiez-vous ?
D'abord des dialogues. Beaucoup de dialogues.
Peach a été capturée ! Blablabla... C'est sûrement Bowser - Ah mais non c'est un nouveau méchant : le comte Niark ! Blablabla... Ah Mario ! Bienvenue dans une autre dimension, je suis le magicien blablabla prophétie blablabla fin du monde blablabla côté obscur de la force...
Non mais... Non mais attendez deux secondes là...
C'est moi où ce jeu est en train de chercher à développer l'intrigue d'un Mario ???
Rah mais la vache j'en avais déjà rien à carrer avant - et à raison ! - mais là c'est indigeste au possible !
Alors ajoutez à ça la musique et l'odeur et vous comprendrez que le joueur moyen il en a vite ras-le-bol !
Mais bon...
Tout ça pourrait se justifier diront certains car c'est l'autre spécificité de ce "Super Paper Mario" : c'est qu'il se teinte d'une culture de RPG.
Alors soit - encore une fois - pourquoi pas.
...Sauf que dans les faits c'est comme cette histoire de manette à l'horizontale ! C'est accessoire et ça fait plus chier son monde qu'autre chose !
Ça parle tout le temps mais - à part à un moment en compagnie avec un certain Francis où j'ai trouvé ça drôle (les initiés comprendront) - ces dialogues ne s'enchaînent que pour rien dire et ainsi mieux diluer l'intrigue !
Ça n'apporte rien !
Et diluer, ce jeu le fait tout le temps !
Et vas-y qu'on te fait faire des allers et retours inintéressants au possible pour aller chercher un remède, transmettre un message, jeter un poisson à la mer !
Alors OK ça fait très RPG - d'accord ! - mais ça fait surtout chier son monde ouais !
Et que dire des objets qu'on collecte et qui ne servent franchement à pas grand-chose ?! (...si ce n'est nous ralentir dans notre progression en les utilisant.) Et que dire de la possibilité de switcher de personnage ou de copain-pixel assez régulièrement au cours de notre partie ?! (...si ce n'est qu'on perd à chaque fois du temps à rentrer dans les menus, changer et rejouer, puis rechanger pour re-rejouer !)
Alors encore une fois - d'accord - ça fait très RPG...
...Mais c'est pas un peu de la merde aussi les RPG franchement ?!
Non mais c'est quoi ce concept à la con ?! Je veux faire un saut rodéo après avoir saisi un objet il faut que je rentre dans les menus et que je change de pouvoir pour ça ?!
Non mais oh ! D'habitude Mario il sait faire un saut-rodéo et saisir un objet DE BASE ! Et vous savez quoi ? C'est même vachement agréable de jouer à un Mario qui sait sauter, faire des attaques et choper des objets tout ça en un claquement de doigt !
C'est même le fondement de tous les Mario depuis "Super Mario Bros 3" bande de connards !!!
(On va se calmer. Ça ne sert à rien de s'énerver... Ouverture du menu. Choix du personnage : grenouille raisonnable. Pixel : ouverture d'esprit. Objet à utiliser : pensée contre soi-même.)
Bon après je peux entendre que Nintendo explore d'autres formules. C'est tout à son honneur.
Après tout avec un argumentaire comme celui que je viens de vous sortir on n'aurait jamais eu de "Super Mario Kart" et...
Et...
(Ouverture du menu. Choix du personnage : Grenouille furax qui s'est enquillée des heures sur un jeu de merde. Pixel : je-dis-ce-que-j'ai-envie-de-dire-après-tout. Objet à utiliser : si-vous-zêtes-pas-jouasses-y'a-les-commentaires-pour-ça.)
...Et la grosse différence c'est que "Mario Kart" ça reste dans la logique d'un Mario : ça a l'air simple à première vue, c'est facile d'accès, et ça grimpe en technicité petit-à-petit sans te faire perdre le sourire !
Avec ce "Super Paper Mario" ce n'est pas que c'est dur ! C'est juste que c'est super-fastidueux !
On avance et s'arrêtant tout le temps pour bidouiller un truc ! Et tout ça au service de quoi ? D'un jeu de plate-formes !
Woh ! Il n'y a pas une erreur de casting là ?
Non mais si c'était si fun que ça la logique d'un RPG pour un jeu de plate-formes, alors dans ce cas il aurait fallu aller jusqu'au bout !
Je dois sauter ? Changement de personnage !
Maintenant je dois avancer ? Changement de pixel !
Et là j'aimerais parler à un PNJ ? Utilisation d'un objet dans l'inventaire !
Bah voyons !
Mais c'est la recette du fun tout ça !
CQFD !
Merci "Super Paper Mario" !
Alors soit... Je m'énerve mais c'est vrai qu'à bien tout prendre tout n'est pas à jeter dans ce jeu mais, malgré tout, il n'en reste pas moins que cette déclinaison de l'univers Mario c'est juste un épisode lambda de la saga plus lent, plus chiant, plus verbeux et plus moche.
Moi à ce tarif là autant vous dire que le sort de ce jeu a été vite décidé.
Je rouvre mon armoire. J'y plaque ce "Super Paper Mario" au fond. Je referme la porte. Et - bim ! Tour de magie ! - On ne le voit plus.
C'est parfois si facile la vie de joueur quand on l'épure du superflu...
(À méditer pour plus tard...)