En ma qualité de fervent joueur de Tales of depuis plus de vingt ans, j'attendais ce nouvel opus comme le messie, y voyant peut être la nouvelle apogée de la série. Cette critique étant lourde en spoiler, la balise sera la meilleure amie de ceux craignant de se gâcher le plaisir.
Au moment où j'écris ces lignes, j'ai deja platiné le jeu deux fois, l'une sur mon compte hors ligne, l'autre sur mon compte PSN pour jouir des DLC. Et, aussi curieux que cela puisse paraître, je suis très mitigé. L'excellent cotoie le pire dans cet opus qui, en définitive, est bien en deça de son prédécesseur, celui qui, pour moi, est l'apogée de la licence, Tales of Berseria.
Depuis des années, depuis Vesperia en fait, la licence ne faisait que s'engoncer dans des échecs, chaque fois plus retentissants, avant de mettre au monde l'excellent Berseria. Néanmoins, même si cet opus a été un vrai renouveau, une grande fraicheur sur la licence, il n'était pas exempt de défaut, technique notamment, et Arise promettait de corriger tout cela pour nous servir un jeu grandiose. Est ce réussi ? A voir.
Game et Level Design
Très honnêtement, ce point sur lequel il était attendu, eu égard au fait que ces ainés tournait toujours sous des moteurs graphique dépassé depuis plus de dix ans, n'est pas à la hauteur des promesses qu'il avait faite en dépit qu'il use de l'unreal engine 4 qui, rappelons le, est a l'origine de KHIII, mais aussi FFVII Remake et face auquel il ne tient pas la route. D'aucun me diront que les Tales of se doivent de conservé un aspect un peu "manga" voire cartoon, et, si cette affirmation est vraie, je tiens a rappeler que c'est aussi dans la charte de Dragon Quest, dont le XIème volet, sorti il y a presque 3 ans, était déjà bien plus beau, plus coloré, et, somme toute, bien plus réussi que ce dernier Tales of. Néanmoins, ne soyons boudeur et rejouissons nous de dire adieu, non seulement a la 3D isométrique déguelasse, mais aussi, et surtout, aux immenses espaces vides et redondant.
En effet, sur ce point, Tales of Arise est réussi. Les décors sont en accord avec le chara design (Très réussi au demeurant, Rinwell rappellant, dans son costume, le superbe costume final de Rita), notamment car, pour la première fois dans l'histoire de la licence, Minoru Iwamoto, le chara designer (Et précédemment celui de Berseria, on lui doit donc Velvet et Magilou) occupe aussi le poste de directeur artistique, créant ainsi une harmonie entre personnage et univers. Qui plus est, les zones sont moins grandes que dans les opus précédents, et surtout, bien plus fournies. Feu de camp, coin de pêche, coffres et collectibles sont de la partie. Les innombrables ame de minouz ne sont plus qu'un mauvais souvenirs.
Mais voila, tout n'est pas rose. Alors que l'on nous offre des décors aussi attrayants, pourquoi diable ces villes, que l'on aimerai explorer de fond en comble, ne nous offre pas la moindre opportunité d'entrer dans le moindre bâtiment ? Cette absence d'interactivité avec le décor est souvent frustrante, notamment dans des villes qui s'y seraient vraiment prêté telle que
Viscint ou Cysloden
. En dehors des villes en revanche, qu'il s'agisse des donjons ou des grandes steppes, le tout est plaisant et varié, surtout grâce à ce qu'apporte
les compétences de terrain des personnages en dépit du fait que, finalement, en dehors de celle de Shionne, elle se résume toute à la même chose (Sans forcément très grande cohérence d'ailleurs, big up a Kisara qui dissipe du poison)
Autre point troublant, les habituelles saynètes. Jusqu'alors, nous avions droit a des saynètes "dessinées", qui, opus après opus, gagnait en dynamisme (Et en abondance. Trois quarts de Berseria était contenu dans ces saynètes, qu'il s'agisse du scénario ou de l'annexe), ces saynètes, toujours aussi abondante et dénotant de la même paresse de mise en scène que d'ordinaire, sont desormais concues avec les graphismes du jeu, et vraiment, c'est regrettable (D'autant plus qu'Ufotable, qui les animait, est encore au cast pour les quelques cinématiques du jeu, de qualité oscillant entre moyenne et bonne). D'autant