J'aime bien Tales of, c'est un peu une série doudou, c'est comme aller chez McDo : sans être jamais exceptionnel, on a généralement un niveau de qualité standard et acceptable, ça dépanne quand on est en manque de malnutrition... Et comme j'aime bien, j'en ai fini un nombre non négligeable : Tales of Phantasia (réédition sur GBA), Tales of Eternia (réédition sur PSP), Symphonia (mon premier, sur GameCube), Abyss (en import US sur PS2), Legendia (en "import", avec des guillemets cette fois, sur PS2, et de loin le plus mauvais du lot, je crois bien qu'il avait été prévu comme un titre PSP à la base, et qu'il avait ensuite été déplacé sur PS2 pour brasser un plus large public, on sent le jeu portable à tous les niveaux), Vesperia (version "definitive" — jusqu'à nouvel ordre — sur Switch) et enfin donc ce Arise qui vient de débarquer.
J'attendais un jeu similaire à Symphonia ou Abyss, qui étaient pour moi les deux meilleurs du lot (Vesperia était souvent cité comme étant le meilleur de la série, mais son histoire tombe tellement à plat, avec ce gros donjon central où on revient ad-nauseam comme dans un médiocre Zelda Phantom Hourglass et un final sorti de nulle part alors que les grands méchants sont déjà vaincus et le gros des enjeux résolu, ça m'avait coupé l'envie d'en refaire une boucle, alors que je ne compte plus le nombre de NG+ sur les deux autres). Quand j'ai vu débarquer le 9 de Puyo sur Gamekult, et lu/écouté ses commentaires dithyrambiques, je me suis dit qu'on allait enfin avoir un épisode qui surclasse ses illustres aînés. Et je dois dire que... non. Il les égale, il ne les dépasse pas.
Pour moi, dans un RPG, deux aspects sont très importants, eux-mêmes divisés en deux sous-catégories: Histoire — déclinable en scénario et narration — et Mécaniques — déclinable en système et combat.
Mécaniques: le combat a été revu, et on se sépare de la traditionnelle vue de côté (dans des environnement 2D ou 3D) pour adopter une caméra totalement libre, et des déplacements qui le sont tout autant. Les combats n'en sont ni plus ni moins confus qu'avant, mais gagnent en pêche. On y ajoute les esquives, coups spéciaux, les attaques finales, etc. Et on a le système de combat le plus dynamique et bourrin que j'ai pu voir dans cette série (et qui surclasse la quasi-totalité de la production action-RPG-esque). Par contre ils n'ont toujours pas trouvé comment me pousser à arrêter de spammer toujours la même attaque spéciale en boucle (j'ai dû faire plus de 4000 Nuées de dragons avec Alphen...).
Mécaniques: le système a été simplifié, très simplifié, trop simplifié. On est face à une gestion de l'équipement des plus basiques : chaque personnage a une arme, une armure, un accessoire. J'aime pas. Chaque personnage a son propre type d'arme et d'armure (c'est généralement le cas dans la série pour les armes à quelques exceptions près, c'est généralement pas le cas pour les armures). J'aime pas. Seuls les accessoires sont communs, et sont totalement superflus hors du post-jeu (et encore !). Aucune subtilité ici. Aucun dilemme de décider à qui on va équiper cette belle armure qui donne +20 en défense (à mon attaquant de mêlée ou à mon guérisseur qui est tout de même souvent pris pour cible ?). Nada ! J'aime pas, j'aime pas, j'aime pas ! Système de simili-sphérier (FFX), c'est mignon mais c'était pas utile, sur la fin je le complétais de façon très mécanique, sans plus me préoccuper des compétences je débloquais, juste pour les boosts de stats qu'on obtenait en complétant chaque grappe de 5 compétences. C'est dommage. Bon point pour la petite feature de qualité de vie : on peut mettre un drapeau sur la prochaine compétence qu'on veut acheter, une notification apparaîtra pour nous prévenir que le personnage a suffisamment de points.
Histoire: scénario somme-toute assez similaire dans ses enjeux à ce que racontait Symphonia, on nous remplace juste la méchante organisation qui manipule tout le monde par la grosse bestiole qui manipule tout le monde. Au final tout est cohérent, et appréciable. Les personnages, au nombre de 6, sont tous bien écrits, chacun son objectif propre qui justifie sa place dans le groupe, chacun son background, chacun un rôle à jouer (certains s'effacent plus vite que d'autres dans l'intrigue principale tout de même: Law et Kisara très tôt, avant même la fin de la première moitié du jeu, Dohalim juste avant les grosses révélations, Rinwell est utile jusqu'au boss de fin, et le final est la chasse gardée d'Alphen et Shionne).
Histoire: narration, il y a à boire et à manger. Tales of démarre généralement très bien, avec une intro prenante qui donne envie d'en savoir plus, puis nous entraîne sur un plateau de McGuffins long mou jusqu'à un rebondissement-pivot qui amène l'histoire vers la phase de révélations qui la rend enfin intéressante. Seul Abyss se démarquait, avec son pivot qui arrivait vers la dizaine d'heures (avant les McGuffins, rendant ceux-ci intéressants à collecter). Là on est sur du Tales of pur et dur ! Autant chaque royaume traversé est une petite fable en soi qui fait chaque fois la démonstration d'une nouvelle forme d'opression, autant ça ne raconte rien, les personnages principaux citent des termes de leur univers qu'ils ne vont pas questionner (on a quand même un héros amnésique, merde ! il doit avoir plein de questions à poser à des gens qui en savent plus que lui, au hasard à Dohalim). Alors non ces cons-là ils vont avancer sans se poser de question et attendre les 3 dernières heures de jeu pour entrer dans un tunnel verbeux de... je sais pas... 1h30 (?) où on va expliquer, révéler, plot-twister, re-expliquer, et re-plot-twister encore, et même là on se dit "OK donc il y a ce gros bestiau qui manipule A, A qui manipule B, B qui manipule C, et C qui manipule D, donc tout le monde est victime du gros bestiau". Juste que le gros bestiau, bien que très légèrement teasé dès l'intro du jeu avec l'apparition d'un autre gros bestiau (qu'on reverra plus tard même si c'est pas bien clair si c'est le même ou un autre), ça reste bien bancal de nous placer la révélation de l'antagoniste principal environ 1h30 avant de devoir aller lui poutrer la tronche. C'est un peu le syndrome Ultimecia de FF8.
Voili voilà, donc pour moi ce Arise pour chaque truc qu'il fait mieux que Symphonia ou Abyss, fait un truc moins bien. Mais bon, il fait TELLEMENT mieux au niveau des combats, que je vais quand même considérer (pour l'instant du moins), qu'il a surclassé Abyss, reste à voir si la replay value est là avec le NG+...