On a tous connu ce sentiment de nostalgie, à l'écoute d'un générique, d'une série qu'on adorait étant gamin, à la vue de nos vieux jouets favoris, au son qu’émet la console qui s'allume... Ça pince le cœur de se dire que cette joie de découvrir notre série, film ou jeu vidéo préféré, n'arrive qu'une fois.
Le pire, c'est de tomber sur LE JEU. Le jeu qui, quand on en voit le générique, rend tout de suite nostalgique, qu'on a envie de recommencer sur le champ. Mais même si on prend plaisir à y rejouer, ce n'est pas la même chose...
J'ai tellement souhaité remonter le temps, pour découvrir une nouvelle fois des jeux comme Portal, Bioshock, Half Life..
Et puis j'ai joué à System Shock.
Tout d'abord, c'est un très bon jeu, remplit de bonnes idées. Tout l'univers et les personnages justifient le gameplay et la manière dont on va aborder le jeu. Pas de phases de farm qui trainent en longueur, pas d'énigmes qui n'ont rien à faire ici, mis à part rallonger la durée de vie. Je pourrais parler pendant des heures de ma conception d'un jeu où l'on ne se sent pas jouer, où l'on n’incarne pas un personnage mais où l'on EST le personnage.
Et c'est ce que j'ai particulièrement aimé dans System Shock. Cette envie d'explorer le moindre recoin, même si on n'y trouve pas d'achievements mais juste pour regarder les étoiles, les clins d’œil à Edvard Munch, casser tous les ordinateurs, tester les petits jeux bonus qu'on a choppé dans l'Hyperespace... Je me suis revue dans Half Life, à jouer avec le jeu et non au jeu en lui-même, en construisant des tours de moellons armée d'un bon anti-gravity gun...
Et puis il y a la narration. Sans jamais rencontrer personne, après 7 longs mois dans un coma artificiel, on découvre ce qui nous arrive, au compte-goutte. Pas besoin de cinématiques ou de compagnons mignons qui guident le héros. Juste quelques enregistrements audio pour nous expliquer ce qu'il s'est passé. Plus on avance et plus on prend conscience des horreurs qui se sont produites sous nos pieds. Et simplement avec des voix, on se met à regretter d'avoir tué sauvagement un monstre qui s'avère être un humain génétiquement modifié... Je comprends alors de quoi s'est inspiré Bioshock, avec ces indices dissimulé un peu partout, dont on réalise les liens et la signification qu'en les réécoutant après avoir joué au golf...
Et puis comment parler de System Shock sans évoquer SHODAN. Le grand méchant du jeu. Cette IA qui a perdu toutes barrières morales. Celle qui amène tout le côté malsain du jeu et en même temps tout le gameplay. Celle qui nous sert de tutoriel et qu'on a quand même envie d'éclater à coups de batte...
Encore une fois, ce que j'aime vraiment dans les jeux vidéo, c'est quand ils s'adressent directement à moi. J'aime bien suivre l'histoire d'un personnage avec un passé, un caractère, mais le cinéma le fait très bien. Quand SHODAN me piège dans la même salle où j'ai placé des explosifs dans le but de l'arrêter, c'est moi qui me fais avoir. Quand je la vois partout sur les murs, s'incruster dans les conversations que j'ai avec mes rares alliés sur Terre, je me sens vraiment mal pour moi. Et en même temps, elle me fascine.
Comment une intelligence artificielle a pu en arriver à se prendre pour Dieu ? Quelles sont ses intentions ? Pourquoi elle prend un plaisir sadique à me laisser trouver le code des capsules d'évacuations, à me laisser les enclencher, à laisser défiler le compteur pour finalement me dire qu'elle en avait bloqué l'usage depuis le début ? J'ai l'impression de rencontrer la grande sœur de GLaDOS... En plus flippant (cf. le combat final).
Pour résumer, j'ai eu un double coup de cœur en jouant à System Shock.
Non seulement parce que c'est un très bon jeu, mais aussi parce qu'il m'a permis ce que je pensais impossible : redécouvrir des jeux que je croyais connus et fini.
Enfin, si je pouvais contacter les mecs du regretté Looking Glass Studios, je leur dirais surement ceci :
"Merci, et bonne nuit."