Super Street Fighter IV
7.5
Super Street Fighter IV

Jeu de Capcom (2010Xbox 360)

J'ai longtemps cherché une perspective qui synthétise la profondeur du gameplay de street fighter. C'est très étrange de voir comment deux personnages sur un écran qui accomplissent, à première vue, des actions assez simples (se taper dessus), relève en fait d'une mécanique mentale très complexe et difficile à maîtriser.

Street Fighter est en réalité une grammaire. C'est-à-dire que tout comme dans un langage, différentes parties du discours se combinent pour produire du sens. Ici on pourrait dire que différentes parties du gameplay doivent être combinées créativement pour parvenir à avoir le dessus. Tout comme nous mobilisons sans cesse la grammaire pour parler, nous devons mobiliser notre connaissance des finesses du jeu pour y jouer bien.

Et plus que dans les autres jeux, la grammaire est ici primordiale. Le parallèle avec le langage se fait encore plus épais quand on pense à la nécessité d'avoir le bon tempo, les bons réflexes, au risque de ne pas arriver à combiner les éléments. Entre faire un link et un cancel, ou un focus dash cancel, il faut tout soigneusement ponctuer. Sinon, comme quand on parle trop vite et qu'on mâche ses mots, ça n'a pas de sens.

Cette grammaire explique aussi la personnalité que peuvent prendre les parties, et les personnages. Un Ryu, pourtant potentiellement totalement équivalent à un autre Ryu, prend une personnalité en fonction du joueur qui le dirige. Tout comme dans le langage, la grammaire du jeu permet ici de faire des combinaisons presque infinies, de créer des variations, d'aller tengeant vers le non-sens tout en restant dans le compréhensible.

Et tout comme pour la langue, quand on tombe sur quelqu'un pour qui la grammaire est une seconde nature, et qui commence à s'exprimer haut la main, c'est tout simplement beau.

De mon point de vue si ce jeu a cette part d'infini en lui, c'est dû à l'ingéniosité de ce gameplay dont la profondeur (dans sa conception) est vertigineuse. On peut se débrouiller en "parlant mal" son langage, mais on verra tout de suite que c'est nous-même qu'il faut changer, et pas forcément le jeu. Tout comme on commence dans une langue, on arrivera à exprimer quelques choses, mais pas vraiment notre potentiel total. Mais avec la pratique, ça vient. On passe par les mêmes frustrations d'apprentissage, c'est assez saisissant.

Une création fascinante qui transcende presque la catégorie du divertissement.

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le 5 févr. 2011

Critique lue 521 fois

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IIILazarusIII

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