plus regrettable qu'ils ont désormais les outils pour se permettre de se passer de ces saynètes, au moins en ce qui concerne le scénario. Leur innombrable apparitions hâche le rythme, et peut vite gacher le plaisir, là où, curieusement, elle était souvent les bienvenues dans Berseria et Vesperia. Pour en terminer avec elle, je rajouterai que, dans cet opus, l'essentiel de ces scènes servent le scénario, soit pour avancer, soit pour rabâcher, encore et encore, les mêmes informations. Dans Berseria (Oui, toujours, je parlerai beaucoup de lui) c'était le contraire, la plupart de ces saynètes ne servait qu'a enrichir le lore tout en allégeant l'ambiance sombre par des évènements légers, et, souvent, très drôle. Arise est toujours très grave, et les rares fois où il fait preuve d'humour, même si c'est réussi et fait sourire, les personnages semblent subitement out of character et paraisse bipolaire. Dans le genre, Rinwell et Shionne sont les deux meilleurs exemples. Heureusement, Law, le débile du groupe, amene un peu de légereté à l'ambiance générale, mais il n'est clairement pas suffisant, car bien trop basique et manquant de la substance que pouvait avoir Magilou et Bienfu. Mais je reviendrai sur ces points plus tard, quand j'aborderai le scénario.
Autre note négative.... Quid des Minouz et des Tortuz, figures emblématiques de la saga ? Ce serai comme faire un Final Fantasy sans chocobos et mogs, totalement impensable donc, et pourtant, ils ont osé... Je sais même pas quoi dire...
Terminons toutefois sur une note positive, les doublages, notamment des deux héros. Fervent partisan des version américaines, j'espèrais retrouver des voix de l'opus précedent, et c'est chose faite, Ray Chase quitte le role de l'antagoniste pour devenir le héros (Et quel plaisir), tandis que Erica Lindbeck qui m'avait régalé en qualité de sorcière déjantée endosse le role d'héroïne torturée. Notons que malgré mon amour infini pour Erica, ici, elle me laisse quasiment de marbre tant son personnage est raté. La encore j'y reviendrai. Dans les lignes qui suivent, toutes sous spoiler !
Scénario
Le gros point noir du jeu. Vraiment. Pourtant, tout est loin d'être a jeter, mais la mise en scène trop souvent minimaliste, l'exagération des personnages et les nombreux poncifs qu'ils véhiculent et la gravité quasiment permanente vont terriblement desservir le tout. Mais prenons du début :
Le jeu s'ouvre sur une scène où la voix de Patrick Seitz (Celle d'Olberic dans Octopath Traveler) nous narre la légende des monde jumeaux, planètes d'opulence jusqu'au jour ou Rena envahi Dhana pour asservir ses habitants. Apparait alors un homme masqué, sobrement appelé Iron Mask qui est amnésique, premier poncif totalement éculé du genre (Et que Tales of n'avait plus utilisé depuis fort longtemps), et insensible à la douleur, s'opposant à un soldat renien, en dépit de son statut d'esclave, qui s'apprêtait à punir un enfant dahnien. Nous saute alors directement un truc au yeux, on est clairement le good guy, qui s'oppose à la tyrannie, mais sans violence, car il se contente d'encaisser le coup et de promettre de faire la part de travail de l'enfant. On vit alors une journée type du personnage et... Ben on ressent pas vraiment l'absence de liberté. Le décor ne nous montre que des personnages clairement en train de glander avec des soldats qui s'en battent les reins, et l'on a même un médecin qui nous rafistole. J'avoue ne pas avoir bien senti "l'oppression renienne". Arrive alors très vite le second problème, il n'y a pas de situation initiale. A peine dix minutes de jeu, et un convoi est explosé par des resistants (On sait pas vraiment d'où ils sortent, et les reniens on pas l'air d'en avoir vraiment grand chose a faire non plus ceci etant dit) faisant alors apparaitre le personnage de Shionne, renienne affligée d'une malediction dite des épines, et, bah le héros se bat pour la proteger. Mais genre, POURQUOI ? Le mec à aucune fibre revolutionnaire, il est bien docile, bien mignon, et là, une nana apparait, pan, il se bat pour elle. Plus tard, on comprendra que c'est parce qu'elle ressemble