Une déesse et un étudiant dans un des derniers bons RPG de cette génération de consoles
On ne peut pas dire que cette génération de consoles de salon ait été gâtée en termes de RPG japonais. Square Enix nous a pondu un Final Fantasy XIII décevant, n'a rien trouvé de mieux que de pondre deux suites directes, et un premier lancement de Final Fantasy XIV catastrophique. Les déceptions ont été nombreuses, car le fan-service, ça va bien 5 minutes, sans compter parfois quelques foutages de gueule bien sentis comme The Last Rebellion. Pas beaucoup pour tenter de sortir du lot... Je citerai juste Lost Odyssey sur 360, Nier et Resonance of Fate pour les vraiment originaux, mais les deux derniers n'ont hélas pas rencontré le succès alors qu'ils l'auraient mérité.
Pendant ce temps, la série des Tales Of suit son petit bonhomme de chemin, les épisodes sortants à intervalles réguliers, du moins au Japon, alors qu'en Europe, la distribution est plutôt sporadique.
Tales of Xilia est sorti il y a quelques semaines. On l’aura attendu plus de deux ans chez nous. Que vaut donc le dernier jeu d'une série aux épisodes innombrables ?
Tales of Xilia se passe dans le monde de Rieze Maxia. Ici, tout est régulé par les quatre Grands Esprits de la nature. Ils permettent aux hommes de se chauffer d'avoir de l'eau, et de développer leur technologie. Et ce en échange du mana fourni par les humains. Le grand esprit qui veille sur tout cela s'appelle Maxwell. Et il ne semble pas content, ce grand esprit. En effet, il semblerait qu'à Fenmont, des expériences contre-nature soient faites. S'incarnant dans le corps de Milla, une jeune femme de vingt ans, il décide d'aller voir ce qui se trame là bas...
Mais Fenmont est aussi la ville où Jude est un étudiant en médecine, et il ne va pas tarder à découvrir ces sombres choses à son tour. Bien évidemment, le jeune homme va rencontrer la jeune femme, et ainsi, ils vont mener l'enquête ensemble pour tenter de lever ce mystère...
La particularité de ce Tales of est qu'il vous propose de faire l'aventure avec un de ces deux héros, à vous de choisir en début de partie. Ainsi, chacun aura ses propres événements.
C'est avec eux, et quatre autres personnages, que vous parcourrez le monde, fait bien entendu de villes reliées entre elles par de grandes aires de jeu où pullulent trésors, monstres et ressources. Ces dernières ne sont pas à négliger : elles permettent d'avoir des matériaux et les butins se renouvellent au fil du temps ou si vous sortez de la zone, et sont maintenant affichés sur la carte Les coffres sont définitivement vides une fois ouverts. Les objets récoltés sont classés par matière et servent en gros, à être revendus aux magasins, ce qui permettra de les faire évoluer. En évoluant, ces derniers proposeront de nouvelles armes et objets, ainsi que des promotions pour avoir de meilleurs prix. Cependant, si vous attendez trop, vous pouvez vous retrouver sous-équipé...
Les combats ne sont pas aléatoires. On voit les monstres sur la carte, et une bataille se déclenchera que si vous entrez en contact avec un ennemi. Dès lors, vous êtes libre de vous déplacer sur l'arène pour aller taper du monstre. Le gros atout du système est le service de « liaison » entre les personnages. Une fois lié à un partenaire, vous pouvez bénéficier de plusieurs atouts, comme du soin permanent, une aide pour vous aider à frapper l'ennemi, d'autant que chaque coup donné ou arte déclenché permettra de remplir une jauge à gauche de l'écran. Si elle est totalement remplie, cela vous permettra de faire une attaque conjointe en lançant un « arte lié » sans perdre pour autant de points de magie pendant un petit moment. Idéal pour se défouler ou achever un boss en beauté... On est content que Namco innove pour permettre d'éviter au système de se reposer sur ses acquis. Le système de liaison est une très bonne idée, qui permet en plus de bénéficier de privilèges mutuels. En général les combats sont tellement dynamiques que les coups pleuvent, et il faut parfois faire attention à ne pas négliger sa garde, surtout face aux boss.
De plus, à chaque changement de niveau, les personnages combattants, et même ceux laissés en réserve dans une moindre mesure, bénéficient de points que vous serez libre de dépenser dans l'endroit appelé Orbe De Lys. En dépensant ces points, vous relierez une gigantesque toile d'araignée et chaque rectangle vous permettra d'apprendre une ou plusieurs capacités, dans son principe, le système se rapproche du sphérier tant apprécié de Final Fantasy X. Ça ne révolutionne pas le genre, mais c'est bien vu car il vous donne la possibilité de choisir les capacités que vous voulez améliorer. Il évolue au fur et à mesure de votre progression dans la construction du personnage.
