Tales of Zestiria est un bon petit Tales Of, mais il serait temps que la série se reprenne si elle ne veut pas se contenter de notes oscillant entre le 6 et le 7.
Un bon scénar', mais long à la détente
Comme d'habitude, le début du jeu est hyper mou du genou. Zestiria essaie d'installer une ambiance paisible, et au final c'est plus soporifique qu'autre chose. Il faut véritablement plusieurs heures pour que le jeu commence à devenir intéressant, je dirais au moins une dizaine. Tout le monde n'aura pas la patience d'aller jusque là, et je les comprends.
Après, il est vrai que l'histoire décolle et on a affaire à un scénario parmi les meilleurs de la série. Ca ne casse pas des briques à un canard non plus, mais c'est clairement suffisant pour nous maintenir intéressé jusqu'au dénouement final. Le méchant est loin d'être manichéen, et les personnages se retrouvent parfois confrontés à des choix difficiles.
D'ailleurs ce sont surtout ces personnages qui portent le jeu. Certes, quand on y regarde de près, on a le droit à des stéréotypes assez classiques (le héros au grand coeur, l'ami ironique, la loli cynique, ...) mais ils s'assemblent bien et font parfois preuve de nuances intéressantes. De plus, pour une fois les personnages féminins sont bien traités. Rose est particulièrement stylée.
Un Aspect Technique globalement satisfaisant
Graphiquement le jeu est plutôt joli pour un Tales Of. Alors oui, toute la puissance de la PS4 est loin d'être utilisée, mais le Cel Shading est propre et les décors sont moins vides que d'habitude. Un bon point. Sauf pour les donjons.
Eux sont hyper répétitifs, tant dans leur agencement que dans leur atmosphère. On s'y ennuie à mourir, et les musiques grandiloquentes ont vite fait de vous rendre fou, quand il y en a (parce qu'au contraire certains donjons se passent dans des grottes silencieuses). On arpente de bêtes couloirs pendant des heures et des heures, cela m'a rappelé à quel point les Tales Of ressemblent aux Hyperdimension (avec plus de budget et moins de fan service).
Sinon c'est un détail mais les animations de Sorey sont très fluides, c'est un plaisir de se déplacer avec lui.
On apprécie aussi le look des différents personnages, même si j'aurais souhaité plus de possibilités de customisation. Les accessoires que l'on trouve sont simplement ridicules et ne font que souligner l'absence criante de costumes alternatifs. En particulier, j'aurais tout donné pour pouvoir retirer son stupide chapeau à Zaveid.
Le doublage anglais est très correct.
Des combats un peu limités
Mon dernier Tales Of, avant Zestiria, devait être Vesperia. Sur console de salon j'ai aussi fait Symphonia, et je dois dire que j'aurais tendance à préférer les anciens systèmes de combat à celui que l'on nous propose sur PS4.
Avant le joueur pouvait attribuer les Artes qu'il souhaitait sur la combinaison de touches de son choix. Maintenant... il faut suivre un certain enchainement... et on ne peut pas le remodeler... et c'est franchement bizarre. On se sent moins libre de ses mouvements et on réutilise beaucoup plus les mêmes combinaisons.
Je ne vais pas m'attarder sur la caméra dans les combats en espace fermé : c'est effectivement une calamité, mais ça a déjà été abordé par d'autres.
C'est un défaut récurrent dans la série, mais je trouve aussi que, mis à part le protagoniste, les autres personnages sont très difficiles à contrôler. Les lanceurs de sort sont d'une lenteur ! Cela rend les Creusets particulièrement pénibles et en fait une des pires quêtes secondaires du jeu.
Une complexité inutile
Dans Tales of Zestiria, le tutoriel est réparti sur des tablettes de pierre qui parsèment le monde. Au bout de 20-25h de jeu, vous continuez à en trouver... C'est dire si le jeu est instinctif !
En réalité le jeu a été inutilement complexifié par bien des aspects, et même à la fin du jeu il y avait des subtilités que je n'avais pas bien saisies et dont je me suis passé pour ne pas trop me prendre la tête.