à la seule fille dont il a un vague souvenir, mais sur l'instant, j'vous jure, j'me suis dit que c'était juste parce qu'elle était canon quoi. Ca va trop vite, sans raison, on a pas le temps d'assimiler la situation initiale qu'on est deja dans l'action, pour des motifs totalement foireux, et en moins de temps qu'il n'en faut pour dire putsch on est allié aux rebelles. Et cette vitesse, on la retrouvera EN PERMANENCE. En moins de deux heures de jeu, on aura deja buté Balseph, l'un des cinq Seigneurs, ruler of all Calaglia. Faut pas déconner. Et pourtant attendez, on a quand même pris le temps de faire un détour pour trouver des vêtements a Shionne... Sans ça, il tenait pas une heure le Seigneur, élite de la nation renienne. Bah putain. Mais bref, passons outre tout ça, on avance, et notre nouvel objectif sera de liberer Dhana, on pressent alors un monde bien manichéen, mais... Eh bah en fait non, et c'est plutot cool sauf que... Ils en sont tellement content que ça le soit pas, qu'il en font des caisses tout le temps et que nos personnages paraissent totalement stupide avec des grande révélation du genre "Ohlala mais tout les reniens sont pas méchants en fait". Mec, tu voyage avec une renienne since minute one du jeu en fait, et ça te frappe que maintenant. Même sans ça, t'as jamais pensé qu'un connard ne représentait pas un peuple entier ? Et dieu sait qu'ils vont le rabâcher ça au cours du jeu. Ajoutez à cela qu'ils vont donner un élément tragique à chacun des membre du groupe dans lequel ils auront des actions pas terribles pour qu'on se disent bien "Même les héros sont pas tout blancs". Que ce soit Law, qui a servi de plein gré les reniens pour se venger de son père avant de retourner sa veste parce que malgré tout il aime son père, Dohalim Seigneur Renien qui prone la coexistence, mais attention, pas par idéal mais par égoisme parce qu'il supporte pas de voir la souffrance ou encore Alphen qui a commis un meurtre de masse il y a 300 ans. C'est bon quoi, arrêtez les violons. Non seulement ça a pas de sens et c'est archi con, mais en plus, ça sert a rien DU TOUT. Néanmoins, le jeu se laisse suivre et on fini par atteindre le dénouement et... Bah j'ai bien aimé parce que, si tout le reste manque de consistance et est bourrée de grosse ficelles, que tout est hyper simple et les personnages globalement ridicules, eh ben il y a de la cohérence. Rena qui est une planète morte, les Reniens qui ne sont que des outils d'un peuple eux même au service d'une forme astrale plus grande et dénué de morale, cherchant simplement à se rassassier, ça a le mérite d'expliquer toute la trame, d'être, au moins un peu, inattendu, et de définitivement radié le manichéisme du jeu tout en ajoutant un coté très "Star Ocean" (Sur les dernière heures, je me revoyais sur Nox Obscurus et avait davantage la sensation de jouer a Star Ocean qu'a Tales of), ce qui fait sourire quand on connait l'histoire de ces deux sagas. De plus, le jeu s'offre en la personne de Volhran un antagoniste marquant, car impressionnant, résolu et terrifiant, même si, il est vrai, son rôle dans tout ça est loin d'être clair, mais il est la seule chose pour laquelle les developpeurs se sont séparé de leur paresse légendaire et ont mis en scène des moments superbe visuellement, accrocheur, et vraiment épique. D'autant plus qu'il jouit d'un bon doublage. Il aurai largement mérité un meilleur developpement.
Pour conclure, c'est pas que le scénario soit vraiment catastrophique, d'autre on fait bien pire (Je pense notamment a Grace et Zestiria) mais davantage que tout est pretexte et que le lore, qui pouvait être interessant, est terriblement mal exploité, due à une paresse non dissimulé, a un empressement abusif et peut être une trop grande complexité dans laquelle les developpeurs eux même se sont perdu. Tout les éléments ont un traitement trop surperficiel, notamment l'aspiration (Qui au fond ne sert a rien alors que c'aurai pu être un plot twist), les noyaux spirituel incrusté sur les esclaves etc etc et les personnages ont une écriture trop naïve, presque enfantine pour être attachants.