Les graphismes sont beaux, ça rend bien, notamment sur écran HD. Le character-design a été fait par les deux illustrateurs attitrés de la série, qui ont conçu chacun trois des personnages de l'équipe. C'est coloré, pas mal fait, et les grandes aires de jeu qui remplacent la carte du monde d'avant, et certains pourront regretter ce choix, bien qu'un peu vides, réussissent à éviter le « syndrome couloir » de FF XIII. Les ennemis sont aussi de bonne taille, les boss énormes. On appréciera les animations, les saynètes disponibles et séquences animées sont de bonne facture.
Pour les musiques, c'est Motoi Sakuraba qui s'y est collé comme toujours et qui a opté, pour une fois, pour un style plus à base de guitares électriques bien furieuses pour les combats, mais les thèmes des environnements valent aussi l'écoute, sans toutefois nous transcender comme à l'époque de certains Star Ocean ou de Baten Kaitos. Il y a de nombreux bruitages et un doublage de voix US plutôt convaincant, même si on regrettera l'absence des voix japonaises.
Le gameplay hors des combats est simple et intuitif, avec des points brillants vous indiquant des objets ou ressources cachés y compris dans les villes. Le jeu inclut une minimap qu'on peut agrandir et indique vers quel lieu on se dirige ensuite. Si vous êtes perdus, une pression sur L1 vous indiquera votre objectif en cours. On appréciera aussi la sauvegarde rapide, mais des points de sauvegarde se trouvent toujours à l'entrée et à la sortie d'une zone, et même avant un boss, histoire de bien nous prévenir de ce qui risque d'arriver.
La durée de vie est bonne, le jeu offre un scénario digne de la série, même s'il est assez long à se mettre en place avec les enjeux qui se dessinent petit à petit. De plus, il inclut un mode New Game +, histoire de faire un second run avec le personnage qu'on a pas utilisé la première fois. Toutefois, on regrettera que les différences entre les deux parcours soient aussi minimes et n'apportent pas franchement un autre point de vue à l'histoire. Les relations entre les personnages prennent tout leur sens avec les multiples saynètes qui ont lieu pendant le périple et que vous pouvez activer en appuyant sur Select. Les dialogues font souvent preuve d'humour, parfois assez subtil, un bon point.
Mais on aurait tort de bouder ce couple-vedette : en effet, Jude et Milla ont fait l'objet d'un travail certain. Le garçon est un peu naïf, mais sait garder la tête froide et n'a rien d'une tête à claques comme l'était, par exemple, Lloyd de Tales of Symphonia ( sorti sur GameCube en 2004). La maturité de Milla fait également plaisir à voir, et son évolution en tant qu'humaine également. Malheureusement, les quatre personnages restants font un peu trop dans les clichés inhérent au genre : entre le beau gosse qui se la pète ( Alvin), je dirais qu'Elyze concentre deux clichés énervants : celle de la petite fille forte en magie mais timide, qui rougit quand on s'adresse à elle, pour un peu, elle rappellerait Lymle de Star Ocean : The Last Hope. Heureusement, elle n'est pas aussi énervante, 'kay ? ( pardon, ça m'a échappé). Elle a en outre comme compagnon une peluche qui parle, et qui assume le rôle de tête à claques. Deux tares d'un coup ça fait beaucoup, non ? Leia assume quant à elle le rôle de pimbêche amie d'enfance jalouse... Et j'aillais oublier Rowen, le vieux majordome sage et habile...
Le scénario est bon, quoiqu'un peu attendu, et il sait maintenir un bon rythme tout le long de l'aventure. Le jeu, pas franchement difficile, vous donnera toujours l'envie de poursuivre. Et ça c'est déjà pas mal. Maintenant on espère que Xilia 2 ,prévu chez nous pour 2014, saura gommer les quelques menus défauts de cette aventure épique.
VERDICT :
Il est dingue de se dire que sur cette génération de consoles, seule la saga Tales Of a su maintenir un bon niveau de qualité. Le RPG japonais, trop peu brillant, a trouvé avec Tales of Xilia un digne représentant de cette fin de cycle. Le jeu saura vous charmer par son système de combat, sa réalisation globale et la relation entre les personnages. Des points forts qui compensent sans problèmes ses défauts. Donc, on aurait tort de se priver, nul doute que les aventures de Jude et Milla sauront vous séduire si vous aimez le genre.
Points Positifs :
Jude et Milla
Une bonne réalisation globale
Durée de vie
le système de levelling des magasins
Système de combat dynamique et bien pensé.
Bien traduit en français.
Un certain humour
Points négatifs :
Certains personnages qui versent dans le cliché
Linéaire
Scénario un peu convenu
Trop peu de différences entre Jude et Mila dans le scénario
Je n'aurais pas été contre l'inclusion des voix japonaises...