Tout d'abord, le système de capacités des armes est hyper mal foutu. Dans la théorie, je comprends l'intérêt d'un tel système, mais dans les faits il est plus encombrant qu'autre chose. D'autant plus qu'il n'est vraiment pas ergonomique : on s'y perd entre tous les glyphes, et on se retrouve avec un inventaire rempli d'armes homonymes dont on n'ose se débarrasser parce qu'on se dit qu'elles "pourraient" être utiles.
Le système de fusion est hyper mal pensé, lui aussi. A moins d'avoir un stock énorme d'armes, n'espérez pas crafter celle de vos rêves.
Ensuite, le système de pierre-feuille-ciseaux des Artes Martiaux-Cachés-Séraphique est super perturbant. La grande force du shifumi, c'est qu'il est "logique". Les ciseaux battent la feuille, normal. Mais pourquoi donc les Artes Martiaux battent-ils les Artes Séraphiques ? Impossible de rationaliser ça, donc difficile de s'en rappeler. D'autant plus qu'on ne sait jamais quel est le type d'Artes utilisé par l'ennemi, donc on tatonne dans l'espoir de trouver les attaques qui passent... c'est vraiment très agaçant et pour moi ça a été mal designé.
Enfin, il y a tout un tas de subtilités à propos des combos et de la barre d'endurance. Et c'est sans compter les diverses faiblesses et résistances des ennemis. Franchement le jeu gagnerait à revenir aux sources ! Si le tutoriel dure 20 heures c'est qu'il y a un problème et qu'il faut revoir sa copie.
Des pans entiers du gameplay trop bouffe-temps
Au final le jeu m'aura occupé 45h en tout. C'est beaucoup, oui. On en a pour son argent, oui. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'une bonne vingtaine d'heures auraient pu/dû être rabotées. Mais c'est sans doute de ma faute, j'aurais peut-être dû mieux optimiser mon temps de jeu. Voici comment je vous conseille de jouer :
- Tout d'abord : oubliez les "capacités" des armes. Optimiser leurs combinaisons est un gouffre de temps abyssal. Sur mes 45h de jeu, plus de 10 (10 !) ont été consacrées au menuing. Je le sais : il y a un compteur pour le savoir. Et quasiment tout ce temps a été utilisé pour cette histoire de capacités. Ca ne vaut pas le coup ! Les bénéfices sont franchement négligeables par rapport au temps passé, choisissez votre arme en fonction de ses stats et seulement de ça. En fait, les capacités des armes sont un peu comme les IVs des Pokémon : ils sont destinés aux fans hardcore, les autres passez votre chemin.
- Ensuite : essayez de perdre cette vieille habitude qui consiste à fouiller tous les recoins d'un donjon pour trouver des objets. Ca va vous faire perdre un temps fou. Déjà que Zestiria a des airs de simulateur de marche à pied par moment, ne vous infligez pas une étude rigoureuse de chaque donjon, le jeu n'en vaut pas la chandelle. Les objets que l'on peut trouver ainsi sont franchement dispensables, mieux vaut foncer directement vers la sortie en gardant un oeil sur la carte. En bonus, cela vous évitera de devenir fou à cause de la musique.
- De même : apprenez à courir et à éviter les ennemis. Au bout d'un moment dans le jeu, les ennemis ne sont plus que des obstacles entre vous et le déroulement de l'histoire. L'intérêt ludique des affrontements disparait presque complètement. Bref : courez, longez les murs, et ne vous retournez pas.
- Utilisez la téléportation autant que possible, cela va sans dire.
Conclusion
Un assez bon petit Tales Of, mais qui pèche gravement par son rythme et sa marche à pied à rallonge. Son système de combat inutilement complexifié le rend très indigeste par moment, et nous fait perdre un temps fou rien que pour le comprendre.
Heureusement les combats restent très dynamiques , et l'histoire (qui met du temps à démarrer) et les personnages sont très intéressants. Cela permet de sortir du jeu avec une impression positive mais attention Namco : il serait temps de se ressaisir.