Qui plus est, Arise, sensé symboliser le renouveau, s'engonce a nouveau dans la thématique ultra récurrente des Tales of, l'opression d'un peuple sur un autre, et de manière bien maladroite. Désolé donc, Berseria te met KO et t'enchaine les coups dans la machoire alors que tu es déjà à terre.
Mais alors pourquoi lui ai je mis 7 vous demanderez vous ? J'y viens, grâce à un troisième point, sur lequel ils ont manifestement tout miser.
Gameplay et contenu annexes
Tales of est une licence qui, au fil des ans, devient toujours un peu plus difficile à savourer eu égard a des sytemes de jeux vieillissant, et vieillissant mal. Les combats, en temps réel après contact avec un ennemi sont rarement fun. Symphonia, l'un des deux étant souvent cités comme l'apogée, est aujourd'hui proprement injouable. C'est lent, c'est mou, sans plus aucune originalité, en dépit du fait qu'a sa sortie, il était excellent. De plus, le scénario, a lui seul, ne suffirai plus a maintenir l'interêt d'un jeune joueur voulant decouvrir la saga. De même, Vesperia, seconde apogée, bien qu'il eut apporté son lot de nouveauté, souffre de la même rigidité du gameplay et est difficilement supportable pour un joueur qui se lancerai dans la saga aujourd'hui (Mon meilleur ami, qui dispose de la même culture vidéoludique que moi et des mêmes gouts, mais étant passé a coté à l'époque, n'a pas réussi a s'y mettre), Berseria enfin, globalement considéré comme très moyen, dispose d'un scénario probablement trop mature, trop difficile a saisir et d'une mise en scène et d'un graphisme trop dépassé pour réellement accrocher, sans compter un départ, à l'inverse d'Arise, très lent, qui aura perdu beaucoup de joueurs. Arise devait révolutionner tout ça, et c'était, en un sens, sa seule mission, et il le fait parfaitement. Le système de combat est nerveux, vivant, dynamique, jouit d'effet superbe, de discussion entre les personnages pendant les joutes, et d'un challenge réel même en difficulté normale. Le bestiaire fait peur, la moindre victoire est un réel succès, et l'on sue pour en voir le bout. Bref, on prends son pied, et, si ce n'est pas suffisant, chaque personnage aura son gameplay bien a lui, changeant totalement l'expérience de jeu en fonction de qui l'on incarne. Personnellement, je me suis eclaté a jouer Rinwell et ses sorts chargés et fusionnés. Une mage surpuissante, qui fait pleuvoir des milliers de sorts sur ses ennemis. Magilou et Rita passent pour de gentils petits chatons a coté.
Ajoutez à cela tout ce qui est annexe comme la cuisine, hyper réussie, les differentes saynètes qui y sont liées (Et qui constitue les meilleures du jeu, bien dosée et maitrisée, même les personnages semblent alors mieux écrits, et on retrouve, enfin, ce caractère tout a fait dispensable, et donc indispensable, des saynètes de Berseria), les nuits avec les alliés pour resserrer nos liens (Là aussi globalement réussi en terme d'écriture), la chasse aux hiboux, la pêche, le ranch et les très nombreuses quêtes annexes (Même s'il s'agit a 100% de quêtes fedex) et l'on est face à un jeu qui réussi en terme de divertissement. On s'amuse, on rigole, on a toujours un truc a faire, c'est un vrai plaisir, surtout quand on évolue dans des décors aussi accrocheurs.
En conclusion, parce qu'en terme de jeu, il est bien, voire excellent, on lui pardonne ses innombrables faiblesses, mais cela ne suffit pas à le hisser au panthéon de la saga. Berseria demeure, probablement pour longtemps encore, le number one. Ils n'ont plus qu'a faire un mix de tout ce qu'ils ont fait de meilleurs jusqu'a maintenant, et peut être auront-ils le Tales of ultime.